Cela pourrait bientôt être chose faite, alors qu’une pétition demandant son intronisation circule actuellement. C’est l’organisme Hockey Nova Scotia qui est derrière la missive intitulée « Paris to Toronto », qui a été lancée plus tôt cette année.
Talentueux hockeyeur né en 1946 à Windsor, en Nouvelle-Écosse, John Paris Jr a joué son hockey junior québécois dans les années 60, après avoir été repéré par nul autre que Scotty Bowman. C’est lorsque sa carrière de hockeyeur a subitement pris fin en 1969 à cause de la maladie que sa légende s’est réellement construite en tant qu’entraîneur.
« La fin de ma carrière de joueur a été le début d’une très belle aventure », a-t-il confié par téléphone à notre journaliste.
Réel pionnier, il a pavé la voie aux Noirs et aux francophones dans le monde du hockey. En cours de route, il est entré dans l’histoire à d’innombrables reprises. Il a été le premier entraîneur noir de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), le premier dépisteur noir de la Ligue nationale de hockey (LNH), le premier directeur général noir du hockey professionnel et le premier entraîneur-chef noir du hockey professionnel.
La pétition l’a pris par surprise. « Hockey Nova Scotia m’a prévenu 45 minutes avant d’en faire l’annonce publique. Je croyais que c’était une blague. Quand j’ai réalisé que c’était vrai, j’étais humble. […] On fait du sport pour aider le jeu et les athlètes, pas pour les reconnaissances », confie M. Paris en direct de son domicile à Fort Worth, au Texas.
« Sorel, c’est chez moi »
Arrivé relativement jeune à Sorel, John Paris Jr attribue son amour pour le coaching à son père et à l’ancien directeur des loisirs de Saint-Joseph-de-Sorel, Charlemagne Péloquin.
« Charlemagne m’avait demandé de coacher dans les années 70. Ce sont donc les jeunes de Saint-Joseph qui m’ont mis sur la map. Il n’y a pas de John Paris Jr, s’il n’y a pas Saint-Joseph », affirme l’entraîneur avec humour.
À Sorel, il a entraîné plusieurs équipes de différents calibres. Il a gravi les échelons un à un pour se retrouver rapidement derrière le banc de l’équipe Midget AA de la région. Selon ses dires, il a été choyé de pouvoir entraîner plusieurs joueurs talentueux. « Sorel était remplie de bons joueurs », assure M. Paris.
C’est en 1987 qu’il s’est réellement fait un nom lors de sa première année en tant qu’entraîneur-chef des Riverains du Richelieu. À sa première année derrière le banc de la formation soreloise, les Riverains ont connu une saison du tonnerre, remportant la Coupe Air Canada (maintenant Telus), remise à l’équipe championne canadienne. Cette même année, John Paris Jr a été nommé meilleur entraîneur du circuit.
« Sorel, c’est chez moi! J’ai joué pour les Éperviers et j’y ai vécu jusque dans les années 2000. Beaucoup de membres de ma famille y sont toujours », mentionne-t-il avec un brin de nostalgie dans la voix.
Une carrière remplie de succès
Après son unique saison à la barre des Riverains, John Paris Jr est devenu l’entraîneur-chef des Bisons de Granby dans la LHJMQ. À la même époque, il partageait son temps avec ses fonctions de dépisteur pour les Blues de Saint-Louis dans la LNH.
À la suite d’un passage d’une saison avec le Lynx de Saint-Jean-sur-le-Richelieu, John Paris a fait le saut au hockey professionnel en 1993-1994 avec les Knights d’Atlanta dans la défunte International Hockey League (IHL). À sa première saison avec le club-école du Lightning de Tampa Bay, il a remporté la Coupe Turner.
Puis, après trois saisons à Atlanta, John a entraîné les Whoopee de Macon dans la Central Hockey League (CHL), de 1996 à 1999.
Durant sa carrière, John a entraîné plusieurs joueurs de renom qui cumulent plusieurs matchs en LNH, dont Normand Rochefort, Gérard Gallant, Philippe Boucher et José Théodore.
Briser les barrières
Questionné quant aux nombreuses barrières qu’il a brisées durant sa carrière d’entraîneur, John Paris Jra plutôt préféré partager ses histoires de hockey.
Il a néanmoins admis que la vie n’était pas toujours facile pour les Noirs dans les arénas, lors de son passage au Midget AAA. Bouteille d’eau lancée à la tête et crachats en sa direction étaient chose courante.
Après son championnat en IHL, l’un des copropriétaires des Knights lui avait confié que sans cette victoire, plusieurs Noirs n’auraient sûrement pas eu l’occasion de devenir entraîneurs.
« Je suis noir par nature, mais je suis devenu entraîneur par choix. J’espère non seulement avoir aidé les personnes de couleur, mais aussi les francophones parce que j’ai vu des préjugés contre eux. J’espère avoir aidé à faire avancer leur cause. C’est important parce que dans ces années, c’était difficile de monter les échelons au hockey pour les Noirs et les francophones », explique-t-il.
Vivant aujourd’hui au Texas, John est encore actif dans le monde du hockey, notamment comme ambassadeur pour la LNH et dans le programme Hockey is for everyone.
En date du 10 février, la pétition avait cumulé 1224 signatures. Elle est disponible ici.