24 août 2022 - 06:00
Après 17 années à Yamaska
Le curé Lionel Émard prend sa retraite
Par: Katy Desrosiers

Le curé Lionel Émard prendra sa retraite le 31 août après 17 années passées à Yamaska. Photo Katy Desrosiers | Les 2 Rives ©

Le curé Lionel Émard, qui s’occupe des communautés de Yamaska, Saint-David et Saint-Gérard-Majella, prendra sa retraite le 31 août. Après 17 années ici, ce qu’il retient de son passage est le lien qu’il a créé avec les paroissiens et la confiance qu’ils lui portaient.

L’abbé Lionel Émard, 84 ans, est le plus vieux curé du Diocèse de Nicolet. Bien qu’il ait encore la forme, il croit qu’il était le temps pour lui de passer le flambeau.

« Je suis conscient qu’il y a une nouvelle approche au niveau de la pastorale qui doit être faite et je sais que si je voulais faire des changements, les gens diraient «Lionel, tu as toujours fait ça comme ça, pourquoi tu changes ça?» Alors, il faut que ce soit une nouvelle personne pour avoir quelque chose de neuf », explique-t-il.

Celui qui est prêtre depuis 1973 a entre autres étudié à Ottawa en Missiologie et à l’Université Laval en journalisme. Il a été trois ans du côté américain et trois ans au Brésil. Natif de Montréal, il a vécu longtemps à Saint-Pie-de-Guire. À sa retraite, il ira habiter dans une résidence avec d’autres prêtres retraités à Saint-Hyacinthe.

Le 28 août, il effectuera des funérailles pour une dernière fois, et ce, avec le nouveau curé Pierre Houle. Ce dernier, qui s’occupe déjà de communautés comme Saint-François-du-Lac, ajoutera celles de Yamaska, Saint-David et Saint-Gérard-Majella à son territoire puisqu’il n’y avait personne pour prendre la place de l’abbé Émard.

Le curé garde de bons souvenirs et d’autres plus douloureux de ses années dans la région. Parmi les plus difficiles, il se souvient du regroupement des paroisses. « Je voyais les gens souffrir, j’en souffrais moi aussi. Ce qui m’a fait le plus de peine, c’est qu’au niveau des confrères, pas juste ici, c’était «C’est comme ça, point final». C’est comme s’il y avait une insensibilité. Les gens voyaient ça, ce sont leurs parents, grands-parents qui avaient bâti ça », raconte-t-il.

Dans le cas de Saint-Gérard-Majella, qui a connu la démolition de son église, il avoue qu’il y a eu une sorte de résurrection. Certains avaient peur que le village ne devienne qu’un grand rang. Mais, le curé affirme qu’il s’est reconstruit quelque chose avec cet événement. Il continuait de s’y rendre en formule plus intime dans la salle communautaire.

« Je pouvais exprimer ce que je vivais et ce que je ressentais au moment des célébrations, des messes, des sermons et tout ça. Il s’est créé une communauté et pour moi, c’est ça la définition de communauté, une place où on est capable d’exprimer ce qu’on ressent », soutient-il.

Pour lui, d’avoir réussi à créer ce lien particulier avec les paroissiens des trois villages est plus qu’une fierté.

« De se savoir aimé et d’aimer, c’est ce que j’ai vécu ici. Qu’est-ce que tu peux demander de plus pour un célibataire? Dans ce sens-là, j’ai été heureux », lance-t-il en riant.

Il remercie ceux qui ont participé et organisé une célébration spéciale le dimanche 31 juillet pour souligner son départ. Il garde aussi de bons souvenirs de la célébration réalisée il y a cinq ans pour fêter son 45e anniversaire de prêtrise.

Des réflexions

Lionel Émard est conscient que l’Église vit des temps difficiles. Après toutes ces années en tant que prêtre, le mot qui lui vient en tête est échec. Il soutient que le malaise envers l’Église affecte particulièrement les communautés rurales, alors que depuis les 17 dernières années, le Diocèse de Nicolet n’a pas ordonné de prêtre. « Je pars avec une certaine tristesse. Il n’y a pas de relève et c’est comme si on n’était pas conscient au niveau ecclésial de la dégringolade. Ça vient de très loin, à partir des années 60 et 70, l’Église aurait dû se réveiller », affirme-t-il.

Le curé aborde entre autres la place des femmes dans l’Église qui aurait dû être autorisée avant. Sur la question des agressions sexuelles, notamment envers les autochtones, il croit que l’Église aurait dû se demander pourquoi elle en est arrivée là afin de ne pas perpétuer les mêmes erreurs, même s’il reconnaît qu’en ce moment, elle fait des efforts.

Dans les prochaines années, l’abbé Émard aimerait rédiger son autobiographie, poursuivre des études en psychologie et peut-être, trouver une petite communauté pour échanger librement.

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