14 juillet 2020 - 15:01
Un propriétaire exaspéré de retrouver ses logements dans un piteux état
Par: Katy Desrosiers

Le propriétaire du bloc, Vincent Vallières, ne sait plus quoi faire pour trouver des locataires respectueux des lieux. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives © 

Des locataires du bloc de la rue Bonin ont laissé une multitude d’effets personnels en quittant l’appartement en novembre et un conteneur a été loué pour s’en débarrasser. Photo gracieuseté

Dans le même appartement de la rue Bonin, libéré en novembre, le propriétaire a découvert un lapin abandonné. Photo gracieuseté

Toujours dans le même logement de la rue Bonin, la locataire a tenté de partir avec des planches décoratives fixées au mur. Après avoir constaté qu’elle arrachait le plâtre derrière, elle a arrêté. Photo gracieuseté

Dans un appartement de la rue Élizabeth, libéré cet hiver, le propriétaire est tombé sur des sacs de déchets et une litière encore pleine. Photo gracieuseté

Sur le bord de la fenêtre d’un appartement de la rue Bonin, on peut constater plusieurs brûlures de cigarettes. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Des locataires partent souvent avec les ampoules et les luminaires. Le propriétaire doit donc remplacer à chaque fois. Photo gracieuseté

Dans un des appartements de la rue du Cardinal-Léger, le plancher a été laissé en piteux état. Photo gracieuseté

La salle de bain d’un des appartements de la rue du Cardinal-Léger, lors du départ d’un locataire, est en très mauvais état. Photo gracieuseté

Plusieurs effets personnels ont aussi été laissés derrière par les locataires précédents dans cet appartement de la rue du Cardinal-Léger. Photo gracieuseté

Dans l’appartement de la rue Élizabeth, le réfrigérateur a été trouvé avec des restants de nourriture à l’intérieur. Photo gracieuseté

Plusieurs objets ont été laissés à l’abandon dans la cuisine de l’appartement de la rue Élizabeth. Photo gracieuseté

La serrure et le cadre de la porte d’entrée du logement de la rue du Cardinal-Léger ont été altérés. Photo gracieuseté

La salle de bain du logement de la rue Bonin a été laissée avec plusieurs objets au sol. Photo gracieuseté

L’état du balcon d’un second appartement de la rue Bonin s’est rapidement dégradé. Photo capture d’écran

Pour l’immeuble de la rue Bonin, le propriétaire a reçu une amende pour des déchets qui trainaient jusque dans la rue. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Lapin abandonné, punaises de lit, serviettes hygiéniques usagées dans des lavabos, planchers et murs abîmés, non-paiement de loyer; ce sont là toutes des situations auxquelles un propriétaire de logements s’est frappé, particulièrement dans la dernière année.

Vincent Vallières loue des appartements depuis 2014, mais c’est la première fois qu’il voit un phénomène d’une telle ampleur. Il possède deux blocs, un sur la rue Élizabeth à Sorel-Tracy et un sur la rue Bonin à Saint-Joseph-de-Sorel. Il en a déjà possédé un sur la rue du Cardinal-Léger, aussi à Sorel-Tracy.

Au départ, le propriétaire achetait des bâtiments en mauvais état, il rénovait l’intérieur pour les louer et espérait utiliser les profits pour refaire l’extérieur. Cependant, son plan a dérogé lorsque des locataires ont grandement dégradé l’état de certains de ses logements.

Il admet avoir perdu le contrôle dans son triplex de la rue Bonin. Après avoir investi 20 000 $ en rénovations sur les deux appartements du haut, il se retrouve avec 17 000 $ de pertes en un an.

« C’est capotant. J’essaie de me battre pour que les choses soient plus justes. Un des locataires est parti. On s’était entendu pour un paiement. Pour l’instant, j’ai 2400 $ de bris et de frais de nettoyage. Il a toujours bien payé le loyer, mais c’est vraiment l’état dans lequel l’appartement a été laissé en seulement un an », précise-t-il.

Au départ, le locataire devait payer 600 $ pour les dommages encourus. Cependant, ce dernier s’est ravisé et a dit au propriétaire de porter la cause devant la Régie du logement. « Il sait très bien que malgré une condamnation de la Régie, il n’y aura pas de conséquences importantes », dénonce M. Vallières.

Le propriétaire a dû louer un conteneur pour se débarrasser de tout les effets personnels laissés sur place et se demande encore comment il nettoiera le parterre avant qui est jonché de mégots.

Dans le logement voisin, la locataire a été expulsée en novembre après que le propriétaire ait cumulé 8700 $ en pertes et non-paiement de loyer. Avant de le louer à nouveau, il a dû refuser une vingtaine de candidats, dont certains venaient d’être expulsés d’un autre logement.

Dans son bloc de la rue Élizabeth, un locataire rapportait des punaises de lit à répétition, ce qui lui a couté plus de 3700 $ en exterminateur. Lorsqu’il est passé à la Régie du logement pour ce dossier, on lui a simplement dit que les punaises de lit étaient un préjudice pour le locataire et non le propriétaire.

« C’était le seul locataire d’un quadruplex parce que je ne pouvais pas louer le reste pour ne pas que d’autres gens se fassent contaminer. Je n’étais pas capable de le mettre dehors », lance M. Vallières, qui a fini par payer le locataire pour qu’il quitte le loyer.

Des voisins épuisés

M. Vallières dit que la police s’est déjà rendue plusieurs fois au bloc de la rue Bonin après avoir reçu des plaintes concernant les locataires du haut. Il souligne que les voisins se sont regroupés puisqu’ils sont au bout du rouleau.

Lors d’une visite de notre journaliste sur place, des voisins ont effectivement confirmé la présence des policiers et le conflit avec les locataires. Certains affirment que les nouveaux locataires ne sont pas mieux que les anciens. Ils se demandent même si le propriétaire est sincère lorsqu’il affirme vérifier les antécédents.

M. Vallières assure pourtant vérifier le plus possible le passé des locataires.

« Le pire, c’est que ce n’est pas parce que je prends n’importe qui ou le premier venu pour les logements. J’enquête sur mes locataires, mais ils n’ont aucun antécédent. Je ne sais plus quoi faire » lance-t-il.

Le dépôt de garantie : la solution?

Le propriétaire explique que le Québec est la seule province où il est interdit de prendre un dépôt de garantie à la location de l’appartement. Il croit que d’exiger un tel dépôt pourrait être une piste de solution.

M. Vallières cite aussi comme exemple la Colombie-Britannique, où une partie du chèque remis aux prestataires de l’aide sociale est envoyée directement aux propriétaires pour le loyer. Également, il mentionne que dans cette province, jusqu’à 10 % du chèque du prestataire peut être saisi puis envoyé au propriétaire pour rembourser les dommages faits à l’appartement.

Le propriétaire souhaite aussi que les dommages faits aux appartements soient reconnus comme du vandalisme.

« Au Québec, je marche dans la rue et je lance une brique dans votre fenêtre. C’est considéré comme du vandalisme et c’est passible d’une peine de prison. Mais si vous me louez votre résidence, que vous signez un bail et que vous me donnez les clés, je prends la même brique, je la lance dans la fenêtre, c’est un usage abusif des lieux et c’est un problème à régler avec la Régie du logement. C’est le même geste, mais ce n’est pas du tout la même conséquence », regrette-t-il.

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