24 octobre 2023 - 08:34
Des organismes en phase terminale tentent de survivre
Par: Stéphane Fortier

Mario Gariépy, Maxime Charron et Paul Desrochers, des Chevaliers de Colomb entourent Liette Larochelle et Lucie Benoit, des Filles d’isabelle, tous inquiets de l’avenir de leur organisme. Photo Stéphane Fortier | Les 2 Rives ©

Le bazar au sous-sol de l’ancienne église St-Gabriel est la principale source de revenus des Filles d’Isabelle, qui manquent cruellement de bénévoles. Photo Stéphane Fortier | Les 2 Rives ©

Des organismes de la région lancent un cri du cœur : s’ils n’accueillent pas certains membres ou bénévoles sous peu, ils risquent la fermeture. Déjà, certains ont rendu les armes.

Au cours de l’été, le dernier club Lions de la région, celui de Saint-Joseph-de-Sorel, a rendu l’âme. Avant lui, les Lions de Sorel, de Tracy et de Saint-Pierre avaient aussi dû mettre la clef dans la porte.

Des organismes comme les Chevaliers de Colomb, ou leur équivalent chez les femmes, les Filles d’Isabelle, manquent cruellement de membres. « Si des organismes comme les Chevaliers de Colomb disparaissent, il y aura 10 fois plus de problèmes de pauvreté dans la région », lance Paul Desrochers, 78 ans, Grand Chevalier du conseil 1132 de Sorel-Tracy qui démontre que les organismes d’entraide jouent un rôle majeur dans la communauté.

Au sein de l’organisme, on compte 325 membres, mais de ce nombre, 135 sont membres honoraires et ne paient pas de cotisation. De plus, on retrouve seulement 12 membres dans le comité régulier. « Il est clair que s’il n’y a pas de relève, le club va disparaître à plus ou moins brève échéance », prophétise M. Desrochers.

Jeune femmes demandées s.v.p.

Pas de relève non plus du côté des Filles d’Isabelle. « Ça ne va pas très bien de notre côté et là, un cercle vient de cesser ses activités à Tracy, révèle Lucie Benoît, régente des Filles d’Isabelle Cercle Madame de Saurel no 660. Nous comptons 74 membres, mais seulement entre 15 et 20 seulement, souvent moins, participent aux activités. Parfois, on a de la misère (sic) à avoir quorum à nos réunions. La moyenne d’âge de nos membres se situe à près de 80 ans. On ne pourra pas tenir notre groupe à bout de bras bien longtemps », lance Mme Benoît.

Les Chevaliers de Colomb et les Filles d’Isabelle ont longtemps été associés à l’Église catholique. Ce n’est plus nécessairement le cas aujourd’hui. « Les gens croient qu’une fois membre de notre groupe, ils doivent aller à la messe chaque semaine. C’est faux », de dire le Grand Chevalier qui tient à remettre les pendules à l’heure.

« L’Église a perdu beaucoup de plumes depuis quelques années. Ce n’est rien pour nous aider », renchérit la régente des Filles d’Isabelle.

Mais comment recruter de nouveaux membres? « Nous faisons de la sollicitation », de répondre Mme Benoît.

Si le bazar que les Filles d’Isabelle organisent représente le principal revenu de l’organisme, les Chevaliers de Colomb éprouvent de plus en plus de difficulté à récolter de l’argent pour remettre dans la communauté et aider les plus démunis. « L’argent est de plus en plus en plus difficile à amasser, se désole Maxime Charron, député Grand Chevalier. Heureusement, nous réussissons à aider des groupes comme les cadets. Cela nous tient à cœur parce qu’un jeune qui fait partie des cadets est un jeune qui ne traîne pas dans la rue et acquiert de belles valeurs », énonce-t-il.

À partir du 5 novembre, les Chevaliers de Colomb tiendront un bingo au sous-sol de l’église St-Pierre tous les dimanches à partir de 13 h 30. Une façon d’aller chercher des fonds pour aider les plus démunis de la société, mais en attendant, les nouveaux membres se font rares.

Lions et Optimistes

Mais pourquoi des organismes jadis si prospères et populaires dans la communauté en viennent-ils à rendre l’âme? « La pandémie nous a fait mal et la moyenne d’âge de nos membres était élevée. Les gens étaient fatigués, aussi, explique Georges Bonneville, qui a été le dernier président des Lions de Saint-Joseph-de-Sorel. À 69 ans, j’étais le plus jeune des membres. Il ne restait que cinq ou six membres actifs. Il y en a qui payaient leur cotisation, mais ne participaient pas aux activités. C’est dommage de mettre fin à l’aventure, mais que voulez-vous, quand il n’y a pas de relève », justifie M. Bonneville qui répète qu’en raison de la pandémie, les membres restants avaient aussi changé leurs habitudes.

Du côté du Club optimiste de Sorel-Tracy, l’organisme est sur le respirateur artificiel. « Nous en sommes à nos derniers milles, avoue tristement Jean-Claude Laquerre, vice-président du club local. Il n’y pas si longtemps, nous organisions un gros événement, soit le tournoi atome de hockey, mais la pandémie est arrivée et cet événement a été annulé pendant deux ans », se désole M. Laquerre.

Actuellement, le Club optimiste, jadis un joueur fort important dans la communauté, particulièrement auprès des jeunes qui en bénéficiaient, en est réduit à trois membres. « On n’a pas encore mis la clé dans la porte, mais on n’en est pas loin », répète-t-il.

À quoi attribue-t-on cette situation? « Le bénévolat, en général, ne se porte pas bien. Il n’y a pas de relève parce que les gens ne veulent plus en faire, du bénévolat », explique Jean-Claude Laquerre.

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