7 février 2023 - 08:36
Diner du maire 2023
Une période de questions houleuse
Par: Alexandre Brouillard

Les hommes d’affaires Roger Bibeau et Alain Goulet (respectivement deuxième et quatrième à partir de la gauche) ont longuement questionné Patrick Péloquin devant la centaine de convives présents au diner. Photo Philippe Manning

La période de questions lors du « Diner du maire 2023 » jeudi midi a pris une tournure inattendue lorsque des hommes d’affaires bien connus dans la région ont bombardé de questions le maire de la Ville de Sorel-Tracy, Patrick Péloquin, quant au modus operandi pour rencontrer les élus concernant des projets immobiliers. Si bien que l’ambiance a failli tourner au vinaigre.

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L’homme d’affaires et mécène Alain Goulet, bien connu pour avoir cofondé la chaîne de magasins Sports Experts, a rappelé l’importance des gens d’affaires pour le développement d’une ville. Il a avancé que sans leur apport et celui du gouvernement au tournant du XXe siècle, Sorel-Tracy serait encore une ville de 20 000 habitants. Selon lui, elle doit rallier le plateau des 50 000 habitants si elle souhaite atteindre tous les objectifs fixés pour 2030.

Il a donc partagé les difficultés vécues par des gens d’affaires, qui souhaitent bâtir de nouveaux bâtiments, à rencontrer la direction ou les élus. Pour M. Goulet, cette lourde bureaucratie peut « mettre un frein » aux gens d’affaires qui veulent faire du développement et investir à Sorel-Tracy.

« Je veux juste vous rappeler que ce seront les gens d’affaires qui vont en partie amener votre population à 50 000 », a-t-il prévenu.

Roger Bibeau, qui a notamment été propriétaire pendant 30 ans des RONA à Sorel-Tracy et Contrecœur, a renchéri en soutenant qu’il est impossible d’obtenir un rendez-vous avec la conseillère du district Pierre-De Saurel Dominique Ouellet pour « comprendre le futur concernant certains développements et secteurs ».

« Comment peut-on bâtir des collaborations ensemble si on ne peut pas parler à nos élus? », a-t-il questionné.

Patrick Péloquin a alors rappelé l’existence de la Loi sur la transparence et l’éthique en matière de lobbyisme au Québec. « Quand on est un promoteur privé et que l’on veut rencontrer quelqu’un qui détient une charge publique comme un élu, il faut obligatoirement être enregistré au registre des lobbyistes. Ensuite, il faut prendre rendez-vous et s’inscrire au registre des rencontres à l’hôtel de ville. Il n’y a pas de rencontre impossible, c’est juste qu’il faut absolument les faire dans les règles de l’art », a-t-il expliqué.

« Vous savez, si on veut réussir en affaires, il ne faut pas s’enfarger dans les fleurs du tapis. Il faut marcher droit et respecter les règles », a rétorqué Roger Bibeau, visiblement dérouté par les réponses du maire.

Patrick Péloquin a alors rappelé le fonctionnement de la ville par le système d’appel d’offres pour mettre en branle des projets, tout en précisant que des employés municipaux, au Service d’urbanisme ou à la direction générale, peuvent répondre à des questions sur des projets en particulier.

« C’est peut-être juste un changement de comment on faisait les choses autrefois et puis maintenant comment on doit faire les choses, a avancé le maire. Mais la Ville va toujours tisser des liens avec sa classe d’affaires parce que c’est important. »

Alain Goulet a rétorqué n’avoir jamais entendu parler de lobbyisme dans la région avant l’arrivée en poste de Patrick Péloquin.

« C’est donc dire que la loi n’a pas été respectée précédemment », a lancé le maire sans détour.

La mairesse de Contrecœur interpellée

Vraisemblablement vexé par les réponses du maire, Alain Goulet a interpellé la mairesse de Contrecœur, Maud Allaire, qui assistait au diner du maire, pour savoir si la ville voisine fonctionnait comme son homologue sorelois.

« Dans toutes les villes, c’est comme ça, a-t-elle dit, surprise de se retrouver sous les feux des projecteurs. Je ne rencontre jamais personne seule dans mon bureau. […] Il faut qu’on se protège en tant qu’élu, mais on veut construire et avancer avec vous. »

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