13 mai 2020 - 13:14
Temps durs pour le milieu culturel
« On sera le dernier wagon à se raccrocher au train » – Marie-Josée Bourbonnais
Par: Katy Desrosiers

Impossible de savoir pour l’instant quand les diffuseurs comme Azimut diffusion pourront reprendre leurs activités. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Le milieu culturel est particulièrement touché depuis le début de la crise. Les événements rassemblant des foules ont été les premiers suspendus et seront probablement les derniers à reprendre. Chez Azimut diffusion, malgré tout, on se prépare pour l’après.

La programmation automne 2020 devait au départ être lancée la semaine dernière.

« On nage dans beaucoup d’incertitude. On reporte beaucoup de spectacles qui risquent d’être re-reportés. Ce qu’on entend de plus en plus, c’est que même l’automne demeure incertain. Peut-être même que pour le théâtre, la danse ou la musique, si les compagnies ne peuvent pas répéter, elles ne pourront pas offrir de spectacle. On sera probablement le dernier wagon à se raccrocher au train », souligne la directrice d’Azimut diffusion, Marie-Josée Bourbonnais.

Plus de détails sur la relance devraient être connus en juin. Cependant, Mme Bourbonnais constate que plus les annonces tardent, plus il sera difficile d’offrir une saison à l’automne. Elle craint également de ne pas pouvoir replacer tous les spectacles déjà prévus en raison de conflits d’horaire.

Des spectacles en distanciation sociale

La directrice doute qu’il soit réaliste d’offrir des spectacles avec des critères stricts de distanciation sociale. « Simon Leblanc, c’est complet. S’ils disent de le présenter avec une distanciation sociale, je fais quoi? C’est sûr que je ne peux pas dire à des gens «Vous, vous ne viendrez pas». Ça ne se fait pas », affirme Mme Bourbonnais.

Elle se demande aussi si les artistes accepteront de présenter du matériel devant un public grandement réduit et avec un cachet moindre. Si elle est en mesure d’ouvrir sa salle seulement au quart, cela signifie le quart des revenus. Il serait aussi impensable, selon elle, d’offrir le service de bar. Et pour s’assurer du respect des mesures et du nettoyage adéquat de tout, elle devrait se trouver plus d’employés. « Le calcul ne tiendrait pas la route »,avance-t-elle.

La directrice se questionne aussi sur la possibilité d’offrir du contenu en ligne pour garder un lien avec le public. Seulement, si elle va dans cette direction, elle veut s’assurer que ce sera du contenu de qualité.

L’après

Pour le moment, le diffuseur garde la tête hors de l’eau financièrement. « Ce qui nous a aidés à garder le cap, c’est qu’on avait vraiment une belle lancée. De repartir la machine, ça va être difficile, mais comme on a eu une belle année, ça aide à passer les premiers mois de la crise. On est capable de s’en sortir pour un bout, mais on ne pourrait pas durer un an sans support », souligne-t-elle.

Comme l’équipe est très petite, la plupart des employés ont conservé leur emploi. Azimut diffusion bénéficie aussi de la subvention salariale et les deux paliers de gouvernement ont versé un certain montant de leurs subventions habituelles.

« J’espère cependant que le gouvernement a prévu de l’argent pour la relance, parce que ce sera important. On devra probablement se réinventer. Comment les gens vont se comporter? Le jour où ce sera correct, est-ce qu’ils auront le goût de venir? », se questionne Mme Bourbonnais.

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