24 janvier 2023 - 08:31
Un jeune miraculé livre un témoignage percutant sur la vitesse au volant
« Je me sentais invincible sur la route » – Louis-Charles Grégoire
Par: Jean-Philippe Morin

Louis-Charles Grégoire, qui a maintenant deux longues cicatrices sur la tête, s’en est sorti sans séquelles. Photo gracieuseté

Le jeune homme de 19 ans a été aux soins intensifs du 9 novembre au 1er décembre. Photo gracieuseté

Sa famille était très heureuse de le retrouver à Noël. Photo gracieuseté

Mercredi 9 novembre 2022, 22 h 30. Louis-Charles Grégoire revenait de chez ses amis à Saint-Denis-sur-Richelieu et se dirigeait à la maison, à Saint-Ours. Il venait de se chicaner avec son ex et il avait l’habitude de rouler vite sur la route. À 22 h 37, tout s’éteint.

Quelques jours plus tard, le jeune homme de 19 ans se réveille du coma. Tout ce dont il se souvient, c’est la phrase qu’il s’est dite en perdant le contrôle de sa voiture : « Bon, j’suis mort ».

On lui raconte alors qu’il a subi un accident sur le chemin des Patriotes. « J’ai tout de suite demandé si j’ai frappé quelqu’un. J’ai embouti deux chars stationnés, ça m’a soulagé », raconte le jeune homme.

Sans détour, Louis-Charles Grégoire admet qu’il aime la vitesse. « Je ne me souviens de rien, mais j’aimais rouler vite. Je devais être fâché de la chicane avec mon ex, alors j’ai pesé sur le gaz. Je faisais tout le temps ça. J’étais dangereux pour moi et pour les autres », avoue-t-il.

Le jeune miraculé a vu une vidéo de son accident filmé par une caméra de surveillance d’une maison. « Je devais rouler 170 ou 180 km/h facile. On voit le char planer dans les airs et emboutir les autos stationnées. Ce n’est pas beau à voir. »

Très chanceux

En entrevue, le jeune homme n’a aucune difficulté d’élocution. Deux mois après ce grave accident, il parle comme avant, bouge presque comme avant et il se dit même prêt à travailler bientôt. « J’ai joué au hockey pour la première fois lundi [le 16 janvier]. Ce n’était pas comme avant, je me suis mis une limite, mais c’est vraiment encourageant pour la suite. »

Au départ, les médecins ne lui donnaient que 20 % de chances de survie. C’est la tête qui a encaissé tout le choc; aucun autre membre n’a été fracturé. Louis-Charles Grégoire s’est fait enlever des os de la tête pour faire descendre la pression, si bien que son crâne était difforme. Il s’est aussi fait vider les poumons puisqu’il s’était vomi dans le corps. Tout ce qu’il reste, ce sont deux longues cicatrices sur le dessus de la tête qui ne paraîtront plus quand ses cheveux repousseront.

« Je n’ai pas de séquelles. Je suis comme avant. C’est un miracle… Avant, je ne croyais pas au concept d’anges-gardiens, mais maintenant oui. Quand j’avais des hallucinations à cause du fentanyl qu’ils me donnaient, j’ai vu quatre fois mon grand-père, qui est décédé aujourd’hui. Je me suis accroché à la vie grâce à lui. J’étais très bien entouré aussi avec ma famille et mes amis, j’ai eu de la visite tous les jours à l’hôpital. »

Des conférences dans les écoles

À plusieurs reprises au cours de l’entretien, Louis-Charles parle de la chance qu’il a d’être en vie. De la leçon qu’il a eue. Il veut se servir de son expérience pour sensibiliser les autres. Il a approché l’École secondaire Fernand-Lefebvre pour faire des conférences auprès des jeunes afin de parler de la vitesse au volant et des risques qui y sont associés.

« Je me sentais invincible sur la route. Dans ma vie, je me suis poussé de la police cinq ou six fois en char. Mon accident est arrivé un mois jour pour jour après celui de Saint-Robert [qui a fait trois morts]. Je connaissais les jeunes qui sont décédés, et pourtant, ça ne m’a pas allumé de cloche. Je me disais toujours que ça ne pouvait pas m’arriver à moi. Le message que je veux envoyer aux jeunes, c’est : «pensez-y à deux fois avant d’accélérer. Ne vous sentez pas invincibles». »

Vivre sa passion autrement

La plus grande passion de Louis-Charles et de plusieurs de ses amis est la vitesse. Il n’était pas rare qu’ils sortent leur bolide simplement pour courser dans les rues. Aujourd’hui, aucun de ses amis ne dépasse la limite. « Cet accident-là, c’est ironique à dire, mais c’est ce qui m’a sauvé la vie, ou même ce qui a sauvé la vie d’autres personnes. J’ai déjà atteint les 250 km/h, ça n’aurait pas pardonné », lance Louis-Charles.

Un de ses projets, avec ses amis, est maintenant de faire une équipe de « drag racing » afin de continuer sa passion des courses, mais dans un environnement sécuritaire. Ces courses sont effectuées à pleine vitesse, mais en ligne droite, dans un circuit fermé, par exemple à Sanair, au Napierville Dragway, à ICAR Mirabel ou en Beauce. « Ça me permettrait de garder ma passion sans être dangereux pour les autres. Je vais pouvoir conduire cet été et la vitesse sur les routes, c’est fini pour moi. C’est en piste que je vais rouler vite et nulle part ailleurs », conclut-il.

image
image