Cette aide financière survient après que des images aient fait le tour des réseaux sociaux. On y voyait un itinérant couché le long du mur de la bibliothèque Le Survenant. « Ça fait 16 ans qu’on s’occupe de l’itinérance dans la région, on voit ça venir depuis longtemps et cette année, c’est encore pire », déplore la directrice générale de la Porte du Passant, Marie-Josée Averill.
Cette dernière a discuté de cette problématique avec le député Jean-Bernard Émond et le maire de Sorel-Tracy Patrick Péloquin au cours des derniers jours. Comme l’organisme était ouvert seulement pour trois nuits, soit du mardi au jeudi, elle leur avait demandé une aide financière ponctuelle afin d’ouvrir pour les quatre autres nuits, du moins pour l’hiver.
Avec le montant de 28 000 $ de la Ville et de 12 000 $ du député, l’organisme pourra maintenant offrir ses services de gîte aux personnes en situation d’itinérance sept jours sur sept durant la période hivernale. Aussi, la Porte du Passant pourra embaucher environ six employés, lancer un projet pilote et récolter des données afin de prouver au gouvernement que le besoin d’ouvrir de nuit du lundi au dimanche est réel.
La directrice générale pousse donc un soupir de soulagement. « Nous sommes ravis d’être entendus et considérés à travers notre expertise. Cette première entente sera bénéfique aux citoyens de la région Sorel-Tracy qui sont malheureusement à la rue », se réjouit-elle.
Des besoins criants
Avant l’annonce des subventions, Mme Averill martelait que les besoins étaient présents dans la région et que l’embauche de personnels qualifiés étaient nécessaires pour que l’organisme soit ouvert toute la semaine.
« On a déjà 14 lits et ils sont toujours occupés. On a en plus six lits pliants qu’on sort souvent. Le besoin est là. Les gens ne le savent pas, mais des itinérants dorment dans des cabanons à Sorel-Tracy, faute de place. Les policiers qui interviennent auprès d’eux ne savent pas où les envoyer la fin de semaine. Ils vont peut-être les garder dans l’autopatrouille pendant 10 ou 15 minutes pour les réchauffer. Sinon, ils ne peuvent plus aller dans les Tim Hortons ou se tenir près des guichets automatiques de caisses. C’est vraiment un fléau », avait exposé Mme Averill avant l’octroi des subventions.
Est-ce qu’il aura peut-être fallu une photo sur les réseaux sociaux pour conscientiser la population? « Peut-être, mais nous, ça fait longtemps qu’on en parle. Quand j’ai vu M. [Jocelyn] Mondou [le conseiller municipal] demander sur Facebook aux citoyens de lui suggérer des endroits où pourraient loger ces individuels sans foyer pendant l’hiver, je n’ai pas pu m’empêcher de lui répondre qu’un organisme comme le nôtre existe sur le territoire. Notre personnel est qualifié, on a une expertise solide, notre lieu est sécuritaire et on a tout ce qu’il faut. »
Avoir de la compassion
Le maire de Sorel-Tracy, Patrick Péloquin, a vu comme tout le monde les images circuler sur les réseaux sociaux. Durant sa campagne électorale, il a même rencontré Mme Averill et son équipe pour s’enquérir de leur situation.
Quelques jours plus tard, il se félicite du travail d’équipe des partenaires et de la proactivité du conseil municipal : « Nous avons la responsabilité, en tant qu’élus, mais d’abord en tant que citoyens, de faire preuve de compassion et d’aider les plus vulnérables de notre région. Nous espérons que cette aide permettra de soulager leur souffrance pour les mois d’hiver. Il faut maintenant trouver une solution à long terme avec nos partenaires », explique M. Péloquin.
Bien au fait de la problématique d’itinérance dans la région, Jean-Bernard Émond se réjouit de pouvoir aider la Porte du Passant. « Le phénomène de l’itinérance prend malheureusement de l’ampleur partout au Québec et notre région n’y fait pas exception. Nous pouvons heureusement compter sur des organismes tels que la Porte du Passant et il est donc important pour moi de leur permettre de venir en aide aux personnes les plus vulnérables de notre communauté. Ainsi, je salue le travail de concertation rapide des partenaires du milieu. La lutte contre l’itinérance, c’est l’affaire de tous », mentionne-t-il.