Michel Aucoin, qui est aussi maire de Sainte-Victoire depuis 2017, m’a invité récemment à visiter les nouvelles installations dont il est le propriétaire avec son frère Daniel, son fils Jimmy et son neveu Lucas. Cette visite a été pour moi une expérience fascinante, un voyage dans ce que nous prépare des gens comme eux, visionnaires et déterminés.
La technologie leur permet de suivre en temps réel les données sur leurs vaches grâce à des puces électroniques dont sont munis les animaux. Ces données sont disponibles à l’écran, bien sûr, mais aussi sur les téléphones cellulaires.
Des robots nettoient l’étable, d’autres nourrissent les animaux. Tout est contrôlé à distance et programmé, comme l’est aussi la ventilation des installations. Les vaches vont se faire traire au moment où elles le choisissent elles-mêmes. Quand vous voyez à l’écran qu’une vache se fait traire en moyenne 2,43 fois par jour, vous savez que les données sont précises.
L’étable est propre, lumineuse, aérée. C’est impressionnant.
Ce qui m’a vraiment marqué dans la conversation avec Michel Aucoin, c’est le processus qui a mené à la décision de procéder à ces investissements. Elles ont été prises par les frères Aucoin avec leurs deux fils. Probablement pour leurs deux fils.
Daniel et Michel Aucoin ont la chance de pouvoir compter sur de la relève. C’est aussi une responsabilité. Une seule question les préoccupait : que faut-il faire pour que l’avenir de leur ferme laitière soit possible?
Comme pour de nombreuses entreprises de la région, il vient un moment où il faut bouger et s’élancer pour assurer la pérennité. C’est risqué, bien sûr, mais c’est aussi très pragmatique.
Nous voilà à l’ère des transitions numériques et climatiques. Certaines décisions ne peuvent pas attendre. C’est vrai, bien sûr, dans le secteur manufacturier, mais les propriétaires de la Ferme Calixa nous prouvent que ce l’est tout autant dans le secteur agricole. Le retard pourrait être payé chèrement.
J’ai moi-même grandi sur une ferme laitière, au début des années 1970. Mes parents étaient alors dans la jeune trentaine. C’était avant l’adoption de la loi sur la protection des terres agricoles. Innover et prendre des risques était pourtant déjà nécessaire. Mon père a construit la toute première stabulation libre du rang. On s’est moqué de lui, mais il a persévéré.
Michel Aucoin m’a dit et redit que lui et sa famille devront travailler fort, le pari n’est pas gagné. Mon petit doigt me dit qu’ils le relèveront, ce défi, car ils sont déterminés. Ce ne sera pas facile tous les jours, mais en prenant le risque d’investir dans la modernisation de leur étable, ils se sont donné de bonnes chances de succès. À la tête d’une entreprise, c’est l’attitude à avoir.
Le sourire en coin, l’espace d’un moment, le maire qu’est Michel Aucoin a refait surface. « Cette attitude, on doit aussi l’avoir dans le monde municipal ». Je n’en doute pas.