Depuis deux mois, la population vit au rythme des annonces quotidiennes de notre premier ministre. Pour nos entrepreneurs et gens d’affaires qui n’ont pas l’habitude de rester les bras croisés, cette attente est insoutenable.
Après des semaines à voir le travail de leur vie dégringoler, plusieurs commerçants ont enfin pu rouvrir leurs portes, alors que d’autres doivent encore attendre le « go » salutaire.
Mais ce n’est là que le deuxième chapitre qui commence. Après avoir mis en place toutes les mesures sanitaires, est-ce que les employés et les clients seront de retour au poste? Tous les appels prônant l’achat local auront-il trouvé écho? On ne peut encore mesurer l’étendue des dégâts, ni savoir quand se terminera ce cauchemar.
Les entrepreneurs sont des gens d’action. Derrière leur admirable abnégation (le mot docile est proscrit), leur silence cache certainement une détresse justifiée.
C’est en temps de crise que l’on peut voir tout le talent d’un gestionnaire à l’œuvre. Leadership, créativité, vision, capacité d’adaptation; il carbure à l’action. Des initiatives émergent de toutes parts et plusieurs utilisent même leurs talents pour fournir de l’aide. On peut être fiers de voir la population se mobiliser. La communauté d’affaires, le communautaire et les élus sont au rendez-vous!
Le temps de cette grande pause, on réalise que le concurrent n’est plus le voisin d’en face; il est global. Ce puissant compétiteur continue d’opérer, jour et nuit et ne ferme pas le dimanche. Comme baromètre, on n’a qu’à penser à Amazon qui cherche à embaucher 100 000 personnes pour répondre à la demande pendant la crise!
La vente en ligne est ouverte à tous, pour le meilleur et pour le pire. Pour la maîtriser, il faut bien la comprendre.
L’enjeu est que les achats en ligne sont faits majoritairement auprès de fournisseurs étrangers, aux règles différentes, créant ainsi une concurrence déloyale. Nos entreprises ne peuvent concurrencer le prix de biens dont on ne connaît pas l’origine ou si leur production respecte les normes sociales, éthiques et environnementales, en plus d’éviter les taxes.
Toutes ces valeurs qui nous sont si « chères », au nom du commerce local et équitable, sont apparemment négociables, souvent pour une poignée de dollars. Il faut se sensibiliser davantage afin de comprendre tout le poids d’un simple clic et la valeur de payer le juste prix pour un produit régional de qualité.
Cette courbe aussi doit être aplatie si on ne veut pas vider nos régions de nos commerces de proximité, nos emplois et notre richesse collective. Un examen de conscience s’impose et c’est le moment parfait pour agir.
Le modèle capitaliste actuel est de plus en plus remis en question. On parle maintenant des vertus de la décroissance, de démondialisation et de sécurité alimentaire accrue. Consommer moins et mieux, recycler et réutiliser pour sauver la planète et vivre mieux.
Si nos entreprises ne peuvent se battre sur le prix, elles peuvent gagner sur la valeur ajoutée québécoise. Alors que le protectionnisme risque de prendre de l’ampleur dans le contexte, on doit créer de la valeur pour rester pertinent et attrayant. C’est notre force et on en a les moyens et les ressources. Ceux qui s’adapteront le plus vite auront une longueur d’avance!
Une chose est sûre, c’est que les gens continuent de consommer, mais différemment. Malgré ce brouillard, il est clair que ce nouveau mode de vie durera longtemps. Puisque l’on doit cohabiter avec cette bête, apprivoisons-la avec une vision sur le long terme.
Cette édition spéciale Les 2 Rives AFFAIRES a comme objectif de mettre le tout en perspective, sous l’œil de nos journalistes, afin de voir comment la région s’adapte et prépare sa relance.
Normalement, nous présentons dans ces pages les lauréats du Gala du mérite économique de Sorel-Tracy visant à souligner l’excellence entrepreneuriale. Cette reconnaissance n’est que partie remise, mais en attendant, nos bâtisseurs et nos employeurs de la région ont besoin de nous, dans notre rôle de consommateurs et de travailleurs. Nous sommes tous des maillons importants de la santé de notre écosystème.
J’en profite pour remercier tous nos partenaires qui choisissent d’annoncer local. Vous nous donnez l’oxygène pour continuer à informer la région.
Restons dans l’action et connectés, ensemble.
Bonne lecture! Pour consulter le cahier, c’est ici.