12 septembre 2023 - 23:01
Un symbole de l’air du temps
Par: Deux Rives

Maire de Massueville de 2005 à 2021, Denis Marion commente l'actualité en tant que chroniqueur au journal Les 2 Rives depuis décembre 2021. Photo Simon Ménard

On sait depuis plusieurs années que la piscine Laurier-R Ménard, construite en 1966, est en fin de vie. Rénover ou mettre à niveau l’infrastructure actuelle n’était pas une option. Le vrai choix? Ne plus avoir de piscine à Sorel-Tracy ou en construire une toute nouvelle adaptée aux normes d’aujourd’hui et en payer le prix. Le choix est fait, on construira un nouveau complexe aquatique.

On en parle depuis plusieurs années, on voyait arriver ce moment où la piscine actuelle ne pourrait plus accueillir les baigneurs et où il faudrait carrément la fermer. Ce nouveau complexe aquatique est un très gros projet; un projet qui exige des investissements énormes. L’administration municipale souhaite qu’il se réalise à l’intérieur de la somme prévue actuellement, 35 millions $; ce sera un défi pour elle. Aussi bien en convenir tout de suite.

Pour que le projet puisse démarrer, le gouvernement du Québec a même ajouté 6 millions $ à sa subvention initiale. Ça en dit beaucoup sur notre époque : tout coûte cher, beaucoup plus cher qu’il y a même quelques années. On va devoir conjuguer avec cette nouvelle réalité en évaluant ce que ça coûterait de ne pas réaliser les projets.

Pour se développer, pour accueillir de nouveaux résidents et pour répondre aux besoins de la population actuelle, Sorel-Tracy a besoin d’infrastructures qui se comparent à celles de villes aux dimensions similaires. Retarder les décisions coûtera encore plus cher. Et ne pas les faire du tout accentuerait les décalages avec ces villes, à notre désavantage.

L’annonce du projet – « le plus grand chantier de l’histoire de la ville de Sorel-Tracy », nous dit le maire Patrick Péloquin – survient au moment même où s’engage un bras de fer entre les villes du Québec et le gouvernement de François Legault sur les coûts qui explosent pour les municipalités. Le constat des villes? On leur en demande de plus en plus dans des domaines en émergence, enjeux de l’itinérance ou des changements climatiques par exemple, sans que Québec ne les soutienne davantage. Admettons que le non ferme qu’a répondu le premier ministre laisse prévoir des négociations ardues.

La pandémie qui a généré des ruptures dans les chaînes d’approvisionnement, la pénurie de main-d’œuvre générée par notre démographie et le retour de l’inflation qui découle de tout ce qui précède font ensemble exploser les coûts pour tout le monde; pour vous et moi comme pour nos gouvernements et municipalités. J’ose à peine évoquer les nouveaux coûts associés aux changements climatiques pour ne pas nous décourager davantage.

Ce projet de complexe aquatique est le symbole des choix qui se posent à nos élus, tous paliers de gouvernement confondus. Admettre que les projets essentiels au développement coûtent de plus en plus cher, comprendre que de ne pas les réaliser finira par coûter encore plus cher et évaluer l’impact de ces coûts sur les marges de manœuvre financières des ménages déjà sous pression doit certainement créer des maux de tête à nos dirigeants.

Pour être réélues, certaines personnes voudront nous faire croire à des solutions magiques qui nient la réalité, ce qui, en bout de course, ne fera que nous enliser davantage. La transparence que nous attendons de nos élus exige en contrepartie de nous, citoyens, des efforts pour bien comprendre les enjeux. Ce ne sera pas facile.

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