N’ayant plus du tout confiance au système de santĂ©, il vient d’intenter une poursuite contre le Centre intĂ©grĂ© de santĂ© et des services sociaux de la MontĂ©rĂ©gie Est (CISSSME) pour les contraindre Ă lui fournir un service de soins Ă domicile. Un recours pour lequel il se reprĂ©sente lui-mĂŞme.
Celui qui vit actuellement de l’aide de dernier recours souhaite obtenir une compensation de 20 000 $, soit le montant qu’il a eu Ă dĂ©frayer de sa poche pour payer des ressources pour veiller sur lui au cours des quatre derniers mois.
C’est qu’en plus de son Ă©tat psychologique, Sylvain Jr Desmeules-Dupont souffre d’hyposensibilitĂ©. Ce qui fait en sorte qu’il a de la difficultĂ© Ă ressentir les choses. Il ne peut pas faire diffĂ©rentes tâches courantes lui-mĂŞme, car il risquerait de se blesser.
Par exemple, il est incapable de ressentir la chaleur, ce qui fait en sorte qu’il peut se brĂ»ler Ă n’importe quel moment. Il ne ressent pas le froid non plus, donc il faut que quelqu’un s’assure qu’il soit habillĂ© selon la tempĂ©rature Ă l’extĂ©rieur. Il porte Ă©galement des culottes d’incontinence en tout temps et il ne sait pas toujours quand il doit ĂŞtre changĂ©.
Il ne reconnaĂ®t pas non plus les signaux de la faim. Ce qui l’amène Ă sauter les repas si personne ne lui dit que c’est le moment de manger. Difficile aussi pour lui de se faire Ă manger en raison de son Ă©tat. Il peut oublier d’Ă©teindre un rond ou se couper avec un couteau, et son anxiĂ©tĂ© est si forte qu’il ne peut entrer seul dans une Ă©picerie.
Il a Ă©galement de la difficultĂ© Ă trouver le sommeil s’il est seul Ă la maison. Il lui arrive de ne dormir qu’une ou deux heures et il est très rare qu’il s’endorme pour plusieurs heures. Il requiert aussi de l’assistance pour sa mĂ©dication et pour l’entretien mĂ©nager.
Bref, il rĂ©clame un chèque emploi-service (CES) de 40 heures d’assistance par semaine d’assistance en raison de son Ă©tat de santĂ© et de ses revenus minimes pour payer ses soins. Une facture qui reprĂ©sente un montant de 4500 $ par mois.
Un long parcours
Sylvain Jr Desmeules-Dupont est parti de chez lui lorsqu’il avait 14 ans. Il avait alors Ă©tĂ© placĂ© en centre jeunesse. Un endroit oĂą il se sentait bien et oĂą il a vĂ©cu jusqu’Ă sa majoritĂ©.
Il s’est ensuite promenĂ© beaucoup. Il a vĂ©cu dans des appartements, parfois supervisĂ©s, parfois non. Il s’est aussi retrouvĂ© dans une aile psychiatrique, un refuge pour itinĂ©rants et mĂŞme une rĂ©sidence pour aĂ®nĂ©s.
Il s’est finalement retrouvĂ© dans un CHSLD et dans plusieurs centres du mĂŞme type, mais les soins n’ont jamais Ă©tĂ© suffisants pour lui dans ces Ă©tablissements. La dernière ayant Ă©tĂ© celle qui a fait dĂ©border le vase…
Il indique qu’il avait Ă©tĂ© transportĂ© en ambulance entre 40 et 45 fois en deux ans pour des Ă©pisodes de crise. Ce qu’il considère comme de l’abus de pouvoir, ayant Ă©tĂ© dĂ©jĂ envoyĂ© Ă l’hĂ´pital pour une histoire de volume sur YouTube.
Un non-sens, Ă ses yeux, si l’on considère les frais occasionnĂ©s par les nombreuses ressources affectĂ©es Ă son cas. Une perte de temps, plaide-t-il, puisque chaque fois, rien ne changeait concernant sa mĂ©dication ou son plan d’intervention.
Le CISSSME conteste le rapport
InvitĂ© Ă rĂ©agir, le CISSSME a prĂ©fĂ©rĂ© n’Ă©mettre aucun commentaire sur cette affaire puisqu’elle se trouve devant les tribunaux.
Dans une lettre envoyée au plaignant, dont Les 2 Rives a obtenu copie, le CISSSME lui consentait 28,5 heures de services intensifs à domicile, soit 12,5 heures pour les soins à la personne et 16 pour les tâches domestiques.
Le rĂ©seau conteste toutefois son plan de services et lui demande de se soumettre Ă une Ă©valuation des besoins puisqu’il a observĂ© des changements qui lui laisse croire qu’il serait capable de fonctionner.
Ce que refuse M. Desmeules-Dupont qui remet en doute la neutralitĂ© de l’exercice. Puisque, selon lui, le rĂ©seau public serait juge et parti pour trancher sur ses besoins.
C’est pourquoi il s’est rendu au privĂ© pour obtenir une Ă©valuation d’une ergothĂ©rapeute. Ce que refuserait dans ce cas-ci de reconnaĂ®tre le CISSSME.
Un débat sur les expertises sera donc entendu au Palais de justice de Sorel-Tracy, devant le juge Louis-Paul Cullen, le 19 novembre. Le dossier reviendra ensuite devant la Cour supérieure, le 18 décembre pour fixer la date du procès.