23 janvier 2018 - 10:05
Mort d'un employé au traversier
Des mesures de sécurité supplémentaires sont en préparation
Par: Julie Lambert

Une pétition circule pour rendre hommage à Normand Gravel (Photo : Tirée du site internet Avaaz.org)

Le drame ayant causé la mort de Normand Gravel au traversier de Sorel-Tracy/Saint-Ignace-de-Loyola le 11 janvier a laissé des traces. Si les employés ne craignent pas pour leur sécurité, la direction travaille actuellement sur des mesures supplémentaires pour s’assurer qu’un autre événement de ce genre n’arrive plus.

La porte-parole de la Société des traversiers (STQ), Vicky Boivin, souligne que les circonstances du drame étaient exceptionnelles, car le conducteur impliqué semble avoir ignoré chacune des mesures de sécurité mises en place dont un employé à l’entrée, des panneaux de signalisation et des barrières.

« C’est une situation qui est difficile à reproduire. On a toutefois l’intention de mettre encore plus de sécurité en place, par exemple, augmenter le périmètre de sécurité. Notre comité de santé et de sécurité au travail discute actuellement avec les employés pour savoir ce qui pourrait être amélioré et si cela est réalisable. On attend aussi le résultat de l’enquête. On fera connaître nos actions dans les prochaines semaines, voire les prochains jours », assure-t-elle.

Depuis le drame, la STQ a mis en place plusieurs mesures pour soutenir ses employés, dont un service de psychologie sur le traversier. La journée de l’événement, tous les travailleurs qui étaient sur le traversier ou en congé ont été appelés pour être informés de la situation.

Avoir les usagers à l’œil

Le président local du syndicat CSN, Stéphane Descheneaux, travaille depuis 25 ans sur le traversier et n’a jamais été confronté à un incident de cette ampleur. Depuis la mise en fonction du traversier il y a 70 ans, c’est le premier décès d’un employé sur son lieu de travail recensé par la STQ, souligne-t-il.

« Il y a une enquête en cours. Si jamais il y a des modifications à faire, on les demandera. Cela risque toutefois d’être long. Je ne suis pas un spécialiste, mais je ne crois pas qu’il y avait des lacunes dans la sécurité. Le conducteur serait arrivé cinq minutes plus tard et il aurait sauté à l’eau parce que le traversier n’aurait pas été là », argumente le président.

Matelot depuis 10 ans sur le traversier, Eve-Lyne Renaud ne croit pas elle non plus que la mort de son collègue Normand Gravel soit due à une faille dans la sécurité. Des inspections sont quotidiennement réalisées et des exercices faits annuellement pour s’assurer du bon déroulement des embarquements sur les deux bateaux, assure-t-elle.

« Ce qui est arrivé est impensable. Je ne vois pas comment on pourrait améliorer la sécurité. On vérifie et on revérifie tout. En réalité la menace pour nous ne vient pas de notre emploi, mais des usagers. Plusieurs ne respectent pas le Code de la route alors que les règles sont les mêmes sur le traversier », mentionne Mme Renaud.

Les employés sont souvent témoins de petits incidents comme des cyclistes qui tombent de leurs vélos, des accrochages entre véhicules ou des blessures légères pour les employés frôlés par une voiture.

Un autre employé du traversier ne pense pas que la STQ peut mettre d’autres mesures pour assurer encore plus la sécurité de ses employés. Pour lui, Normand Gravel était au mauvais endroit au mauvais moment et personne ne pouvait prévenir un tel événement.

« On ne peut pas mettre des barrières en béton pour protéger les employés. Le capitaine est toujours en haut en train de regarder tout lors des embarquements. On est bien organisé, il n’y a rien de bric-à-brac. On est à risque à cause des gens. Ils veulent aller vite et se placer en premier. On passe souvent proche de se faire écraser les pieds. Il faut avoir des yeux tout le tour de la tête », se désole-t-il, sous le couvert de l’anonymat.

Enquête en cours

Le conducteur de 77 ans est toujours hospitalisé. Les policiers devront discuter avec le conducteur afin de faire progresser l’enquête. Il est donc trop tôt pour savoir s’il peut être accusé de conduite avec les capacités affaiblies causant la mort ou de conduite dangereuse causant la mort. La porte-parole de la Commission de la santé et de la sécurité du travail, Chantal Beaudoin, mentionne qu’ils sont encore à l’étape de collecte d’information. Si une enquête est lancée, cela prendra au moins six mois pour faire connaître les résultats.

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