Ce changement de garde à L’Arrière Scène est loin d’être une surprise puisque Serge Marois parlait depuis quelques années déjà de laisser place à la nouvelle génération, mais cette transition s’est accélérée dans le contexte pandémique, confirme celui qui a partagé la direction artistique de L’Arrière Scène pendant un an et demi avant de reprendre les rênes en solo. « Quand on a amorcé le processus de transition, on prévoyait un processus d’environ deux ans qui aurait été complété pour l’automne 2021. On l’a devancé d’environ six mois. C’est beaucoup de travail parce que ça me donne plus de responsabilités au niveau des choix artistiques et dans la programmation, mais je me sens outillé pour le faire et pour porter ses principes et sa vision… Et puis Serge ne reste pas loin non plus au besoin! »
En effet, en quittant la direction artistique, Serge Marois a pris l’intérim de la présidence du conseil d’administration et reste dans le paysage de L’Arrière Scène comme « artiste associé », ce qui lui permettra de se concentrer sur la création d’une dernière pièce de théâtre jeunesse. « Il gravitera autour de L’Arrière Scène pendant deux autres saisons environ, mais il se concentrera sur les projets qu’il souhaite mener à terme, dont l’implantation d’un centre de création, qu’il souhaite concrétiser depuis longtemps », précise Jean-François Guilbault.
Continuité et croissance
Questionné sur ses projets pour L’Arrière Scène, M. Guilbault voit grand et sent qu’il y a encore de la place pour croître, sans renier les racines de la compagnie. « Il y aura une continuité dans les types de spectacles diffusés, avec des thèmes d’actualité et d’avant-garde, mais je crois que le rythme sera différent qu’avec Serge… Disons que je déplace plus d’air et que je suis plus hyperactif! » Parmi ses nombreux objectifs, il compte bâtir des ponts avec le public adolescent, une clientèle généralement moins vendue au théâtre, et « tendre la main » aux compagnies de production de la relève qui sont dans le même créneau que L’Arrière Scène.
« Je crois en la force du nombre et aux coproductions. Le but du centre de création [qui pourrait enfin se concrétiser dans les prochaines années grâce à une nouvelle enveloppe culturelle] est aussi de pouvoir accueillir cette relève. » Lorsque Jean-François Guilbault a quitté l’école de théâtre il y a 13 ans, Serge Marois et L’Arrière Scène ont tout de suite été présents pour l’appuyer dans ce milieu très restreint qu’est le théâtre jeunesse et le nouveau directeur artistique de la compagnie souhaite continuer d’être présent pour les autres artistes qui souhaitent se lancer dans le même créneau. C’est aussi dans cet esprit qu’un partenariat avec le Cégep de Saint-Hyacinthe a été initié il y a un an, pour faire découvrir le théâtre jeunesse aux finissants qui pourraient être intéressés par cette avenue. « Ce pont n’existait pas pendant que j’étais au cégep et je pense que c’est à élaborer davantage », confirme le Sorelois.
Ajoutons à cela le volet numérique, devenu incontournable dans la dernière année, et la préparation d’une programmation autant en classe qu’en salle vu l’incertitude des directives de la santé publique et on a droit à un directeur artistique fort occupé pour les prochains mois. D’ailleurs, la programmation de la 44e saison de L’Arrière Scène, qui s’échelonnera de mars à juin, a été dévoilée le 1er février.