Le restaurant est à l’étage du bâtiment, déplore-t-elle. « Il me semble qu’on aurait dû penser le rendre accessible à tous, d’autant qu’on l’avait signalé. Nous sommes des clients comme les autres. Des personnes qui aimons sortir et avons les moyens de fréquenter des restos à menus et à prix réguliers », poursuit-elle.
La loi est claire, remarque Michael Watkins, porte-parole de l’Office des personnes handicapées du Québec, l’organisme qui veille au respect de la Loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées en vue de leur intégration scolaire, professionnelle et sociale.
« Elle s’applique à tous les organismes publics, y compris les municipalités, et précise qu’elles doivent tenir compte dans leur processus d’approvisionnement, de leur accessibilité aux personnes handicapées. »
200 000$ pour un ascenseur
La Ville est consciente de cela, assume le maire Serge Péloquin. « Les plans de rénovation de la bâtisse prévoyaient l’installation d’un ascenseur extérieur. Tout a été construit en conséquence. Mais comme nous tenions à respecter le règlement d’emprunt déjà voté, nous avons dû renoncer à cet équipement qui à lui seul coûtait 200 000$. »
Mais ce n’est que partie remise, affirme-t-il. « Il est toujours dans nos cartons. Un espace et un accès y sont déjà dédiés. Il fait partie de nos priorités », a-t-il ajouté, sans préciser s’il sera inscrit ou pas au budget de 2017 en cours de préparation.
M. Péloquin a aussi rappelé que la Ville, comme le prescrit la loi, dépose son plan d’action annuel décrivant les mesures prises ou à envisager pour réduire les obstacles à l’intégration des personnes handicapées.
« C’est notre responsabilité sociale de permettre aux personnes handicapées d’évoluer en société comme des citoyens à part entière, sans devoir se heurter à des barrières qui peuvent être évitées », dit-il, rappelant les diverses mesures apportées au parc Regard-sur-le-Fleuve pour modifier le mobilier urbain et les allées, facilitant ainsi leur usage.
« Nous souhaitons que tous nos bâtiments, aires de loisirs et de culture soient accessibles à tous. On s’attarde aussi à la sécurité sur les voies publiques, aux stationnements réservés », a-t-il complété.
Plusieurs villes québécoises ont pris des mesures particulières pour inciter les propriétaires de restaurants et commerces à faciliter leur accès aux personnes à mobilité réduite, a rappelé M. Watkins. Et ce, en sus des programmes gouvernementaux à l’adaptation des locaux. Sorel-Tracy n’offre rien de tel.
Du chemin à faire
Présidente de l’Association des personnes handicapées de Sorel-Tracy, Carole Martineau est formelle: peu de restos sont accessibles. À certains endroits, l’ouverture de la porte est impossible. À d’autres, les toilettes adaptées sont installées, mais inaccessibles, les corridors pour s’y rendre étant à l’étage, au sous-sol ou tout simplement trop étroits.
« Aux endroits non adaptés, on nous dit : «vous ne faites pas partie de nos priorités». Une insulte à nos oreilles », ajoute Mme Martineau.
« Aujourd’hui, plusieurs personnes se déplacent difficilement. Il y en aura de plus en plus! En tout cas, à l’Association, le nombre de membres s’accroit. »
Enfin, elle lance un cri du cœur aux épiciers de grandes surfaces où elle apprécierait que les personnes à mobilité réduite disposent d’un triporteur « pour faire nous-mêmes notre épicerie. Les espaces sont immenses et les paniers pas adaptés à nos déambulateurs ou à nos chaises non électriques. Seules les chaises électriques peuvent s’adapter à un panier où mettre les victuailles achetées. C’est un gros manque. Certaines épiceries seulement nous accommodent. »