Sylvie O’Bomsawin d’Odanak vivait des moments difficiles en 2007. Elle avait subi un anévrisme au cerveau le 27 septembre et avait dû être opérée à crâne ouvert 14 jours plus tard. À son retour à la maison sans séquelles, son père l’attendait afin de passer du temps avec elle, lui qui était très malade.
« Il ne lui restait plus grand temps à vivre, parce qu’il était atteint d’un cancer des poumons. Il est décédé le 26 novembre et ma mère était atteinte de la maladie d’Alzheimer depuis 1994. Cette année-là, je n’avais pas le cœur à célébrer. J’avais l’intention de rester chez moi avec mon mari et mon fils. Je n’avais pas d’autre famille et tout ce que je voulais, c’était resté enfermée chez moi à broyer du noir », confie-t-elle.
Son amie d’enfance Marcelle Robert O’Bomsawin et ses parents, dont le père était le meilleur ami du sien, n’ont toutefois pas voulu la laisser seule avec sa peine. Ils l’ont invitée avec sa famille à venir souper le 25 décembre.
« Je ne voulais pas y aller vraiment, avoue en riant Mme O’Bomsawin. Je me suis forcée pour sortir de la maison afin de changer d’air. Je suis heureuse d’y être allée parce que cela m’a permis de voir du monde et de retrouver le sourire . Je ne pourrai jamais assez les remercier d’avoir été présents à ce moment-là de ma vie. »
Une tradition bien ancrée
Marcelle O’Bomsawin raconte que depuis ce jour, sa famille a pris la décision d’accueillir des amis et des connaissances le soir du 25 décembre. Son père Fernand Robert O’Bomsawin a commencé cette tradition qui s’est transmise à elle et ensuite à ses enfants Stéphanie et Mathieu.
« Au début, on faisait ça chez nous, mais plus ça allait, plus nous avions des gens et nous commencions à manquer de place. Maintenant, on loue le centre communautaire d’Odanak chaque année. Tout le monde apporte un plat. C’est moins de travail à organiser puisque mes enfants font tout cela par internet. La plupart des gens sont des amis de la famille, des membres de la communauté. On a tout un petit lien de parenté! », rigole-t-elle.
Selon Mme O’Bomsawin, les gens attendent avec impatience l’événement tous les ans. Cela est devenu aussi une tradition pour les personnes n’ayant nulle part où célébrer le 25 décembre. Même les gens qui ne viennent pas souper viennent faire un tour à la salle communautaire pour saluer les familles présentes.
« Même si les gens changent, on voit les petits devenir grands et la roue tourner. Mes enfants continueront la tradition parce que c’est une bonne soirée. Les gens aiment venir saluer ceux et celles qu’ils n’ont pas vus depuis longtemps. Nous sommes tous comme une famille », assure Marcelle Robert O’Bomsawin.