Passionné par le développement économique du Québec, l’étudiant au doctorat en science politique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a comparé la démarche de reconversion entreprise par Sorel-Tracy et Drummondville, deux villes de taille moyenne qui vivaient principalement d’une seule industrie à une certaine époque.
S’il admet qu’il y a eu du travail qui a été fait depuis 2017, date à laquelle il a posé ses conclusions, il a tendance à croire qu’il en reste à faire à Sorel-Tracy où la démarche a été plus ardue. Notamment parce qu’au lieu de réaliser une diversification, comme Drummondville, Sorel-Tracy a préféré miser sur une spécialisation en écologie industrielle.
« La reconversion est encore en cours. Pour toutes sortes de raisons, le rythme a un peu diminué depuis son âge d’or que je situe pendant les années 2000, a-t-il analysé. Pendant cette période-là , il y a avait une bonne synergie, une bonne concertation entre les acteurs. Les gens travaillaient main dans la main. Ils avaient une vision commune. »
Le départ de certains intervenants dans les organismes de développement économique, mais également des mouvements sur le plan politique ont eu un impact, a-t-il observé. « Le maire Marcel Robert avait porté la reconversion industrielle, il avait embrassé le projet d’Agenda 21 qui était très novateur, souligne Marc-André Houle. Quand il a perdu les élections, Réjean Dauplaise avait une autre vision et avait ses projets à lui. Ensuite, Serge Péloquin avait sa vision des choses. Disons que l’écologie industrielle, ce n’était pas son projet ou ce qu’il souhaitait porter. »
Il y a aussi des chicanes de clochers qui ont nui Ă la dĂ©marche, note-t-il. « La fusion de Sorel et de Tracy a laissĂ© des traces. […] Il y a aussi eu des «tensions» entre la ville et la rĂ©gion. Ce qui a crĂ©Ă© des obstacles », fait valoir Marc-AndrĂ© Houle.
La présence des grandes industries a aussi eu des effets néfastes sur la reconversion. Les travailleurs étaient habitués à de bons salaires, avec des paies qui étaient parmi les meilleures au Québec dans les années 1960 et 1970, sauf que l’esprit entrepreneurial ne s’est pas développé autant qu’à Drummondville.
« Ça crée un sentiment de dépendance envers la grande entreprise, souligne-t-il. Ç’a eu pour effet de créer une réticence par rapport aux PME par laquelle la reconversion devait passer. Parce que les gens [de Sorel-Tracy] avaient des attentes par rapport aux entreprises qui allaient venir s’installer. »
Une image Ă refaire
Quand les problèmes économiques sont survenus au tournant des années 1970 et 1980, il y a eu une dévitalisation qui a fini par affecter l’image de la région en raison des problèmes sociaux, du chômage, d’un syndicalisme dur et la présence d’un bunker des Hells Angels. « Les gens connaissent souvent Sorel-Tracy pour les mauvaises raisons », croit Marc-André Houle.
Ă€ sons sens, l’image de Sorel-Tracy devrait pourtant ĂŞtre bonne aves les efforts de reconversion qui ont Ă©tĂ© faits. « Ce qui me surprend, c’est que les gens ne le savent pas, soulève Marc-AndrĂ© Houle. Par exemple, quand on arrive Ă Victoriaville, il y a une pancarte qui indique que c’est le berceau du dĂ©veloppement durable. Je ne comprends pas pourquoi quand on arrive Ă Sorel, ce n’est pas Ă©crit : «technopole en Ă©cologie industrielle». »