27 septembre 2022 - 08:58
Débat pour les élections provinciales dans Richelieu
Les candidats font valoir leur programme sans feu d’artifice
Par: Alexandre Brouillard

Jean-Bernard Émond (CAQ), Marie-Ève Dionne (PCQ), Anthony Sauriol (PLQ), David Dionne (QS) et Gabriel Arpin (PQ) ont débattu sur six thèmes. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Une centaine de personnes étaient présentes lors du débat animé par André Champagne à l’auditorium Guy-Bélanger du Cégep de Sorel-Tracy, le 20 septembre. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Le libéral Anthony Sauriol (à l’avant) a critiqué à quelques reprises le gouvernement caquiste de Jean-Bernard Émond (derrière) durant la soirée. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Le péquiste Gabriel Arpin, le solidaire David Dionne et la conservatrice Marie-Ève Dionne ont par moment divergé d’opinion durant le débat. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

La présidente du Syndicat de l’enseignement du Bas-Richelieu, Lisette Trépanier, a posé une question sur l’éducation aux candidats. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Le candidat du Parti libéral du Québec (PLQ), Anthony Sauriol. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Le candidat de la Coalition Avenir Québec (CAQ), Jean-Bernard Émond. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Le candidat du Parti québécois (PQ), Gabriel Arpin. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Le candidat de Québec solidaire (QS), David Dionne. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Le candidat du Parti conservateur du Québec (PCQ), Marie-Ève Dionne. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Le débat électoral provincial présenté à l’auditorium du Cégep de Sorel-Tracy le 20 septembre n’aura pas soulevé les passions, prenant plus souvent qu’autrement la forme d’échanges cordiaux plutôt qu’un débat, mais il aura permis aux candidats de faire connaître les orientations de leur parti.

Le débat électoral a réuni cinq candidats, soit Anthony Sauriol du Parti libéral du Québec (PLQ), Jean-Bernard Émond de la Coalition Avenir Québec (CAQ), Gabriel Arpin du Parti Québécois (PQ), David Dionne de Québec solidaire (QS) et Marie-Ève Dionne du Parti conservateur du Québec (PCQ).

Durant les deux heures qu’a duré le débat, les candidats ont échangé sur six thématiques, soit les transports, la santé, l’économie, l’éducation et la famille, la gestion de la COVID-19 ainsi que l’environnement. Faisant souvent preuve de respect envers les idées de tout un chacun, les candidats demandaient même leur temps de parole, levant timidement la main, pour ne pas couper la parole à leur adversaire. Une façon de faire qui a ponctué plusieurs échanges qui ont souvent manqué de mordant.

Seule femme sur le plateau, Marie-Ève Dionne a sorti son épingle du jeu, verbalisant de façon intelligible les lignes du PCQ et ses idées pour la circonscription.

Pour sa part, le député sortant, Jean-Bernard Émond, s’est abstenu de s’immiscer dans les quelques échanges plus houleux qu’ont tenus ses adversaires. Il a profité de plusieurs minutes laissées libres par ses concurrents pour revenir sur les faits saillants de son mandat, dont l’obtention d’un appareil d’IRM pour l’Hôtel-Dieu de Sorel et la concrétisation du complexe aquatique à Sorel-Tracy.

Malgré quelques temps morts de leur part, Gabriel Arpin et David Dionne ont démontré leur maitrise des enjeux locaux à plusieurs reprises et n’ont pas hésité à parfois confronter leurs adversaires lors des périodes de questions.

Finalement, Anthony Sauriol, qui semblait bien souvent loin des enjeux de Richelieu, a partagé les grandes lignes du programme libéral, attaquant à quelques reprises M. Émond sur le dernier mandat caquiste.

Des visions contradictoires du système de la santé

Dès le début de la soirée, les candidats ont été invités à présenter leur solution pour améliorer le système de la santé québécois aux prises avec différents enjeux.

Marie-Ève Dionne et Jean-Bernard Émond ont exprimé leur vision d’un système « décentralisé » et leur souhait d’intégrer des institutions privées audit système. Le député sortant a indiqué que la réforme du système de la santé sous le PLQ a été « très dommageable ». La candidate conservatrice a même émis le souhait de combattre le « monopole » du public « parce que toute compétition force à être meilleur ».

Gabriel Arpin a alors pris la balle au bond, corrigeant Mme Dionne au passage. « Il y a une différence entre décentralisation et privatisation. La privatisation, c’est comme ça que fonctionnent les États-Unis actuellement et on ne peut pas dire que c’est un modèle à suivre ». Une rhétorique qui n’a pas plu à la candidate conservatrice qui a répondu que le PCQ se base plutôt sur les modèles français, allemand et suisse. David Dionne a alors soutenu le candidat péquiste en ajoutant que l’incursion du privé dans le système de la santé est une « catastrophe ».

Pour sa part, Anthony Sauriol a martelé que chaque citoyen de Richelieu devrait avoir un médecin de famille. « En 2018, la CAQ a promis un médecin par Québécois. À l’époque, on avait 400 000 Québécois sur la liste d’attente pour un médecin de famille et maintenant, on est rendu à près d’un million de personnes », a-t-il lancé à titre d’exemple.

Finalement, David Dionne a souligné avec stupeur l’absence de clinique sans rendez-vous dans la région, tout en émettant le souhait de restructurer le Centre local de services communautaire (CLSC), un « joyau national qu’on doit revaloriser ».

Les frasques du MTQ retiennent l’attention

Concernant les transports, les candidats ont été questionnés par rapport aux différents dossiers du ministère des Transports du Québec (MTQ) qui traînent en longueur dans la région, notamment les travaux sur le pont Turcotte.

Alors que tous les candidats ont admis que d’importants travaux au niveau des infrastructures sont nécessaires dans la région, M. Émond a vanté les trois premières années de son mandat concernant les dossiers du MTQ dans la circonscription. Il a tout de même avoué que la dernière année a été « catastrophique » à ce niveau. Il a expliqué que les différents retards de travaux sont dus à la grève des ingénieurs de l’État, qui ont récemment trouvé un terrain d’entente avec l’employeur. S’il est réélu le 3 octobre, il s’engage à exiger plus de transparence du MTQ.

Gabriel Arpin a affirmé que les pouvoirs du MTQ doivent être décentralisés pour donner plus de pouvoir aux députés afin de prendre des « décisions plus rapides et pour débloquer des budgets en conséquence selon les priorités ». Il a désigné comme modèle l’implantation des nouveaux services de la Société de transport collectif (STC) de Pierre-De Saurel comme une réussite locale en termes de transports.

M. Sauriol a souligné l’importance d’entretenir les installations actuelles au détriment de nouvelles infrastructures coûteuses, comme le « troisième lien [à Québec] ».

La perception des changements climatiques divise

En environnement, les candidats ont dû se prononcer sur la préparation de la province à l’égard des changements climatiques, tout en exposant différents moyens que leur parti souhaite adopter pour les contrer.

Concernant les émissions de gaz à effet de serre (GES), Jean-Bernard Émond a souligné les bonnes performances du Québec comparativement aux autres provinces canadiennes et aux états américains. Il croit que ces succès sont dus à l’hydroélectricité.

David Dionne n’a pas ménagé ses critiques à l’égard des affirmations de M. Émond. Selon lui, il compare le Québec à « deux cancres de la lutte aux changements climatiques ». Il souhaite que la province adopte des mesures plus draconiennes et qu’elle se compare plutôt aux premiers de classe de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), soit la France et même la Suisse.

Marie-Ève Dionne a immédiatement questionné le candidat solidaire sur les sacrifices que les Québécois devront faire pour respecter le plan vert de QS. Cette dernière croit que les changements climatiques sont plutôt des enjeux planétaires.

Gabriel Arpin a assuré que le PQ a le meilleur projet environnemental. Localement, il s’est engagé à aider les agriculteurs dans leur transition environnementale.

Son adversaire libéral a mentionné l’importance de conjuguer environnement et économie pour le futur du Québec.

La gestion de la COVID-19 critiquée

Concernant la pandémie, les candidats s’entendaient tous à dire qu’elle a été néfaste pour les commerçants locaux. De plus, tous les candidats, sauf M. Émond, ont admis que la CAQ aurait dû agir avec plus de transparence dans sa gestion de la pandémie qui a été chaotique.

« On s’est fait dire que ça allait bien aller, mais ça ne s’est pas super bien passé finalement », a lancé le candidat solidaire, précisant que la Santé publique devrait être indépendante du gouvernement. Un souhait partagé par son adversaire conservatrice.

Alors qu’il aurait souhaité une gestion régionale de la pandémie, Gabriel Arpin s’est dit désolé d’avoir vu les commerçants locaux fermer leurs portes et de voir des géants américains comme Walmart faire encore plus de profits.

Jean-Bernard Émond a appelé à la prudence concernant les jugements relatifs à la gestion de la pandémie. Il s’est dit fier de la CAQ et de la Santé publique lors des dernières années.

Éducation et famille

Tous les candidats ont admis que le système d’éducation québécois présente certaines lacunes, alors que les enseignants se font de plus en plus rares.

Pour attirer de nouvelles personnes dans la profession, Marie-Ève Dionne a affirmé que les écoles devraient avoir plus d’autonomie et de budget et que les directeurs devraient bénéficier de plus de pouvoir décisionnel.

Les candidats péquiste et libéral ont soutenu que l’augmentation de salaire des enseignants n’est pas la seule solution. Gabriel Arpin a émis la nécessité d’augmenter le nombre de spécialistes dans les écoles, alors qu’Anthony Sauriol assure que son parti favorisera la formation des enseignants.

Finalement, les candidats ont soutenu que les places en garderie devraient être augmentées pour que des parents puissent retourner sur le marché du travail et ainsi contrer la pénurie de main-d’œuvre.

L’économie et la pénurie de main-d’œuvre

Concernant l’économie, les candidats ont été invités à donner des solutions pour contrer la pénurie de main-d’œuvre.

Parmi les solutions soulevées par les candidats, David Dionne et Gabriel Arpin veulent augmenter le salaire minimum, Marie-Ève Dionne et Anthony Sauriol désirent instaurer des incitatifs pour que des travailleurs retraités reviennent sur le marché du travail et Jean-Bernard Émond avance que les solutions passent par la formation et la requalification des travailleurs.

L’augmentation de l’immigration et la régionalisation de celle-ci ont aussi été nommées par les candidats solidaire et caquiste.

Les citations marquantes du débat

Gabriel Arpin, Parti québécois (PQ)

« Je voulais être certain d’avoir bien compris M. Émond. Donc la raison pourquoi les routes de la région ne sont pas belles et que le pont Turcotte ne se règle pas, c’est à cause qu’un syndicat d’ingénieurs fait retarder les projets? Donc c’est la faute des travailleurs si le gouvernement est incapable de répondre à l’attente des citoyens? C’est bien ça que j’ai compris? »

« Au courant de la pandémie, […] on a délaissé les entreprises locales pour laisser Walmart qui est une multinationale américaine faire encore plus de profits. »

David Dionne, Québec solidaire (QS)

« Concernant le MTQ, […] c’est difficile pour moi de me prononcer sur ces enjeux-là compte tenu que je n’ai pas eu ces dossiers entre les mains. […] On ne peut que faire des interprétations de la situation, car on ne peut pas dire que ç’a été les dossiers les plus transparents. »

« J’ai fait la promesse à mon garçon que j’allais tout faire pour lui donner le meilleur avenir possible. Jean-Bernard vous dit «Continuons», moi je vous dis qu’il est grand temps de changer d’ère. »

Marie-Ève Dionne, Parti conservateur du Québec (PCQ)

« Les gens n’ont pas accès aux soins présentement. J’ai beaucoup plus peur de ne pas me faire soigner que d’essayer une réforme, quelque chose de différent. On fait la même chose depuis 40 ans, je pense qu’il est temps d’essayer quelque chose de nouveau. »

« C’est plus de transparence que l’on exige. Ce n’est pas de dire que plus personne ne met un masque si l’on est en danger. On n’est pas fou non plus. […] Il y en a qui l’on vécu plus durement d’être en isolement. Je crois qu’il y a une façon plus humaine de gérer une pandémie. »

Anthony Sauriol, Parti libéral du Québec (PLQ)

« M. Émond, j’ai du mal à comprendre comment vous pouvez prononcer les mots «Je suis fier» avec ce que l’on a vécu dans la pandémie, avec la femme qui a dû être transportée en dehors de l’hôpital pour donner naissance. Vous chialez sur la réforme Barrette. Ce n’était pas parfait, mais à l’époque, on avait besoin de changer les choses pour le système de santé. »

« La pénurie de main-d’œuvre, c’est un réel frein à notre économie. On a presque 240 000 emplois à combler partout au Québec, il faut s’y attaquer. Contrairement à la CAQ qui pense qu’une pénurie de main-d’œuvre est une bonne nouvelle, on n’est pas d’accord. […] Ce n’est pas en niant ce problème que l’on trouve des solutions. »

Jean-Bernard Émond, Coalition Avenir Québec (CAQ)

« On me dit au MTQ que les ingénieurs sont de retour à la table à dessin. Ils vont nous revenir avec une proposition pour faire enlever ce foutu serpentin [aux abords du pont Turcotte]. »

« Je suis très fier de plusieurs projets de modernisation à l’Hôtel-Dieu de Sorel, dont un appareil d’imagerie par résonance magnétique de 6 M$ qui était destiné à s’en aller à Longueuil. J’ai essuyé deux refus de l’appareil gouvernemental avant d’être en mesure, avec mon équipe, de travailler très fort pour l’avoir ici. »

Avec la collaboration de Stéphane Martin.

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