Selon le directeur général de la Corporation de développement communautaire (CDC) de Pierre-De Saurel, Mathieu Brochu, le nouveau couvre-feu, bien que plus court que le premier, a été reçu comme une « claque au visage » presque un an jour pour jour après celui de janvier 2021.
« C’est sûr que la fatigue et l’inquiétude sont là, admet-il. On pense entre autres aux jeunes, qui subissent encore de grosses restrictions, c’est dur pour eux. De l’intervention est faite à distance, mais ce n’est pas la même chose. L’impact de la COVID sur nos jeunes est beaucoup plus grand, c’est pourquoi on fonde beaucoup d’espoir sur le retour à l’école le 17 janvier pour les aider à socialiser et briser leur isolement. »
Dans la population en général, le DG de la CDC de Pierre-De Saurel sent une détresse de plus en plus grande. « On sent le découragement, avoue-t-il. Il y a plus de solitude, donc plus d’idées noires chez les gens. C’est une inquiétude pour nous. Il faut être attentif aux comportements des gens autour de nous et les référer aux organismes s’il y a quoi que ce soit. »
Malgré tout, M. Brochu salue le travail des organismes communautaires de la région, qui font des pieds et des mains afin d’être là pour la clientèle vulnérable.
« Les organismes sont créatifs. Ils sont beaucoup mieux organisés que lors du premier confinement. S’ils ont des employés infectés par le virus, ils peuvent les assigner au téléphone ou en aide virtuelle auprès de la clientèle. Si des ateliers restent en présentiel, les groupes sont réduits, mais plus fréquents », constate-t-il.
D’ailleurs, certains organismes communautaires ont dû se débrouiller malgré des cas de COVID-19 entre leurs murs. C’est notamment le cas à la Maison La Source, qui a dû composer avec une éclosion dans une famille avant les Fêtes. Des employés ont également été infectés.
« Ils ont fait une zone rouge, ce n’était pas évident. Certains de nos organismes sont ouverts 24/7 et ça peut même devenir difficile d’offrir des services de base quand la COVID s’invite chez eux. Heureusement, ils savent être créatifs et se débrouiller, c’est ce qu’ils font depuis près de deux ans! », commente le directeur de la CDC de Pierre-De Saurel.
Enjeu de financement
Comme lors des vagues précédentes, c’est vers les organismes communautaires que la population se tourne pour obtenir de l’aide. Toutefois, la hausse du financement tarde à arriver, ce qui complique les choses pour les organismes communautaires, dénonce Mathieu Brochu.
« On espère que le gouvernement du Québec parlera davantage d’un rehaussement de financement dans son budget à venir en mars 2022. Par exemple, un salaire moyen pour une TES [technicienne en éducation spécialisée] est de 19 $ de l’heure dans le monde communautaire, comparativement à 23 $ de l’heure dans le réseau public, sans compter tous les avantages sociaux. Ça nous met de la pression pour trouver des employés », aborde-t-il.
De plus, les besoins sont grandissants, note M. Brochu. « Par exemple, le nombre de demandes de dépannage alimentaire a explosé au G.E.S.T. (Groupe d’Entraide Sorel-Tracy) depuis son déménagement près de Saint-Joseph-de-Sorel. Il y a plus de demandes, mais les fonds ne sont pas infinis non plus. C’est pourquoi on martèle notre message : c’est bien beau dire qu’on est essentiels, mais on veut que le financement suive », conclut-il.