Ils étaient une vingtaine, divisés dans deux classes, à suivre une brève formation afin d’entreprendre leur cheminement professionnel à titre de préposés aux bénéficiaires dans les installations de la région de Sorel-Tracy.
Arrivés depuis environ un mois au Québec, ils ont déjà commencé la formation d’Intégration à la profession infirmière au Québec au Cégep de Sorel-Tracy. Rappelons que ce projet, mis en place par le gouvernement du Québec, vise à accroître le recrutement dans le domaine des soins infirmiers.
La semaine dernière, à l’hôpital, trois d’entre eux ont bien voulu se confier à notre journaliste. Jeanne Brenda Heles, Reine Balbine Dzitouo et Guy Bertrand Bouache sont unanimes : la communauté soreloise les accueille très bien jusqu’à présent.
Originaire du Cameroun, Jeanne Brenda Heles a déposé ses valises le 20 janvier à Sorel-Tracy et elle se sent déjà comme chez elle. « Mon adaptation au Québec se passe bien jusqu’à présent, confie-t-elle, en esquissant un large sourire. Je dois seulement m’adapter au froid et à la neige. Mais j’étais impressionnée par la structure [de l’hôpital] où tout est bien organisé. »
L’adaptation se déroule également bien pour Reine Balbine Dzitouo. « L’accueil est chaleureux et dépasse mes attentes. […] Maintenant, si je veux donner de bons soins en tant qu’infirmière, je dois être ouverte à l’apprentissage », mentionne la Camerounaise.
Même son de cloche du côté du Camerounais Guy Bertrand Bouache, qui est venu à Sorel-Tracy avec sa femme, elle aussi dans le programme, et leurs quatre enfants. « Pour le moment, ça va. Nous nous adaptons au fur et à mesure. L’accueil est chaleureux », soutient-il.
Étudier et travailler
Les 20 infirmiers immigrants doivent suivre une formation d’appoint d’une durée d’un an à temps plein au Cégep qui leur permettra notamment d’adapter leurs connaissances et leurs techniques de travail à la réalité québécoise.
Du lot, 10 personnes ont pour l’instant décidé de travailler comme préposés aux bénéficiaires cette année – pour un maximum de 20 heures par semaine – en même temps de suivre la formation. Le directeur adjoint des activités hospitalières de l’Hôtel-Dieu, Sylvain Boisvert, espère que les 10 autres travailleront également quelques heures comme préposé. « Il n’y a aucune obligation parce que la formation au Cégep est primordiale », précise-t-il.
Jeanne Brenda Heles a décidé de travailler quelques heures par semaine comme préposée. Elle souhaite profiter de cette occasion pour s’adapter graduellement au réseau de santé québécois afin d’offrir les soins appropriés, comme préposée puis ultimement comme infirmière.
« C’est un peu compliqué parce que chez moi, j’étais infirmière. Je dois apprendre les tâches d’une préposée et comprendre le système. Ce sont beaucoup de nouveautés, mais je suis encouragée de pouvoir travailler durant mon année de mise à niveau. Je vais pouvoir me familiariser avec l’hôpital et être plus à l’aise lorsque je travaillerai comme infirmière », explique-t-elle.
Pour Amélie Boissiroy, conseillère pédagogique aux attestations d’études collégiales au Cégep, il s’agit d’une occasion en or de s’adapter à leur nouveau milieu de travail. « Bien qu’il ne s’agisse pas du travail d’infirmier à proprement parler, travailler à titre de préposés aux bénéficiaires dès le début de leur formation scolaire plonge les étudiants dans leur futur environnement de travail. […] Ils se familiarisent non seulement aux techniques utilisées dans les centres hospitaliers québécois, mais acquièrent rapidement le vocabulaire technique employé sur le terrain », indique-t-elle.
Une fois la formation réussie, les personnes étudiantes seront embauchées à titre de candidats à l’exercice de la profession infirmière (CEPI) en attendant de passer l’examen de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ).
Des défis au quotidien
Alors que plusieurs partenaires ont mis la main à la pâte pour concrétiser le projet, les trois personnes rencontrées ont toutes souligné l’aide offerte par le Cégep de Sorel-Tracy, le CISSS de la Montérégie-Est et L’Orienthèque. Malgré cette aide, des défis demeurent.
Plus que reconnaissant de l’aide obtenue jusqu’à présent, Guy Bertrand Bouache se désole toutefois de ne pas être en mesure de trouver une garderie pour ses enfants. « Aujourd’hui, nous devons suivre notre formation à l’hôpital, mais nous n’avons pas de garderie pour nos enfants. On a des enfants qui sont habitués d’aller à l’école, ça devient donc difficile de rester à la maison. Pour l’instant, nous devons faire avec le mari d’une collègue dans le programme. Sur le plan psychologique, c’est déstabilisant », explique-t-il, espérant trouver une solution.
Pour Jeanne Brenda Heles et Reine Balbine Dzitouo, le principal défi est actuellement de s’adapter à la culture québécoise.
« Il y a beaucoup de différences, mais je l’apprécie déjà », confie Jeanne Brenda.
« C’est normal de vivre le choc. L’aide des organismes nous aide beaucoup. On est venu pour rester, on n’est pas venu pour retourner. L’idée même de retourner est en train de disparaître parce qu’on s’intègre bien », conclut Reine Balbine.