Les Québécois se sont éloignés de l’Église catholique. Plusieurs raisons l’expliquent, dont ses prises de position sur les grands sujets sociaux dans une société qui a beaucoup évolué en 60 ans.
Depuis les années 1960, la distance prise à l’égard de l’Église fragilise sa capacité à offrir ses services aux paroissiens, mais l’empêche aussi de financer adéquatement l’entretien des bâtiments dont elle a la responsabilité. Dit simplement, l’argent n’entre plus dans les coffres des fabriques, et les églises, souvent imposantes, coûtent terriblement cher en chauffage, en réparation et en rénovation.
Les fabriques gèrent les biens de l’Église catholique dans une paroisse. Nos églises n’appartiennent pas aux évêchés, comme on pourrait le penser, mais aux fabriques, qui dépendent de la générosité des paroissiens. Formellement lié aux évêchés, le président d’une fabrique est nommé par l’évêque. La marge de manœuvre des paroissiens est étroite lorsque vient le temps de faire des choix.
Pendant longtemps, l’importance de l’Église catholique dans leur vie a motivé les paroissiens à payer leur dîme annuelle, la taxe volontaire que les fabriques ont droit de recueillir. Combien d’entre vous a payé sa dîme, cette année? Il est là le problème. Vous n’êtes plus très nombreux.
L’Église catholique et son influence dans la société québécoise sont en perte de vitesse. Ce que cela signifie pour elle lui appartient totalement. C’est à elle, avec ses fidèles, de voir comment elle s’adaptera.
Nos églises font partie du patrimoine québécois. « Ce sont nos châteaux », me disait récemment une amie. Il faut collectivement chercher des solutions pour préserver les églises qui possèdent une valeur patrimoniale. À plusieurs endroits au Québec, des projets concertés ont été menés à l’avantage de tous.
Préserver les édifices souvent majestueux qui se dressent fièrement dans nos villages et nos villes en rappelant la splendeur d’un passé révolu, mais significatif dans notre histoire, n’a rien à voir avec l’avenir de l’Église catholique. Dans un Québec qui cherche à protéger la laïcité de ses institutions, les citoyens n’ont pas à subventionner la pratique religieuse par leurs taxes municipales. Les municipalités peuvent contribuer à trouver des solutions pour préserver l’édifice, mais pas uniquement au bénéfice de l’Église catholique, comme le suggère le modèle proposé par Éric Coulibaly. Transférer les charges financières aux municipalités tout en continuant de profiter des lieux n’est pas une solution.
À vouloir prendre seule les décisions, et à son seul profit, l’Église catholique a souvent raté la transmission de son patrimoine immobilier à des acteurs capables de le préserver. La solution du curé de Saint-Ours est symbolique de cette attitude lorsqu’il menace de vendre l’église si la Ville de Saint-Ours refuse de s’en porter propriétaire. Si on veut trouver de vraies solutions, à long terme, les élus municipaux ont la responsabilité de refuser cet ultimatum. Si les églises de la région sont en péril, il ne faut surtout pas laisser à la seule Église catholique la responsabilité d’en disposer sans la planification qui permettra que le fardeau financier ne repose pas que sur les municipalités et leurs contribuables.