Patrick Bardier des Immeubles Bardier, Janie Dionne de RE/MAX Signature et Patrick Charbonneau de Via Capitale Platine, sont unanimes.
« En 17 ans, j’ai constaté deux fois des marchés à la hausse. C’est la troisième fois d’un marché à l’avantage du vendeur, mais c’est la pire fois. C’est extrême », lance Patrick Bardier.
Pour une maison en bonne condition et bien listée, les propriétaires peuvent recevoir parfois jusqu’à six ou sept offres d’achat, bien au-delà du prix demandé. Et celle-ci se vend facilement en moins de 30 jours. Les inventaires de propriétés sont donc difficiles à renflouer.
« Je n’aime pas mettre de pression sur l’acheteur. Mais quand il me dit que ça répond à 100 % à ce qu’il veut, avant j’aurais dit «On va aller en voir trois ou quatre autres pour être sûrs«. Maintenant s’il est sûr que c’est celle-là qu’il veut, je lui dis qu’on va faire une offre d’achat tout de suite parce que sinon, on va la perdre », explique Patrick Charbonneau.
Déjà au début de l’année, cette tendance se faisait sentir.
« En décembre, on avait commencé à voir des offres multiples, mais à Sorel-Tracy, ce n’est pas quelque chose qu’on avait fréquemment », mentionne Janie Dionne.
Patrick Bardier remarque que les gens avec une santé fragile ou un certain âge retardent le plus possible leur déménagement en résidence. Ces personnes ne veulent pas faire de multiples visites de leur domicile avec la pandémie. Et donc, ils ne listent pas leur maison.
Selon Patrick Charbonneau, de mauvaises informations sur la chute du marché auraient entraîné en partie cette situation.
« Les gens se sont tellement fait dire de faussetés par rapport au marché immobilier pendant la pandémie, que tout était pour s’effondrer, qu’ils ont eu la crainte de mettre leur maison en vente. On s’est ramassé avec une rareté et ça fait en sorte que les vendeurs ont bénéficié de ça de façon incroyable », explique-t-il.
Les courtiers s’attendent à ce que cette tendance, même si elle pourrait se stabiliser un peu, se poursuive encore pour quelques mois, voire quelques années.
Une clientèle urbaine
Beaucoup de leurs clients proviennent de Montréal et de sa banlieue.
« Presque trois acheteurs sur cinq viennent de l’extérieur. Avant, les gens venaient pour le travail. Là , ils s’éloignent des grandes villes en raison de la COVID. […] Les propriétés ont pris beaucoup de valeur d’un seul coup », souligne Janie Dionne.
« Il y a beaucoup de gens qui veulent sortir de la ville, ajoute Patrick Bardier. Le retour à la terre, l’exode urbain, on en entendait déjà parler, mais la COVID a accéléré ça. »
Selon Patrick Charbonneau, il n’y a pas de style de résidences qui est favorisé. « Ceux qui ont des grosses maisons ont peur pour une deuxième vague et veulent diminuer leurs dépenses et ceux qui ont une petite maison veulent upgrader », remarque-t-il.
Avec ce marché favorisant le vendeur, les courtiers font face à de nouveaux défis. Entre autres, ils doivent travailler très rapidement tout en respectant les nouvelles normes des institutions financières et de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL).