L’homme de 58 ans, de Saint-Joseph-de-Sorel, faisait valoir qu’il avait réalisé des dessins et produits des photo-montages mettant en scène des enfants d’âge mineur dans une optique « thérapeutique ».
En tout, 78 dessins au crayon de plomb créés par l’accusé, 98 photos et du matériel se trouvant sur une clé USB, une carte micro SD ainsi qu’une tablette de marque Asus ont été admis en preuve. Des éléments qu’il aurait consultés ou produits pendant environ cinq ans, jusqu’à ce que sa fille découvre des photos d’enfants nus dans son appartement, en septembre 2013, et se décide d’appeler la police.
Comme les dessins produits par l’accusé ne provenaient pas de son imaginaire, mais que l’accusé les avait calqués ou s’était inspiré des images provenant de l’Internet, le juge Dudemaine ne s’est pas montré convaincu par les arguments de la défense. « Ça implique un préjudice aux enfants qui ont servi de modèles et ça contribue au marché de la pornographie juvénile qui implique l’exploitation des enfants », a-t-il rappelé à l’accusé.
Le juge de la Cour du Québec a ajouté que la prétention de l’accusé à l’effet que les images ne provenaient pas de sites sur lesquels les enfants sont abusés est fausse. « La violence physique faite aux enfants dans de nombreux dessins est dégoutante et abjecte. Les propos violents ajoutés aux dessins sous forme de dialogue sont encore plus troublants », a souligné le juge Dudemaine dans sa décision écrite d’une trentaine de pages.
La défense faisait également valoir que l’accusé n’avait pas produit le matériel pornographique juvénile, mais qu’il en était consommateur. Elle ajoutait que Stéphane Houde utilisait le matériel qu’il produisait seulement pour son usage intime et qu’il n’y avait ainsi pas de dangers pour les mineurs. Le juge a tout de même retenu que même si le matériel était caché, il y avait des risques que des représentations pornographiques soient diffusées.
Homosexualité réprimée
L’accusé faisait valoir qu’il menait à ce moment-là un processus d’auto-traitement et qu’il avait produit ce matériel pour lui-même. C’est pourquoi la défense tentait de faire valoir qu’il s’agissait de matériel produit de façon légitime. La poursuite plaidait une tentative inappropriée visant à soulager une souffrance émotionnelle et non pas une démarche thérapeutique.
Lors de son interrogatoire, Stéphane Houde a déclaré qu’avant d’entreprendre cette démarche à des fins médicales, il n’avait pas voulu en parler à son psychologue croyant qu’il aurait été forcé de « sortir du placard ». C’est pourquoi, en 2008, il avait plutôt commencé à produire des dessins qui lui permettaient de fantasmer dans un contexte où il cherchait son identité sexuelle.
Après une dizaine d’années avec la même conjointe, il a raconté qu’il sentait que ses désirs sexuels baissaient et qu’il était peut-être homosexuel. D’autant plus qu’étant jeune, il se souvenait avoir eu du désir pour des garçons de son âge. En faisant des dessins le représentant jeune, il soulève qu’il « essayait d’explorer sa sexualité et de se comprendre ».
L’accusé a également soutenu qu’il ne pouvait pas s’imaginer avoir des relations sexuelles avec un homme, mais qu’il pouvait se voir le faire s’il y était forcé. C’est pourquoi il se représentait en tant qu’enfant dominé par un adulte de sexe masculin. Des dessins dans lesquels on pouvait voir des garçons moins forts physiquement et humiliés de plusieurs façons.
La cause doit revenir devant le Tribunal le 9 octobre prochain pour le début des représentations sur sentence.