Danic Champoux a développé un attachement à ce centre situé à un coin de rue de chez lui. « Ce n’est pas un hôpital, c’est un milieu de vie. C’est comme d’aller chez quelqu’un. Les plus en forme sortent en face de chez nous et avec le temps, on développe une relation avec eux. Certains font même faire des tours de chaise roulante à mes enfants », confie-t-il.
Le documentariste a voulu démentir les préjugés de ceux qui perçoivent ces endroits comme des mouroirs et qui ne souhaitent y être admis pour rien au monde.
« Une fin de vie, ça ne se passe généralement pas dans tes termes à toi. On veut tous mourir tranquilles sur une île avec nos kids, mais ce n’est pas comme ça que ça marche. […] J’en reviens pas que du monde de 50 ou 60 ans trouve ça scandaleux de mourir ou d’être malade. C’est vraiment un passage obligé et eux, ils sont rendus là. Il y a beaucoup de colère via les CHSLD et des fois, je me demande si les gens sont préparés à cette étape de la vie», lance-t-il.
« Les résidents que je côtoyais me faisaient rire, ils avaient l’air heureux, ajoute-t-il. Personne ne semblait être au bout du rouleau au point de se dire «je veux mourir». […] C’est avec ce regard que j’ai voulu rentrer là. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de souffrance, de solitude, mais ce n’est pas 100 % de ce qui se passe là. »
Le documentariste souhaitait aussi montrer l’empathie, la gratitude. « Les bénéficiaires remettent bien aux préposés les soins donnés. Il y a des relations qui se développent qui sont sincères », relate-t-il.
Son travail était donc de cueillir du matériel avec son monteur René Roberge. Ensuite, il a réalisé le film. Il décrit le documentaire comme « casse-cou » puisqu’il ne savait pas ce qui allait ressortir du tournage. Il n’avait pas de scénario avant de se lancer.
Le documentaire, une révélation
Danic Champoux a participé en 1996 à la Course Destination monde, lors de laquelle il s’est initié à la captation vidéo et sonore. En 2000, il a reçu une offre de l’Office national du film du Canada (ONF), puis il a créé son premier film. « C’est en fréquentant les maîtres de l’ONF que j’ai compris que c’est ça et uniquement ça que je devais faire dans la vie. […] Pour moi, ç’a été une révélation », admet M. Champoux.
L’artiste compte maintenant 16 documentaires à son actif. « Beaucoup de documentaristes se servent du documentaire comme un tremplin, mais pour moi, ce n’est pas le chemin à parcourir, le but est atteint », affirme-t-il.
La version longue du documentaire CHSLD, Mon amour, sélectionnée aux Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal (RIDM), est présentée jusqu’au 2 décembre sur le site Internet du RIDM. À compter du 4 décembre, la version courte sera accessible sur la plateforme CRAVE et au printemps, elle sera présentée à Canal D.
Éventuellement, le documentariste aimerait réaliser un film à Sorel-Tracy. « Le patrimoine industriel, la traverse, les îles, il y a quelque chose de poétique dans les trois, explique-t-il. Il faut que je ramasse ça. Ça fait partie de nous. »