Martin Lussier, 38 ans, a comparu par voie téléphonique de la prison pour faire face à de nouvelles accusations. Le résident de Sorel-Tracy fait maintenant face à 19 chefs d’accusation allant de la séquestration jusqu’aux voies de fait, agressions sexuelles, voies de fait armées, agressions sexuelles avec lésions corporelles, menaces de mort, introductions par effraction, méfaits, vols, en plus de bris de probation.
Après avoir écouté le récit complet des faits et les arguments des deux avocats, le juge Marc Bisson a refusé de lui rendre la liberté en attendant la suite des procédures, et ce, même s’il n’avait pas d’antécédents judiciaires et qu’un ami pouvait l’héberger. « Je ne suis pas ici pour déterminer de votre culpabilité ou de votre innocence, mais la preuve m’apparait quand même assez importante », a-t-il notamment dit pour justifier sa décision.
Attachée au lit
Selon ce qui a été rapporté à la Cour, Martin Lussier se serait introduit avec un complice chez son voisin, le 16 avril, vers 21 h 20, en forçant la porte. L’homme de 38 ans l’aurait roué de coups en l’accusant d’avoir couché avec sa blonde, puis il aurait brisé sa télévision en le menaçant et en volant quelques items dans l’appartement, comme son cellulaire. Selon la victime, qui prétend ne pas connaître la conjointe de l’accusé, il s’agissait d’une troisième introduction par effraction de la part de Martin Lussier depuis le 1er mars pour les mêmes motifs.
Les policiers ont donc demandé un mandat de perquisition afin de récupérer les objets volés dans l’appartement de l’accusé. À ce moment, selon le récit de la Cour, il s’est fâché et a dit aux policiers que sa blonde était attachée à l’intérieur.
C’est à ce moment, le 17 avril au matin, que les policiers ont pu la détacher, elle qui aurait été liée avec une chaîne à la cheville gauche, verrouillée par un cadenas. Ses mains auraient été attachées avec des menottes et la chaîne des pieds serait passée par-dessus les menottes afin de limiter ses mouvements. Son pied droit aurait également été attaché à l’aide d’un chargeur de portable. Le tout depuis la veille, soit le 16 avril, vers 22 h 30.
Jalousie et infidélité
Selon le témoignage de la victime alléguée rapporté par la procureure de la Couronne Geneviève Beaudin, plusieurs agressions se sont déroulées dans les 12 derniers mois, surtout verbales entre mai et octobre 2019 et davantage physiques par la suite.
« C’était toujours la même chose. Il la pognait par la gorge et la rouait de coups. Elle a déjà pensé qu’il allait la tuer. Les disputes sont toujours pour le même motif. Martin Lussier croit qu’elle est infidèle. Lorsqu’elle lui dit que c’est faux, il se met à la battre. Elle finit par lui dire ce qu’il veut entendre; c’est la seule façon pour qu’il cesse de lui donner des coups », a-t-elle récité.
L’accusé a raconté, en interrogatoire, qu’il croyait qu’elle déverrouillait son cellulaire pendant son sommeil afin de demander à ses amis de coucher avec elle. Il a aussi dit qu’il n’était plus capable de dormir parce qu’il se sentait obligé de constamment la surveiller.
Lors de son enquête sur remise en liberté, M. Lussier a aussi admis avoir des problèmes de consommation et de violence, sans toutefois avoir entamé de démarches pour les corriger.
Des verrous aux portes et fenĂŞtres
Par crainte que sa copine s’enfuie de l’appartement pour aller coucher avec d’autres hommes, Martin Lussier aurait, selon la preuve déposée en Cour, mis tous les soirs du ruban adhésif sur le contour des portes sans lui en parler pour vérifier si elle les débarrait pour sortir.
Par la suite, il se serait mis à visser les portes et les barrer avec un cadenas afin de tout verrouiller de l’intérieur. Il aurait aussi vissé toutes les fenêtres. Malgré tout, il pensait toujours qu’elle sortait pour aller coucher avec le voisin et c’est pourquoi il aurait commencé, le 25 mars dernier, à attacher la victime. Il l’aurait aussi enregistrée pour pouvoir l’entendre si jamais elle sortait. Selon les dires de l’accusé, c’est sa blonde qui lui aurait demandé de l’attacher pour l’aider à se contrôler.
La victime a porté plainte pour violence conjugale en octobre 2019. Malgré cette plainte et l’interdiction de contact, ils se sont revus à plusieurs reprises, même qu’elle est retournée vivre chez lui quelques semaines plus tard. Puis en janvier 2020, elle a porté plainte une seconde fois pour un incident qui serait survenu en décembre, alors qu’une interdiction de contact est toujours en vigueur. Les deux plaintes ont toutefois été retirées le 24 février et l’interdiction de contact a été levé.
Une autre plaignante
Dans un autre dossier, Martin Lussier est accusé d’avoir agressé sexuellement une autre femme qu’il fréquentait alors qu’il était séparé de la première victime alléguée, en plus d’avoir commis des voies de fait envers elle, le 23 octobre 2019. Selon le récit lu en Cour par la procureure de la Couronne, la victime aurait signifié à plusieurs reprises qu’elle « ne voulait rien savoir », mais l’accusé aurait tout de même passé à l’acte.
Martin Lussier était de retour devant la Cour le 27 avril pour la suite des procédures. Même s’il est détenu, il lui est interdit de contacter les présumées victimes dans tous les dossiers.
Précisons que les propos et allégations formulés à l’étape de l’enquête sur remise en liberté n’ont pas encore été appréciés sur le fond par le tribunal. Cela se fera avec le dépôt de la preuve à l’étape du procès.
MISE À JOUR : Il a plaidé coupable, le 11 mai. Voici le texte.