10 mai 2023 - 08:30
Pénurie de main-d’œuvre
Les jeunes sont conscients d’avoir le gros bout du bâton
Par: Rachel Gauthier

Notre journaliste Rachel Gauthier a discuté avec des membres de l’Association générale des étudiants et des étudiantes du Cégep de Sorel-Tracy (AGEECST) pour recueillir la perspective des jeunes adultes sur la pénurie de main-d’œuvre. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

À partir de la gauche de Rachel Gauthier, les étudiants sont : Corinne Lavallée, Noémie Ayotte, Alex Picard, Édouard Guévremont et Ilyah Arsenault-Rolland. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Une table ronde a été organisée par le journal Les 2 Rives pour donner la parole à des membres de l’Association générale des étudiants et des étudiantes du Cégep de Sorel-Tracy (AGEECST) afin de mieux comprendre la réalité des jeunes adultes vis-à-vis des emplois étudiants en cette période de manque de main-d’œuvre.

Plusieurs entreprises expérimentent des problèmes à trouver ou à garder des employés. D’ailleurs, face à cette difficulté, il n’est pas rare d’entendre la question suivante : « Où sont les jeunes? » C’est pourquoi notre journaliste a décidé d’entreprendre une discussion avec des étudiants du Cégep de Sorel-Tracy sur leurs besoins et leurs attentes vis-à-vis du marché de travail.

Si la question est simple, la réponse l’est tout autant. Les jeunes adultes sont présents sur le marché de l’emploi. Cependant, ils le sont en fonction des conditions qui leur plaisent. Le plus offrant des employeurs sera bien souvent le gagnant.

Le salaire minimum n’est plus suffisant

L’augmentation du coût de la vie n’épargne pas les jeunes. De manière générale, ils réclament un salaire décent qui leur permettra les sorties entre amis, les dîners à la cafétéria sans culpabilité ou les déplacements en automobile.

« Le salaire minimum n’est plus adapté au style de vie qu’on a maintenant », soulève Édouard Guévremont, en précisant que de faire l’épicerie ou le plein d’essence devient de plus en plus difficile avec le salaire minimum.

C’est pourquoi plusieurs étudiants désirent un salaire compétitif comme premier critère pour un emploi. Avec un salaire plus élevé, les jeunes sont prêts à sacrifier des sorties ou des libertés personnelles. Par exemple, en travaillant dans une usine, ils sont conscients que le salaire sera plus élevé et qu’ils devront accepter de se plier à un horaire plus strict. C’est un compromis que certains sont prêts à faire.

« Un moment donné, on n’a pas le choix. Moi, je m’en vais en appartement à Montréal l’année prochaine. Je n’ai pas le choix de ramasser quand même beaucoup d’argent parce que ça coûte cher », raconte Corinne Lavallée, qui, pour sa part, a choisi de travailler en restauration.

D’ailleurs, les étudiants révèlent que l’attachement à l’égard d’un emploi est plus bas dès que le salaire n’est pas satisfaisant. La culpabilité de ne pas rentrer travailler comme prévu est simplement moins grande.

L’embarras du choix

Les jeunes peuvent se permettre de choisir parmi toutes les options qui se présentent à eux. Dans la majorité des cas, ils sont sûrs qu’ils seront engagés, peu importe où ils envoient leur curriculum vitae.

Pour cette raison, ils se questionnent davantage sur ce qu’ils désirent et ne désirent pas retrouver dans leur emploi. S’ils essaient un poste et qu’il ne leur plait pas, ils se permettent de démissionner et de chercher ailleurs un autre poste, qui leur correspond mieux.

En magasinant chez des commerçants, les étudiants se font proposer des emplois. La sollicitation est présente de toute part, et ce, jusque dans leur boîte de courriel étudiante où ils reçoivent des offres d’emploi.

Le roulement des employés est grand. Certains étudiants mentionnent qu’il est rare qu’un jeune reste pendant plus d’un an au même endroit, si les conditions ne sont pas suffisamment satisfaisantes. « Tu pourrais faire cinq emplois en une année, et il n’y a aucune trace qui serait donnée à ton futur employeur », révèle l’un des étudiants présents. Il n’y a donc pas de gêne à changer de la sorte son fusil d’épaule.

Les avantages sociaux et le sentiment d’appartenance

Certains étudiants accordent une plus grande importance à l’ambiance, au sentiment d’appartenance et aux avantages qu’ils peuvent tirer d’un emploi. Pour ces derniers, le salaire peut être un peu plus bas, préférablement sans atteindre le salaire minimum.

Si l’employeur fait preuve de flexibilité à l’égard des demandes personnelles des employés, les étudiants peuvent y trouver satisfaction. Il faut donc que les employeurs soient ouverts au cas par cas et qu’ils s’adaptent aux besoins de chacun.

« Quand ta job vient avec de bons avantages, tu as plus envie de la garder », affirme Ilyah Arsenault-Rolland.

D’ailleurs, il explique qu’il travaillait dans un golf l’été dernier au salaire minimum, mais qu’un des avantages de cet emploi était de pouvoir jouer au golf gratuitement. Cependant, le salaire a été augmenté de 2 $ et, en même temps, le privilège de jouer gratuitement a été retiré. Selon l’étudiant, six des huit employés ont quitté l’emploi, dont quatre qui ont mentionné que la raison principale était la perte de l’avantage.

La priorité à l’école

Alors qu’ils sont aux études, certains jeunes préfèrent acquérir de l’expérience dans leur domaine d’études. Alex Picard confie que cela permet de s’assurer qu’on aime le domaine dans lequel on se perfectionne.

Un emploi est stimulant lorsque l’employé fait des apprentissages, d’autant plus si les acquis sont reliés au domaine d’études. Dans le cas contraire, le travail peut rapidement devenir « stagnant ».

Le changement d’horaire de dernière minute de la part des employeurs est un irritant pour les étudiants. Il n’est pas rare que les employeurs les appellent pour leur demander de rentrer travailler pour pallier le manque d’employés. Lorsque les jeunes se retrouvent dans un tel milieu de travail, ils n’y restent pas longtemps. Pour jongler avec leurs études, le respect de l’horaire établi est important.

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