14 juin 2023 - 08:15
Des cols bleus perturbent la séance du conseil municipal
Par: Alexandre Brouillard

Des cols bleus ont placardé les installations de l’hôtel de ville d’autocollants en marge de la séance du conseil municipal, le 5 juin dernier. Photo Alexandre Brouillard | Les 2 Rives ©

Une toilette avec l’écriteau « le trone [sic] à Carlo » a été déposée devant l’hôtel de ville, le 5 juin dernier. Photo Alexandre Brouillard | Les 2 Rives ©

Une vingtaine d’employés cols bleus ont perturbé la dernière séance du conseil municipal, le 5 juin, causant un boucan avec leurs trompettes, sifflets et crécelles. La cacophonie était telle que la Ville de Sorel-Tracy a dû suspendre la diffusion de la séance en direct sur le Web et à la télévision pendant de longues minutes.

La séance était commencée depuis à peine 10 secondes lorsque le maire de Sorel-Tracy, Patrick Péloquin, s’est fait couper la parole par la bastringue des cols bleus. Après plus d’une minute d’attente et d’appels au calme, la diffusion a été interrompue par la Ville.

« Nous avons demandé aux cols bleus de quitter la salle du conseil », informe le directeur du Service des communications de la Ville de Sorel-Tracy, Dominic Brassard.

Selon ce dernier, le groupe de syndiqués réclamait la tenue d’une nouvelle séance de négociations. « Ce qui avait pourtant été convenu avec le médiateur quelques heures auparavant, soutient M. Brassard. Lorsque nous avons informé les syndiqués de cette séance à venir, ils ont accepté de quitter les lieux. Ils ont par la suite poursuivi leur manifestation devant l’hôtel de ville. »

À leur sortie, ils ont placardé les fenêtres et les installations de l’hôtel de ville d’autocollants à l’effigie de la grève, en plus de déposer une toilette arborant le message « le trone [sic] à Carlo [Carlo Fleury, directeur général de la Ville] » devant les portes de l’édifice municipal.

C’était la deuxième fois en quelques mois que des cols bleus pénétraient dans l’hôtel de ville pour manifester leur mécontentement. La première fois, le lundi 9 janvier, l’intervention de la police avait été nécessaire pour les sortir.

Rejoint par le journal Les 2 Rives, le président du Syndicat des employés municipaux de Sorel-Tracy–CSN, Martin Gingras, indique qu’aucun col bleu ne savait qu’une séance de négociation avait été planifiée avant le début de la séance municipale. Malgré cette incompréhension, ce dernier n’encourage en aucun cas les derniers agissements de certains syndiqués.

« Autant moi, le président, que la CSN n’approuvons ce qui s’est passé à l’hôtel de ville lors de la séance », assure M. Gingras.

Vers la fin de la semaine, une équipe de nettoyage a enlevé les collants à l’hôtel de ville, mais des traces étaient encore visibles.

Le maire s’indigne

Concernant la perturbation de la séance, Patrick Péloquin soutient que ce sont des événements intolérables. « On ne peut pas manifester sur des lieux de travail. C’est tout à fait légitime de faire de la musique et de se faire entendre à l’extérieur des murs de l’hôtel de ville. On ne peut pas tolérer cette intimidation ».

Il a aussi émis certains doutes sur l’accompagnement que les cols bleus reçoivent de la part de la centrale syndicale CSN dans le processus de négociations. « Quand nous avons sorti des chiffres au niveau des villes comparables, jamais, jamais, jamais la centrale syndicale n’a été en mesure d’étoffer sa présentation et de l’appuyer par des faits. J’en appelle donc au Syndicat des cols bleus de cesser d’écouter les gens plus radicaux et de venir s’asseoir avec nous à la table des négociations pour trouver le juste milieu », a lancé Patrick Péloquin.

La prochaine séance de négociations est prévue le 13 juin en soirée. Ce sera la troisième depuis le début de la grève générale illimitée le 17 mai.

Réitérer les fondamentaux des négociations

À la fin de la séance, Patrick Péloquin s’est permis « un rare commentaire sur la situation avec les cols bleus ». Il a rappelé que la Ville tient mordicus à respecter ses trois principes de base dans les négociations, soit l’équité interne avec les employés, l’équité externe avec les villes québécoises comparables et la capacité de payer de la Ville. Le maire a aussi affirmé que la Ville leur offre actuellement la plus grosse augmentation salariale des 15 dernières années.

Il a finalement signalé les cas d’intimidation survenus récemment sur des terrains sportifs de la région et des événements « étranges » de disparitions de matériels municipaux. « On a vu des éléments plus radicaux de la part du syndicat qui font de l’intimidation auprès de parents bénévoles. […] On ne peut pas aussi tolérer la disparition de marbres de baseball, de manettes de tableau indicateur ou de râteaux. Des éléments qui sont tous conservés dans des hangars cadenassés. Ces éléments ont tous disparu sans trace d’effraction », a-t-il soutenu.

Par ailleurs, concernant le vol de matériel au stade René St-Germain, Dominic Brassard confirme qu’une plainte a été déposée à la Sûreté du Québec (SQ). Rejoint par le journal, la SQ n’a pas voulu donner plus de détails sur la nature de la plainte, ni sur l’existence d’une enquête.

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