Mon premier réflexe, en apprenant les résultats de l’élection partielle dans le comté de Jean-Talon, à Québec, a été de me dire que tout est volatile en politique. La victoire, absolument incontestable, du candidat du Parti Québécois a alors libéré un concert de commentaires, un peu précipités à mon avis, sur une renaissance du PQ.
Un peu plus et on annonçait son retour prochain au pouvoir! On a sûrement oublié que le 13 mars dernier, c’est Québec Solidaire qui faisait élire un nouveau député dans Saint-Henri-Sainte-Anne, jusque-là détenu par la cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, battant le candidat de la CAQ, arrivé quatrième derrière les libéraux et les péquistes.
On a aussi oublié que les prochaines élections générales se tiendront à l’automne 2025. Dans trois ans! Beaucoup d’eau coulera sous le pont Turcotte d’ici là.
Essayer d’analyser les impacts chez nous, dans notre région, de dossiers nationaux est un de mes sports favoris. J’aime penser que nous pouvons en même temps être très ancrés dans nos réalités régionales et ne jamais oublier que nous sommes aussi des citoyennes et citoyens du Québec.
Ce n’est pas faire injure à Jean-Bernard Émond que de penser qu’ici comme ailleurs, au moment de voter, les électeurs ont beaucoup été influencés par les qualités de François Legault, qui nous a aidés à naviguer à travers la pandémie. Il y a de nombreuses années déjà, au Québec, que les chefs de partis sont au tout premier plan des campagnes électorales. Les Québécois aiment se choisir d’abord un premier ministre.
Si l’étoile de monsieur Legault devait pâlir, peut-être une conclusion de la partielle du 2 octobre, peut-on imaginer que les élections de 2025 pourraient être un peu plus compétitives que les dernières? Y compris chez nous, dans le comté de Richelieu.
Le deuxième mandat d’un gouvernement est le plus dangereux, car c’est celui durant lequel on peut connaître un peu mieux la vraie nature des ministres, et certainement du premier d’entre eux, libérés qu’ils sont tous par une réélection.
Depuis un an, François Legault et ses ministres font des vagues. De grosses annonces à saveur économique, d’importants projets de loi, des prises de position percutantes; ils bousculent bien des choses et bien des gens. Pourtant, et les commentateurs le répètent, il semble exister un décalage marqué entre les priorités du gouvernement, restructurer l’économie du Québec, et celles de la population, augmentation du coût de la vie, crise du logement, pénurie de main-d’œuvre. Le résultat de l’élection partielle est-il une mise en garde?
On ne sait toujours pas ce qui motive les gens de Québec : colère devant l’abandon du troisième lien ou colère devant l’impression de s’être fait mener en bateau par la CAQ? Que pense le reste du Québec? Ressusciter le troisième lien sera-t-il perçu comme une proposition sérieuse ou comme un geste politique tout aussi improvisé que désespéré?