La dame aurait en effet pu succomber à un choc thermique, le samedi 9 novembre, dans la matinée, après s’être jetée à l’eau pour aller chercher son animal de compagnie, un petit chien teckel connu sous le nom de « Patch ».
« J’étais paniquée. Parce que mon petit chien n’était jamais allé à l’eau, a-t-elle raconté lorsque jointe par Les 2 Rives. Je ne sais pas ce qui m’a pris. J’ai enlevé mon manteau et j’ai sauté avec mes bottes. J’ai fait à peu près deux pieds. J’étais en train d’étouffer. J’étais en train de me noyer. »
Martin Légaré faisait son travail dans le stationnement à ce moment-là. Il a d’abord vu la dame lui faire signe que son chien était à l’eau. Il a aussitôt accouru pour intervenir pour s’apercevoir qu’elle avait eu le temps de sauter.
Celui-ci a tout de suite pris la situation en charge. « Je lui a dit de me regarder dans les yeux et elle s’est centrée sur quelque chose, raconte-t-il. Je me suis suspendu [sur le rempart d’acier] par mes bottes de travail. J’avais la tête dans le vide quand elle est venue avec la vague. Je l’ai ramassé par les cheveux. Je lui ai dit de mettre sa main autour de mon cou. En disant ça, je l’ai levée, comme si elle pesait cinq livres. Elle devait en peser 200 parce qu’ils ont été trois pour la mettre sur la civière et ils ont eu de la misère. »
Le chien est également revenu sur le rivage en suivant les vagues et Martin Légaré est allé le chercher de la même manière. « Il avait un petit foulard bleu pâle. Je l’ai ramassé et je l’ai sorti. Après ça. je me suis juste occupé de la dame. Je lui ai mis un manteau et elle est partie trois fois. Je me suis assis sur elle et je la réchauffais. Chaque fois que je lui donnais un petit bec, elle revenait », continue-t-il.
En plus de Martin Légaré, il y a aussi Mathieu Ménard Sansoucy qui est accouru avec le sac d’équipement de survie du traversier pour la prendre en charge. Des préposés à l’embarquement et des caissiers ont également participé à l’intervention rapide.
« Il y en avait qui avait une boule, témoigne le président du syndicat de la traverse Sorel-Tracy-Saint-Ignace-Loyola, Mathieu Ménard Sansoucy. On a vécu plusieurs affaires, comme un suicide. Ç’a rappelé de mauvais souvenirs. »
Des images marquantes
Chacun de leur côté, Lauraine Desrosiers et Martin Légaré ont vécu des émotions fortes depuis les événements.
Après être revenue à elle grâce à l’aide des services d’urgence, Mme Desrosiers était encore sous le choc cinq jours après sa mésaventure. « J’ai juste ça dans la tête. Ça va finir par partir, espère-t-elle. La première nuit, mon fils, qui réside à Vancouver, m’a appelée trois fois et je n’arrêtais pas de pleurer. Je pleurais tout le temps, tout le temps. Je voyais toujours la même image que j’essayais de me débattre et j’étais sure que je me noyais. »
Son héros, qui raconte avoir réalisé cinq sauvetages depuis qu’il a 13 ans, n’est pas non plus resté insensible. « Je suis vraiment tombé par terre, raconte-t-il. Sur le coup, c’est moi le meilleur, mais après, je ne vaux pas une cenne. Ça m’a pris trois jours avant que je puisse dormir. »
Une rencontre émouvante
Martin Légaré souhaitait revoir la dame après les événements, pour la serrer dans ses bras, mais ni l’hôpital ni les policiers ne pouvaient pas l’aider par souci de confidentialité. C’est finalement la dame qui a appris qu’il s’appelait Martin, grâce aux ambulanciers qui vantaient ses mérites.
C’est avec ce prénom en tête qu’elle s’est présentée à la gare fluviale pour le remercier, avec une carte et une bouteille de vin. « Je lui ai sauté dans les bras. J’étais tellement heureuse de le revoir. Ce n’est pas grand-chose, mais c’était juste pour souligner comme quoi je suis extrêmement reconnaissante de ce qui avait fait pour moi, témoigne Lauraine Desrosiers. « C’est sûr que j’ai pleuré en lisant ça, renchérit Martin Légaré. On s’est enlacés. Elle m’a dit «t’es l’homme le plus précieux de ma vie» ».