13 avril 2021 - 12:16
Les syndicats en santé en ont ras-le-bol d’être sans contrat de travail depuis un an
« Se faire dire merci, ça ne paye pas les factures »
Par: Jean-Philippe Morin

L'APTS a manifesté devant les bureaux du ministre de la Santé, Christian Dubé, à La Prairie il y a quelques jours. Photo gracieuseté

Les trois syndicats du réseau de la santé à Sorel-Tracy n’en peuvent plus de se faire remercier par le premier ministre François Legault sans recevoir une offre adéquate en retour, eux qui sont sans convention collective depuis plus d’un an maintenant.

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« On en a ras-le-bol de se faire dire merci par le bon père de famille, François Legault. Se faire dire merci, ça ne paye pas les factures. Pour danser le tango, il faut être deux, mais pour l’instant, le gouvernement ne veut rien entendre des priorités des travailleurs », lance d’emblée le président du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSSME-CSN, Daniel Laroche. Son syndicat représente environ 1000 membres à Sorel-Tracy dans différents secteurs, dont les préposées aux bénéficiaires, la buanderie, les techniciens et professionnels de l’administration et les employés de bureau, entre autres.

La présidente de la FIQ – Syndicat des professionnelles en soins de la Montérégie-Est, Brigitte Petrie, abonde dans le même sens. Elle représente 674 membres à Sorel-Tracy, principalement des infirmières et des infirmières auxiliaires. Pour les négociations, notamment au niveau des salaires, son syndicat est allié avec l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), qui représente entre autres les employés offrant des services en matière de diagnostic, de réadaptation (physiologie), d’analyse (psychologie), de nutrition, d’intervention psychosociale et de soutien clinique et de prévention. Ils sont environ 300 à Sorel-Tracy.

Selon les deux syndicats, la dernière offre du gouvernement est insultante. Elle a été déposée par la ministre du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, le 31 mars dernier, et prévoit une augmentation de salaire de 5 % en trois ans. La demande de l’alliance APTS-FIQ est plutôt de 12,4 % sur trois ans afin d’effectuer du rattrapage.

« On a retourné le gouvernement faire ses devoirs. Le personnel en soins, c’est une expertise qui se paie. On ne peut pas toujours interchanger du personnel », plaide Brigitte Petrie, de la FIQ.

« On a donné le mandat au comité de négociation de retourner à la table pour trouver des solutions concrètes. Nos membres sont tannés que les problèmes ne soient pas adressés », ajoute la représentante nationale de l’APTS en Montérégie-Est, Émilie Charbonneau.

Difficile d’embaucher et de garder les employés

Selon M. Laroche, non seulement la pandémie a rendu les conditions de travail plus difficiles pour ses membres, mais elle est venue épuiser des personnes qui étaient déjà au bout du rouleau. « Par exemple, c’est l’hécatombe en hygiène et salubrité. À Sorel-Tracy, sur une cinquantaine de postes, on en a 15 qui sont vacants. On a beaucoup parlé avec raison des préposées aux bénéficiaires pendant la pandémie, mais il ne faut pas oublier ce département », indique-t-il.

« Le volet Jecontribue.ca a aidé pour la main-d’œuvre et heureusement, l’employeur a embauché massivement des préposées aux bénéficiaires. Par contre, on leur a fait miroiter un salaire de 26 $ de l’heure à temps complet, mais la réalité est tout autre », ajoute M. Laroche.

À la FIQ, 35 postes sont toujours vacants dans les différents centres d’activités à Sorel-Tracy. Selon Mme Petrie, il y a une panoplie de postes d’équipes volantes qui sont aussi vacants. « Le salaire est zéro attractif et n’encourage pas la rétention, surtout avec des offres comme ça du gouvernement. Est-ce normal de monter le salaire des préposés aux bénéficiaires, mais pas des infirmières auxiliaires qui ont plus d’obligations et un ordre professionnel à suivre? Si tu montes une catégorie, tu les montes toutes! », insiste la présidente de la FIQ en Montérégie-Est.

Joël Bélanger, président de l’APTS Montérégie-Est, ajoute que le fait que Sorel-Tracy se retrouve en région éloignée accentue les difficultés au niveau de la main-d’œuvre. « Les employés viennent, puis repartent, comparativement à Saint-Hyacinthe ou Longueuil, où la pénurie est un enjeu, mais pas autant qu’ici. Puis tant qu’ils n’auront pas de meilleurs salaires, ils ne viendront pas. Par exemple, des étudiants en physiologie qui terminent leurs études vont davantage se tourner vers le privé puisque c’est plus alléchant pour les vacances, le salaire et les conditions », analyse-t-il.

Des moyens de pression à venir

Les représentants syndicaux sont unanimes : des moyens de pression seront mis de l’avant au cours des prochaines semaines. Déjà, des membres de l’APTS ont posé une action, le 30 mars dernier, en érigeant un faux mur devant le bureau de circonscription du ministre de la Santé, Christian Dubé.

« Des employées ont rédigé des témoignages afin d’illustrer que si on continue avec la surcharge de travail, on fonce tout droit dans un mur. C’était une des actions dans le cadre de notre plan d’intensification des moyens. D’autres actions sont à venir et on devrait en savoir plus le 15 avril sur la grève. Quand on voit que tous les votes de grève dans les différentes associations sont à plus de 90 %, ça en dit long sur la situation », conclut Émilie Charbonneau, de l’APTS.

Réaction du député Jean-Bernard Émond

« Ma collègue Sonia LeBel, présidente du Conseil du Trésor, est active aux tables de négociation avec les dirigeants des syndicats et tout est mis en œuvre des deux côtés pour en arriver à dégager une entente. J’ai confiance qu’ils vont réussir à conclure un accord qui sera acceptable autant pour les employés de l’État que pour les contribuables québécois. »

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