Le vétéran Jean-Paul Trépanier a participé à la guerre de Corée en 1952 et 1953. Il était caporal et âgé de 19 ans lorsqu’il a connu la guerre, souligne-t-il. C’est sa méconnaissance du monde qui l’a poussé à s’enrôler dans l’armée.
« À l’âge que j’avais, je ne pouvais pas me douter les conséquences de la guerre, mais cela m’a beaucoup aidé dans la vie. J’ai appris à me débrouiller. Au Québec à cet âge, on ne savait pas grand-chose. Je suis entré dans l’armée pour ça, pour me débrouiller et savoir ce qui se passait dans le monde », explique Jean-Paul Trépanier.
Pendant les deux années de sa participation à la guerre, l’homme de 86 ans avait pour principales tâches au quotidien de ravitailler en nourriture les soldats s’occupant des mitraillettes cachées dans des endroits reculés.
« Les gens ne devaient pas savoir où elles se trouvaient. Il fallait que j’y aille la nuit sur le bord des montagnes, il n’y avait pas de lumière et j’allais nourrir les gens. Dans le temps des pluies, je brulais un Jeep par mois à effectuer cette tâche. Il avait des petits moteurs américains dans ce temps-là et deux trailers en arrière. Il y avait quatre chaînes sur le Jeep pour être capable de passer dans les chemins lors de cette saison et c’était très dangereux », raconte le vétéran.
Il raconte qu’à cette époque, le pays était à peine développé. Il n’y avait aucune route et les gens marchaient plusieurs miles afin d’aller vendre leurs légumes au marché. « J’ai vu ça. Une nuit quelqu’un nous a même arrêtés et nous les avons aidés à mettre un bébé au monde », confie l’ancien soldat.
Jean-Paul Trépanier souligne que lui et ses camarades étaient aux premières lignes du conflit armé entre les deux camps. S’il n’a pas été grièvement blessé pendant sa participation, il a tout de même des souvenirs des conséquences des combats sur ses camarades.
« J’allais en chercher dans le no man’s land et je les ai ramenés. J’ai vu des prisonniers attachés sur les poteaux et mangés par les bibittes. Des deux côtés, il y avait des choses semblables qui arrivaient », souligne-t-il.
Pour lui, il est important de continuer à commémorer les soldats le 11 novembre. À Sorel-Tracy, on compte environ encore 85 vétérans. Il participe toujours aux célébrations prévues dans la région, dont la cérémonie qui aura lieu cette année à 11h au carré Royal.
« Pour les vétérans, cette journée représente nos souvenirs. Au Canada et au Québec, on apprend peu notre histoire. C’est très dommage. Elle est importante aussi pour les jeunes puisqu’ils ne sont pas à l’abri d’une nouvelle guerre. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Que ce soit ici ou pour ailleurs, on pourrait participer. La campagne de financement est aussi primordiale puisque les sous servent à soutenir les vétérans dans nos hôpitaux. Certains n’ont pas d’argent ou de pension. On les amène là et ils sont très bien soignés », conclut-il.