Une réaction diffusée sur les réseaux sociaux qui était visiblement attendue. Puisqu’une centaine de personnes y ont assisté en direct par vidéoconférence. La séance publique, qui attire généralement très peu ou pas du tout d’assistance, avait même fait salle comble pour l’occasion.
La ville-centre, rappelons-le, a décidé de retirer son financement pour le développement culturel et agroalimentaire de la MRC, prétextant un doublon des ressources. Ce qui a mis le feu aux poudres à la MRC. Le préfet a précisé qu’il s’agit en fait de services complémentaires qui sont nécessaires pour les deux parties.
Il a souligné que les retards pris dans un certain nombre de projets culturels avaient été causés par la vacance d’un poste pendant six mois, puis la réduction de ses heures de travail à trois jours par semaine. Il aussi souhaité que la ressource qui devait être embauchée pour la mise en œuvre du Plan de développement de la zone agricole (PDZA) travaille en collaboration avec le commissaire agricole pour la zone industrialo-portuaire, tout en étant sur le terrain, avec les agriculteurs.
Il a ensuite indiqué les montants que la MRC et les 11 municipalités versent à la Ville de Sorel-Tracy, alors que le maire Serge Péloquin indiquait, images à l’appui, qu’elle payait l’entièreté de la facture pour de nombreux dossiers. « On donne environ 400 000 $ par année à la Ville de Sorel-Tracy et à différents organismes. Avec les frais supralocaux, qui représentent 400 000 $, ce sont 800 000 $ en valeur qu’on donnent à la ville-centre », a indiqué le préfet de la MRC de Pierre-De Saurel.
Gilles Salvas a également déploré les relations difficiles avec la ville-centre, qui, par son poids démographique, a un droit de veto sur chaque décision. « Nous voulons négocier, mais ce n’est pas de toujours vous dire oui que de négocier. Chaque fois, il faut toujours négocier, renégocier et renégocier et vous demeurez sur le même point. Là, vous voulez avoir un comité de travail pour, justement, négocier. On va vous l’accorder. Je vais convoquer une assemblée de travail. On prendra une soirée au complet s’il le faut, mais j’espère que ça va être concluant », a-t-il argué.
« On est une MRC, il faut travailler tous ensemble. J’accepte votre invitation à travailler, mais je veux qu’on travaille en ayant le respect des MRC et en poursuivant l’orientation gouvernementale », a lancé le préfet Gilles Salvas.
« Si on n’est pas capable de négocier et de s’entendre, il va falloir aller vers la commission municipale, a-t-il ajouté. Parce que je n’ai pas l’idée qu’on fasse comme l’an passé. Que le budget soit refusé et qu’on vienne accepter ça en février, a-t-il averti. Dans ce temps-là, l’image régionale de la MRC et de la ville-centre est négative. Je peux vous dire qu’à la Table de préfets, à Longueuil, j’ai des confrères qui me demandent : qu’est-ce qui se passe à Sorel ?»
Franche discussion autour de la table
Invités à prendre la parole après l’allocution du préfet le 9 octobre, plusieurs maires en ont profité pour commenter la situation, alors que plusieurs conseillers de la Ville de Sorel-Tracy étaient dans la salle. On sentait clairement un tension entre deux clans.
Le principal intéressé, Serge Péloquin, a commencé par assurer le préfet de son intention de continuer de collaborer ensemble. « On va continuer d’avancer nos projets. Parce qu’on a de belles réussites », a-t-il souligné, avant d’ajouter que la discussion aurait dû être réglée en privé avant de sortir en public.
« À chaque fois qu’il y a un problème qui frotte, on se ramasse dans une situation semblable où vous squeezez la Ville de Sorel-Tracy. Vous faites en sorte qu’on ait toujours l’odieux d’une décision », a-t-il lancé, soulevant l’ire de plusieurs élus. Puisque les dossiers en litige étaient en cours depuis de nombreuses semaines.
Alain Chapdelaine, le maire de Saint-Roch-de-Richelieu, était déçu de la façon dont les choses se sont déroulées depuis une semaine. « Nous avons connu un problème, mais nous n’avons pas été capables d’en discuter. Nous avions une rencontre (le 2 octobre), mais plusieurs ont décidé de ne pas s’y présenter. Ce soir, nous avions une grosse rencontre à préparer et on s’est gardé dix minutes à la fin pour parler de «l’éléphant dans la pièce«. Après ça on s’en vient ici, et on pète la balloune. On est capable de mieux que ça. »
Le maire de Saint-Ours, Sylvain Dupuis, croyait aussi que le débat aurait dû se faire autour de la table et non en public. « On avait l’occasion de se rencontrer de vider la question et convaincre ceux que vous devez convaincre, a-t-il souligné. Si vous me convainquez, je vais me rallier, mais jamais on s’assied pour en discuter. »
Un mauvais message
Si le maire Serge Péloquin évoque que la Ville de Sorel-Tracy paie 60 % de toutes les factures de la MRC de Pierre-De Saurel, les maires des municipalités rurales lui ont rappelé qu’il en paie en fait 57 % et que 30 % de la population défraie 43 % de la facture. Ce qui fait en sorte qu’individuellement, les résidents des villages paient plus cher que ceux de la ville-centre pour le développement régional.
Le maire de Massueville, Denis Marion, qui était de ceux qui ont fait changer le nom de la MRC de Bas-Richelieu par Pierre-De Saurel, a rappelé que le tout avait été fait afin de ramener le développement autour de la ville-centre.
« Quand on est assis ici, on a une vision régionale, a-t-il rappelé. C’est un devoir que nous avons de travailler à 12 municipalités, ensemble. C’est un pouvoir qu’on ne peut pas simplement délaisser parce que l’une d’entre nous a les moyens de travailler seule. »
« L’image que nous devons projeter à l’extérieur comme à l’intérieur, c’est celle d’un territoire qui veut être dynamique, qui a des projets, qui travaille et qui développe ensemble. De vouloir partir avec une partie du développement, c’est de donner comme message que l’ensemble du territoire n’est pas important pour une de ses parties. […] C’est de reculer sur ce que l’on a construit comme région. »
Le maire de Saint-Joseph-de-Sorel, Vincent Deguise, a lui aussi insisté sur l’importance d’un développement concerté. « On en retire pas tous des profits de la même façon. Par exemple, dans le PDZA, on n’a aucune zone agricole sur le territoire de Saint-Joseph-de-Sorel, mais on contribue parce qu’on croit au développement régional, a-t-il soutenu. La ville-centre, c’est notre fort. Si elle n’est pas là quand on prend des décisions sur le PDZA ou les dossiers culturels, on n’aura pas de cohésion. »
L’embauche au PDZA avorte
Durant la séance, un vote a été pris sur l’embauche d’un coordonateur au développement du PDZA. Les maires de Sorel-Tracy, Saint-Ours et Saint-Roch-de-Richelieu ont voté contre, si bien que l’embauche n’a pas eu lieu étant donné la double majorité détenue par la Ville de Sorel-Tracy.
Par ailleurs, lors de leurs conseils respectifs, plusieurs municipalités ont adopté une résolution invitant la Ville de Sorel-Tracy à ne pas abandonner sa contribution au développement concerté de la région.