Les clients se succèdent à un rythme soutenu. Une bonne humeur printanière flotte dans l’air. Son père Paul et son frère Olivier vaquent aux occupations de la ferme tout en discutant avec des clients qui semblent être des habitués. « Celui-là vient de Drummondville », fait remarquer Paul.
Une jeune famille en patin à roues alignées arrive de la piste cyclable régionale et le plus jeune repart avec une mousse aux fraises visiblement heureux de cette halte gourmande.
« S’embarquer dans une entreprise, c’est un choix de vie, un mode de vie. J’ai été inspirée par plusieurs entrepreneurs dans ma famille. Je viens d’une famille d’agriculteurs, mais j’ai des tantes et des cousines qui sont entrepreneures. Ça m’a pris au moins deux ans monter mon plan d’affaires et arriver à faire mes serres. Faut s’organiser, faut apprendre à faire face aux imprévus. Mon grand-père avait son entreprise de machinerie agricole et lors d’un discours, il avait souligné l’importance d’être enthousiaste, c’est ce qui fait vivre ton entreprise. C’est d’être persuadé de réussir et de toujours avancer dans la direction de nos convictions », de relater Magalie.
L’émotion ressentie le soir du Gala est encore présente : « Quand j’ai commencé mon discours et que tout le monde s’est levé et m’ont applaudie pendant deux minutes, ça m’a surprise. J’en avais les larmes aux yeux. J’ai compris que les gens tenaient à mon entreprise. C’est une bonne tape dans le dos ».
Répondre à la demande : le prochain défi
La demande pour les fraises de serres est constante. Magalie Rajotte est fière de ce succès, mais en contrepartie, elle ressent une pression afin de répondre à la demande : « Au début, j’étais contente de toujours pouvoir écouler ma production chaque semaine, mais de ne pas pouvoir répondre à la demande et de devoir dire non à des gens qui avaient attendu en file, je trouvais ça moins drôle ».
C’est pourquoi Magalie a des projets d’expansion. Cependant, c’est important pour elle de garder le contact avec ses clients. Elle veut conserver l’aspect « produit du terroir » de sa production. Elle envisage aussi de diversifier l’offre, peut-être du côté des légumes, mais rien n’est décidé pour le moment.
Magalie a vécu son lot d’imprévus cet hiver : panne de courant, malgré la génératrice, une pièce manquante dans la thermopompe lui a fait craindre de perdre ses plants de fraises. Réveiller un fournisseur au milieu de la nuit et payer la facture salée qui s’ensuit; tout n’est pas rose dans le monde de l’entrepreneuriat.
Magalie Rajotte s’épanouit dans cette aventure et est reconnaissante de toute l’aide qu’elle a reçue de sa famille et des différentes ressources et encourage les jeunes entrepreneurs à réaliser leur rêve et à utiliser les différents programmes de financement ou d’accompagnement.