Ce n’est pas un sondage, car aucun critère scientifique n’a été respecté; qualifions plus simplement cet exercice comme une conversation entre gens du comté. Je me suis formellement identifié comme analyste à la radio et au journal et n’ai posé que deux questions.
À la première : quel parti gagnera les élections au Québec, j’ai obtenu 19 CAQ, 12 PQ, 7 libéraux, 10 indécis, 2 refus. La deuxième : qui sera élu dans Richelieu? La répartition donne 16 Rochon, 14 Émond, 3 Chevalier, 13 indécis, 4 refus.
Constat: Richelieu pense que la CAQ va gagner, mais va voter PQ… comme de 2003 à 2012 où Jean Charest gouvernait le Québec et avions élu Sylvain Simard du PQ et comme de 2014 à aujourd’hui avec un gouvernement Couillard et le tandem local Zakaïb-Rochon.
Bien avant le déclenchement des élections et davantage depuis le 18 août dernier, le mot vedette de la campagne est le mot changement. Ces dernières années, nous avons pu constater ce que changement entraînait en politique : une vague orange au fédéral en 2011, Péloquin contre Dauplaise en 2013, Plante contre Coderre en 2017. (Il y a eu aussi Trump contre Clinton en 2016…comme quoi tout changement n’est pas toujours salutaire).
Dans la présente campagne, qui incarne le mieux le changement? Un certain temps, la CAQ était le porte-flambeau souhaité par une bonne proportion des électeurs et, à un autre niveau, Québec Solidaire se démarquait également.
Pour les libéraux, plusieurs sont tannés du règne libéral qui date de 2003 avec une pause de 18 mois en 2014. Les libéraux présentent des hommes et des femmes qui ont aux yeux de plusieurs le tort d’avoir trop duré, de personnifier la corruption et le favoritisme qui ont terni notre paysage politique. Ce que les libéraux pouvaient faire ou ils l’ont fait ou ils l’ont mal fait ou ils ont refusé de le faire. Leur chef, malgré ses compétences, ne fait pas vibrer les gens… pour rester poli. Alors, les électeurs recherchent une autre option car ils ne croient pas au « changement dans la continuité ». Malgré les qualités de sa candidate locale, Mme Chevalier.
Du côté du PQ, ce parti a été au pouvoir de 1994 à 2003 et brièvement, on l’a écrit, de 2012 à 2014. Encore ici, des électeurs restent convaincus qu’ils ont eu leur chance et qu’ils n’ont pas contribué à améliorer notre sort collectif, nos problèmes en santé et en éducation… entre autres. Puis, le parti a mis en veilleuse l’essence même de sa création, son article 1, sa quête d’indépendance. Le chef, malgré son charisme et son humour, malgré sa connaissance viscérale des dossiers, suscite plus de méfiance à cause de son arrogance présumée que d’enthousiasme derrière sa personnalité. Il est en déficit de contact avec l’électorat… sérieusement. Ici, Sylvain Rochon devra continuer à travailler très fort pour donner raison aux répondants de mon « sondage » qui le voient réélu. La performance de son chef au face-à-face TVA ne l’aidera sûrement pas.
Québec Solidaire, trop à gauche pour une majorité. Sa co-porte-parole, Mme Massé, est sympathique et compatissante; l’autre, GND rappelle trop à certains ce que la gauche radicale peut provoquer dans une province. Mais reconnaissons que le parti attire les jeunes et les indépendantistes pressés et nous propose en Mme Pagé-Sabourin une candidate enthousiaste et combative.
Il ne reste plus que la CAQ. Un bon candidat local en M. Émond, expérimenté, charismatique et empathique, mais ce parti et son chef accumulent les bourdes, les gaffes et les maladresses depuis quelques semaines au point de chuter (au moment où ces lignes sont écrites) dans les différents sondages. La chute est à ce point spectaculaire que la CAQ est en train de donner raison à Philippe Couillard d’avoir misé sur une campagne électorale plus longue que prévue dans le but de voir la CAQ et son chef s’y embourber. Machiavel Couillard!!!
En ce 20 septembre, au Québec, CAQ et libéraux sont nez-à-nez. Dans le comté, les sites de sondage mettent CAQ et PQ côte à côte tout en donnant à l’option souverainiste (PQ et QS) 47% des votes. Alors qui gagnera? La vague de changement ou notre fond souverainiste? Too close to call… comme ils disent.
-Reynald Bergeron