22 octobre 2018 - 13:38
Des citoyens blâment Saint-Antoine-sur-Richelieu au sujet d’une rue privée
Par: Julie Lambert

Les résidents de la rue des Prairies à Saint-Antoine-sur-Richelieu militent pour que leur rue devienne publique. (Photo : Pascal Cournoyer)

Plusieurs résidents dénoncent depuis cinq ans des problèmes occasionnés après l’achat de leurs maisons sur la rue privée des Prairies, à Saint-Antoine-sur-Richelieu. Ils ont demandé à la Municipalité de la rendre publique afin qu’elle compense les erreurs commises dans ce dossier, mais aussi les milliers de dollars déboursés par les citoyens pour s’assurer de la conformité de leurs infrastructures.

La tension entre les résidents de la rue et la Municipalité était palpable lors de la séance publique du 16 octobre dernier. Une des citoyennes, Marthe Saint-Laurent, a expliqué au conseil que plusieurs acheteurs des maisons dans ce projet résidentiel ont jugé avoir été floués par l’entrepreneur. Ils croyaient acheter une maison en rangée sur une rue privée alors qu’il s’agissait plutôt de condominiums, ce qui engendre des coûts mensuels d’environ 80$ par résidence.

Le groupe de résidents tente d’obtenir de la Municipalité le plan d’aménagement d’ensemble (PAE) ou le plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) qui ont été acceptés par le Service d’urbanisme avant la construction du projet immobilier.

« Depuis 2010, nous travaillons avec un avocat qui a demandé ces documents-là. Il n’y en a pas. Je ne sais pas sur quoi ils se sont basés pour construire la zone R-15 [NDLR : rue des Prairies]. Ces documents n’existent pas ou n’existent plus », se désole Marthe Saint-Laurent.

La Municipalité a confirmé qu’elle ne retrouvait plus ces documents. Pour régulariser la situation, le conseil a entamé des démarches en janvier dernier afin de changer le statut des condominiums en maisons unifamiliales en rangée.

La procédure a toutefois dû être reprise en raison d’une erreur dans le nouveau règlement. La démarche a été relancée le 16 octobre avec l’octroi d’un contrat à un urbaniste pour tout rendre conforme au désir des citoyens.

Une citoyenne, Marthe Saint-Laurent, a pris la parole lors du conseil municipal du 16 octobre à Saint-Antoine-sur-Richelieu. (Photo: Julie Lambert)

Des compensations demandées

Plusieurs rencontres ont eu lieu dans les derniers mois entre les citoyens, la Municipalité et l’entrepreneur afin de régler la situation, mais personne n’arrive à s’entendre. Le dossier demeure dans l’impasse, car les citoyens souhaitent également que la rue soit publique.

Selon les membres du conseil, le statut de la rue ne peut pas être changé parce qu’elle n’est pas conforme à la réglementation actuelle des rues publiques. Les citoyens savaient lors de la signature du contrat d’achat que c’était une rue privée et le projet a toujours été de cette nature, plaide la Ville.

Les citoyens ne sont pas d’accord avec cette décision, a argumenté la résidente Marthe Saint-Laurent. Ils paient des frais de condos, une facture qui peut s’élever jusqu’à 1000$ par année pour certains d’entre eux. Depuis le début des démarches, 65 000$ en frais d’avocat et 10 000$ en expertises d’un ingénieur ont été assumés par les citoyens afin de faire la lumière sur le dossier.

« La rue est devenue très complexe et avec tout ce que nous avons vécu, on n’en veut plus de rue privée, on veut que la Municipalité prenne ses responsabilités. On a quand même eu une absence de joie de vivre pendant cinq ans et on a eu de la bisbille entre les copropriétaires dans la rue. Il y a eu toutes sortes de problèmes avec l’entrepreneur. C’était quelque chose à gérer. Il y a des nuits que nous n’avons pas dormi, c’était l’horreur. Ça, on n’en parle pas. Je pense que c’est un minimum ce que nous demandons, ce serait la moindre des choses », mentionne Marthe Saint-Laurent.

La mairesse de Saint-Antoine-sur-Richelieu, Chantal Denis, comprend le souhait des résidents, mais considère que ce type de développement résidentiel est commun dans d’autres villes. Elle espère tout de même trouver une solution pour le bien de tout le monde.

« C’est un dossier qui traîne depuis longtemps. On sent de l’amertume et de l’émotivité chez lez citoyens. On va regarder toutes les options pour satisfaire tout le monde, mais il y a peu de chances que tout le monde le soit. Les citoyens ne doivent pas s’attendre à ce que nous répondions à toutes leurs demandes. Ce ne serait pas équitable envers les autres citoyens de la municipalité. On a perdu un document, cela a engendré une bête d’incompréhension et de suspicion de la part des citoyens. On va faire pour le mieux », conclut la mairesse.

image
image