La scène a été observée le lundi 16 juillet sur le banc de sable près de l’île Plate, à Sainte-Anne-de-Sorel, lors d’une croisière-excursion dans les îles de Sorel offerte par le Biophare et rapportée à la biologiste de l’organisme, Anne-Marie Dulude.
« On m’a très bien décrit la scène. Le gars tirait dessus comme s’il tirait sur des petites cibles dans une foire. C’est absolument inadmissible pour moi d’agir ainsi. J’ai beaucoup trop de respect pour les espèces vivantes. […] Une dame qui a fait l’excursion me dit être encore troublée d’avoir, malgré elle, assisté à cela et que les coups de fusil résonnent encore dans sa tête. »
Les explications sont venues le lendemain de la bouche du technicien de la faune de la Société d’aménagement de la baie Lavallière, Paul Messier, qui s’est enquis de la nouvelle auprès de ses collègues du ministère de la Faune.
« On parle d’une dizaine d’oiseaux prélevés afin d’en étudier le contenu de leurs estomacs. L’opération revient annuellement et est importante afin de comprendre ce qui arrive avec notre perchaude dans le lac Saint-Pierre. Les estomacs contiennent une multitude d’informations comme la longueur des poissons ingurgités, les espèces retrouvées, les plantes, les parasites, voir s’il existe des maladies, etc. », d’expliquer M. Messier.
Ce dernier s’est rendu sur place pour constater l’état des lieux, puisque l’événement rapporté par les croisiéristes laissait croire que tous les cormorans avaient été abattus et que les nids avaient été détruits. Or, les photos prises par la photographe qui accompagnait M. Messier montrent que les oiseaux sont bel et bien revenus dans leurs nids sur le banc de sable, près de l’île Plate du lac Saint-Pierre.

Les nids des cormorans étaient toujours en place au lendemain de l’abattage, le 17 juillet. (Photo : gracieuseté/Roxanne Mandeville)
Spectacle désolant
Si les opinions divergent sur l’importance de cette pratique, tous s’entendent cependant sur le fait qu’elle offre un spectacle désolant.
« Ce n’est pas chic et ce n’est pas le fun à voir, commente Paul Messier. Même si je maintiens qu’il s’agit d’un mal nécessaire, je n’aurais pas aimé assister à la scène. Peut-être que l’opération pourrait être effectuée tôt le matin alors que personne ne se trouve sur l’eau? »
« Je trouve cette méthode de travail sauvage pour aller chercher des contenus stomacaux. Il faudrait toujours, avant de faire de la recherche, évaluer d’autres façons de faire, moins traumatisantes, ayant moins d’impact sur les animaux », de renchérir Anne-Marie Dulude.
Au moment d’écrire ces lignes, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs n’avait toujours pas retourné nos appels.