En octobre 2020, des employés syndiqués avaient confié au journal Les 2 Rives une panoplie d’irritants qui causaient le départ de plusieurs d’entre eux.

Près de deux ans et demi plus tard, la situation ne s’est pas améliorée, selon le président du syndicat de la détention de Sorel-Tracy affilié à la CSN, Martin Jacques. Pointant du doigt le ministère de la Sécurité publique (MSP), il affirme que le taux d’absentéisme augmente et que les temps supplémentaires obligatoires (TSO) se multiplient, poussant ainsi plusieurs agents au bord de l’épuisement.

« Les agents tombent de plus en plus au combat. […] De plus en plus d’agents démissionnent parce qu’on nous demande d’en faire plus avec moins. L’utilisation abusive de TSO rend la situation plus critique que jamais », expose-t-il.

Ce dernier soutient que le nombre de TSO a récemment augmenté. « Juste pour ce trimestre [en 2023], on parle d’environ 400 agents réquisitionnés. Du jamais-vu pour l’établissement de Sorel-Tracy. En comparaison, en 2021, on parle de plus de 600 réquisitions dans l’année complète », détaille le président. Les chiffres de 2022 ne sont pas encore disponibles.

Cette situation aurait des répercussions sur le climat de travail. Lorsque certains employés refusent des TSO, d’autres en héritent contre leur gré. Des situations qui créent beaucoup de conflits et d’amertume entre employés.

« Le bateau est en train de couler. Localement, de plus en plus d’agents refusent les TSO. J’ai la chance d’avoir une direction compréhensible. Mais les suspensions reliées aux refus s’accumulent. Ça m’enlève des agents sur le plancher. On ne veut pas se rendre à une coupure de service, mais il faut que ça change », lance Martin Jacques.

Ajoutez à cela que les ASC sorelois doivent souvent se rendre dans des hôpitaux et palais de justice de la région. « Depuis octobre 2022, sans crier gare, le ministère nous a donné l’entièreté de la Rive-Sud à couvrir au niveau des hôpitaux pour les personnes incarcérées, ajoute M. Jacques. On est aussi pris avec le palais de justice de Longueuil. Tout ça sans jamais avoir les effectifs pour réussir à absorber cette charge de travail. » Ils doivent aussi couvrir les palais de justice de Drummondville, Saint-Hyacinthe, Sorel-Tracy et Saint-Jean-sur-Richelieu.

La faute du ministère?

Bien au fait des enjeux dans les centres carcéraux du Québec, le MSP informe que plusieurs actions sont mises en œuvre pour les contrer, dont l’augmentation de la visibilité dans les salons de l’emploi et par des campagne de promotion du métier d’ASP.

Concernant les TSO à Sorel-Tracy, le ministère indique qu’ils sont devenus nécessaires en décembre 2022 et que la situation s’est légèrement améliorée en mars. « Outre les postes vacants, la réquisition obligatoire à l’Établissement de détention de Sorel-Tracy est liée en partie aux nombreuses prises en charge dans les hôpitaux, au volume croissant de comparutions en présentiel dans les cinq palais de justice ainsi qu’aux nombreuses absences en maternité, paternité, invalidité, congés sans traitement et absences CNESST », détaille la relationniste au MSP, Louise Quintin.

Cette dernière souligne qu’un plan de contingence a été mis à jour en collaboration avec le syndicat local. « Ce dernier est présent avec la direction afin de trouver des solutions pour diminuer le nombre de réquisitions obligatoires », soutient Mme Quintin.

Actuellement, une quinzaine de postes d’ASC sont vacants à Sorel-Tracy, dont huit avec le changement de responsabilité de la gestion du quartier cellulaire du palais de justice de Longueuil. Le centre de détention de Sorel-Tracy compte 189 agents correctionnels.