Récemment, un auteur autochtone soulignait l’importance de nommer les gens, les lieux, la faune, la flore, bref, tout ce qui nous entoure, le monde matériel et immatériel. Les nommer, c’était reconnaître leur existence; leur permettre de sortir de l’anonymat.
Pour s’identifier, il y a le nom, le prénom et parfois, ça ne suffit pas, on reçoit un surnom, donné par notre entourage. Le surnom se rapporte souvent à un trait de caractère, une particularité physique, une qualité ou un signe particulier. D’ailleurs, de nombreux noms de famille, tels que Latraverse, Capistran et autres descendants de Paul Hus, étaient à l’origine des surnoms ou noms « dits » comme Hus dit Beauchemin.
Il en est de même pour de nombreux noms typiquement québécois. C’était au départ des surnoms ou noms « dits » par exemple : Bellefleur, Despins, Carrière, Laviollette, Ladouceur, Lapointe, Lamoureux, Ladébauche, etc.
À ne pas confondre avec les « non-dits », un autre sujet délicat.
J’ai fait l’exercice de me rappeler les surnoms de personnages sorelois en englobant toutes les municipalités environnantes dont le nom se termine par la particule -de Sorel. Ce qui m’inspire une portion éditoriale : on va-t’y finir par le faire adopter officiellement le gentilé des Sorelois? Me semble que c’est moins compliqué que d’abolir le serment au roi Charles III d’Angleterre. Avez-vous hâte d’y voir la face sur vos vingt piastres? Moi, non. Ok, on se calme!
Certains titulaires de ces trouvailles linguistiques sont disparus et d’autres encore bien vivants. C’est une ode à la culture populaire, à la langue de tous les jours, à ces mots parfois sortis d’on ne sait d’où. Se rappeler ces surnoms, c’est plonger dans l’histoire non officielle, celle qui se raconte, qui s’invente et se réinvente comme une histoire de pêche. Ils ne sont pas dans le dictionnaire des noms propres, mais chacun a une histoire qui lui est propre, haute en couleur, savoureuse et unique.
Alors, en voici un florilège désordonné : Ti-Pois, Ti-Boutte, Ti-Frère, Tite-Cruche, Tout-Nu, Dada, Dzidille, Faff, Tailleux, Bogers, Souris, Froutte, Bedo, Gros Narss, Pickle, La Bine, Guerda, Seusseux, Gros Bras, Gros Gras, La Lune, Marteau, Nimus, Farfadet, Chinois, Palette, Dieu-Dieu, Le Stud, Gras-Doux, Pesto, Cantine, Pourri, Pointu, PanPan, PinPin, Abdou, Baguette, Balai, Tomate, Pit, Bidou, Le Père, Gros Chien, Trente-Sous, Tourlou, Le Beigne, La Couette, Ti-Velours, Dambé, Ti-Wiss, Cénarff, Snorky, Mousty, Fanta, Fred Caillou, Bigou, Pataud, Toasté, Kitou, Zabu, Zaille, sans oublier les classiques Pitou, Minou, Michou, Ti-Poil, Ti-Coune, Ti-Noir, Pépé, L’Gros, L’Grand, L’Vieux, Ti-Poux, Ti-Nomme, Tati, Will, Ti-Cul et bien d’autres plus osés que je m’abstiendrai d’énumérer.
Enfin, toujours dans le but d’égayer vos soirées familiales, vous pouvez jouer à inventer un nom de famille composé comme c’était à la mode dans les années 80; comme le célèbre Lebœuf-Hachey.
Vous pouvez pousser le niveau de difficulté d’un cran en supposant que cette génération a conservé la coutume pour nommer leur progéniture, par exemple Lemoine-Allaire-Hétu-Guay (‘scusez-la).
Amusez-vous sans vous crier des noms. On se retrouve l’année prochaine ‘fant-de-chienne.