27 juin 2023 - 08:09
L’histoire se poursuivra
Par: Deux Rives

Maire de Massueville de 2005 à 2021, Denis Marion commente l'actualité en tant que chroniqueur au journal Les 2 Rives depuis décembre 2021. Photo Simon Ménard

Ce 17 juin, j’ai su que cet édifice demeurerait vivant.

Alexandre Éthier, guitariste dont la réputation dépasse largement nos frontières, accompagné par un orchestre de 22 musiciens, offrait une performance inouïe dans un mouvement du concerto d’Aranjuez de Rodrigo. Tous les solistes, cet après-midi-là, ont été excellents. J’aurais apprécié le concert partout. Mais avec Alexandre Éthier, lui-même originaire de chez nous, les musiciens jouaient devant 350 personnes dans notre ancienne église, devenue le Théâtre de Massueville.

En juin, le Théâtre de Massueville a ouvert ses portes au public pour deux événements en autant de semaines. Pour La nuit des augustes, d’abord, puis pour le lancement des Vêpres musicales de la Maison de la musique de Sorel-Tracy avec l’Orchestre de l’Agora et quatre solistes, superbes musiciens de la région. En participant aux deux événements, je suis entré, avec une certaine appréhension, à nouveau et pour la première fois depuis 2021, dans ce qui a été l’église de mon village.

Il faut me comprendre. Maire de Massueville à l’époque, j’ai assisté avec d’autres, impuissants, à l’abandon par la Fabrique et par l’Évêché de cet édifice que nous étions nombreux à vouloir préserver, à vouloir protéger sans en avoir les moyens. Et sans vraiment savoir ce qu’il en adviendrait une fois la vente complétée.

L’édifice est majestueux et il a conquis Maxime Robitaille, un homme d’affaires de Saint-Constant qui s’en est porté acquéreur au printemps 2021. Il s’est fait le gardien de sa préservation. Puis cette immense église a attiré l’attention de Frederico Boris Iuliani qui a décidé d’y installer à demeure son Théâtre de Massueville, dédié aux performances clownesques. Un tournant de l’histoire aussi génial qu’inattendu.

J’ai assisté à La nuit des augustes avec de très nombreux résidents de Saint-Aimé et de Massueville qui redécouvraient le lieu, parmi lesquels plusieurs enfants qui ont apprécié les numéros de clowns. Expressifs et enthousiastes, les jeunes spectateurs nous ont fait voir la représentation à travers leurs yeux, comme me le disait quelqu’un rencontré le lendemain près de notre parc du Carré Royal. Un beau moment.

Une église, au-delà de sa fonction religieuse, n’est pas un lieu neutre, il porte une charge émotive liée à l’histoire collective d’une communauté tout entière. Dans mon village de Massueville, cette église aux dimensions d’une cathédrale a accompagné pendant plus d’un siècle la vie des gens, au quotidien.

En lançant sa série estivale de Vêpres musicales au Théâtre de Massueville, la Maison de la musique a réuni plus de 350 personnes. Je ne suis pas le seul à avoir été touché d’y voir autant de gens de partout dans la région. Les photos qu’en a prises Philippe Manning rendent justice au lieu et en donnent le potentiel.

Il y aura d’autres spectacles, il y aura d’autres concerts.

À un moment, j’ai croisé le regard ému de Pierrette Bélisle, une ancienne présidente de la Fabrique qui s’est tellement investie dans la sauvegarde de notre église. Mais aussi de bien d’autres personnes qui, comme moi, comprenaient qu’ils pouvaient maintenant lâcher prise parce que ce lieu ne disparaîtra pas.

Je souhaite une conclusion semblable à bien d’autres églises, partout au Québec. Longue vie au Théâtre de Massueville, la rencontre d’un lieu chargé d’histoire et d’un projet porté par la passion!

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