18 avril 2023 - 08:23
Propriétaires de chalets insatisfaits
Le ton monte au conseil municipal de Yamaska
Par: Alexandre Brouillard

Le 11 avril, lors de la dernière séance du conseil municipal de Yamaska, la tension était palpable durant la période de questions. Photo Alexandre Brouillard | Les 2 Rives ©

La chaussée du rang de la Pointe-au-Nord-Est est parsemée de trous. Photo tirée de Facebook

Insatisfaits de l’entretien du rang de la Pointe-du-Nord-Est à Yamaska, plusieurs propriétaires de chalets ont bombardé le conseil municipal de questions, le 11 avril dernier. Ils sont toutefois demeurés sur leur faim, alors que les élus municipaux ont été avares de réponses et de commentaires, soulevant l’ire de la quarantaine de personnes amassées dans la salle Léo-Théroux.

Les nombreuses questions des propriétaires portaient principalement sur l’état lamentable de la route qui, selon eux, met en danger la sécurité des résidents. Ils ont aussi reproché au conseil municipal d’utiliser de l’asphalte recyclé, de ne pas travailler pour amener l’eau et l’égout jusqu’au bout de la Pointe et d’être incohérent concernant le prix des permis de roulotte.

« Vous avez l’air de vous en sacrer des chalets! Vous vous en câlicez. Ça n’a pas de bons sens », a lancé un propriétaire aux élus lors de la période de questions.

Le mutisme des élus maskoutains n’a fait qu’attiser la situation, alors que depuis plusieurs jours, certains propriétaires partagent leur mécontentement sur le groupe privé Facebook Chalets du nord-est.

Le 11 avril a donc été la goutte qui a fait déborder le vase. Rapidement, les gens sur place ajoutaient leur grain de sel sans prendre le micro, se coupant allégrement la parole.

Des permis de roulottes qui passent de travers

Propriétaire d’un chalet situé sur le rang de la Pointe-du-Nord-Est depuis plusieurs années, comme son père et son grand-père avant lui, Steve Dillaire en avait long à dire au conseil municipal et particulièrement à la mairesse Diane De Tonnancourt.

Il a notamment reproché au conseil d’imposer aux propriétaires le paiement d’un permis pour accueillir des roulottes sur leur terrain. Permis qui est passé de 200 $ à 400 $ l’an dernier.

« Vous ne trouvez pas ça cher 400 $, a-t-il lancé. […] C’est 100 % d’augmentation en un an. Pourquoi ceux qui ont reçu des contraventions cette année, elles étaient à 200 $, plus les frais, donc 279 $? Donc, ils sauvent 130 $ de ne pas avoir pris de permis. Pourquoi? […] Ça m’a coûté 400 $ et je n’ai aucun service, je n’ai pas d’eau et pas de toilette. »

Visiblement irritée par l’insistance de M. Dillaire, la mairesse a tout simplement répondu qu’un terrain de camping coûte plus cher. « On a enregistré. Je ne peux pas vous répondre ce soir », a-t-elle laissé tomber en guise de conclusion sur ce sujet.

Asphalte recyclé

Steve Dillaire a ensuite reproché à la municipalité d’avoir utilisé de l’asphalte recyclé au lieu de renouveler le pavage du rang. Il a même confié avoir arraché un fil électrique d’Hydro-Québec l’été dernier avec son bateau parce que la municipalité augmente constamment la hauteur du rang en apposant l’asphalte recyclé. « Vous mettez 10-12 pouces de pierres, les fils ne remontent pas. Hydro-Québec ne relèvera pas les poteaux comme tu [Diane De Tonnancourt] m’as dit, c’est impossible », a-t-il avancé.

Diane De Tonnancourt a alors répondu que cette pratique avait été conseillée par l’ingénieur Luc Brouillette de LB Infra Conseils inc. « D’après ce que je comprends de vous, on va devoir creuser le chemin? On va faire une cuvette avec le chemin », a récriminé la mairesse, soulevant ainsi plusieurs contestions dans la foule.

« Lâchez-moi la cuvette hostie! », a laissé tomber Steve Dillaire, en colère, soutenant que le ministère de l’Environnement serait surpris de savoir que la municipalité a mis du bitume dans une zone inondable.

Plus tard, le conseiller municipal Léo-Paul Desmarais a souligné que le conseil a mis de l’asphalte recyclé en voulant bien faire. « Vous arrivez et vous chialez. Savez-vous comment ça va coûter mettre de l’asphalte? », a-t-il adressé à Steve Dillaire.

Loin d’être satisfait de ces réponses, M. Dillaire a proposé son aide au conseil municipal. « Demandez des subventions pour l’eau et les égouts et refaites le chemin en même temps », a -t-il suggéré.

L’eau et les égouts se font attendre depuis 2013

Ensuite, des propriétaires présents sur place ont rappelé au conseil municipal que plusieurs d’entre eux avaient voté, dans une proportion de 74 % selon M. Dillaire, pour que la municipalité amène l’eau et les égouts jusqu’au bout du rang de la Pointe-du-Nord-Est en 2013.

La mairesse a encore une fois soulevé la colère de plusieurs personnes, répondant tout simplement que « ce n’était pas tout le monde qui était là ».

« Le chemin, vous avez juste à lui mettre du beau pavage, mettre l’égout et l’eau, et à partir de là, il n’y en aura plus de problème. C’est quoi vous attendez? En 2013, on était prêts. En 2023, nous sommes encore prêts », a soutenu Steve Dillaire.

La sécurité mise en doute

Par la suite, des gens présents sur place ont émis des inquiétudes quant à la sécurité des gens qui vivent sur le rang de la Pointe-du-Nord-Est, alléguant que l’état actuel de la route ne permettrait pas aux véhicules d’urgence de s’y rendre.

« Si quelqu’un est malade à l’autre bout, l’ambulance est-elle capable de monter? Elle va y aller, mais ça ne donnera rien d’y aller, le gars va être mort », a soutenu un propriétaire, sans se nommer.

D’ici une prise de décisions concernant les nombreuses demandes des propriétaires de chalets, certains ont demandé à la municipalité de passer un coup de gratte dans le chemin pour assurer la sécurité des habitants. « On a fait la demande le 15 mars et on attend encore », a injurié une autre personne.

« Je suis d’accord avec vous, mais l’entrepreneur avec qui on fait affaire, il nous dit qu’il faut attendre que ce soit sec », a répondu Diane De Tonnancourt.

Finalement, le jeudi 13 avril, un tracteur est venu gratter le chemin.

Pas d’échéance

Finalement, après 40 minutes de questions et de débats, la mairesse a affirmé ne pas pouvoir donner d’échéance, mais qu’elle avait bien entendu leurs doléances.

« Je suis consciente des problèmes. C’est un secteur qui est complexe, au niveau de l’environnement et des inondations. La firme d’ingénieurs avec qui ont fait affaire dit qu’il n’y a pas de solution miracle pour ce chemin », a confié la mairesse à notre journaliste, précisant que le conseil se penchera sur les demandes des propriétaires de chalets.

Dans les jours suivant la séance, des propriétaires ont affirmé sur le groupe Facebook Chalets du nord-est que la mairesse leur a transmis un message dans lequel elle informe avoir communiqué avec l’ingénieur Luc Brouillette. Ce dernier serait prêt à rencontrer tous les propriétaires à la fin mai ou début juin pour les informer des détails d’un projet d’infrastructure dans leur rang.

Les citations marquantes

« On est 100 chalets qui payent des taxes. Le chemin, il y a 20 ans quand il a été fait, ce sont tous les résidents qui l’ont payé. Ç’a couté environ 500 $ par résident. Votre tâche était de l’entretenir. Vous ne l’avez pas entretenu tout le temps » – Steve Dillaire.

« Le dossier de la Pointe-du-Nord-Est est toujours en dessous du bureau. Mettez-le sur le dessus cette semaine parce qu’on va être ici toutes les semaines » – Steve Dillaire.

« Je te paye ici pour prendre des décisions avec mes taxes toutes les années. Vous êtes élus ici. Vous gérez ça personnellement, gérez ça pour la communauté » – Steve Dillaire.

« Vous savez que cette portion de chemin là, on n’est quand même pas habilité à faire ce qu’on veut. Le ministère de l’Environnement est là-dedans parce qu’on est en zone inondable 0-2 ans » – Diane De Tonnancourt.

« Mon père est ici, il a 84 ans. Ça doit faire 75 ans qu’il va au chalet. Le jour qu’il va avoir un malaise et que l’ambulance ne sera pas capable de se rendre, je vous tiens tous responsables » – Stéphane Dillaire.

« On vous a écoutés, on vous a entendus. Je pense qu’on doit se jaser et ça ne se fera pas du jour au lendemain. Mais laissez-nous le temps de se jaser et de voir ce qu’on peut faire » – François Martin, conseiller municipal

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