14 novembre 2023 - 08:25
Conflit avec sa propriétaire : un locataire vit dans son automobile depuis plus de deux mois
Par: Alexandre Brouillard

Les objets de Jason Petitclerc ont été mis à la rue. Photo gracieuseté

Jason Petitclerc œuvre dans le domaine de la lutte au Québec. Photo tirée de Facebook

Depuis le 30 août, Jason Petitclerc dort dans sa voiture presque tous les soirs après qu’un conflit a éclaté avec le fils de sa propriétaire qui a mis ses objets personnels à la rue. Alors que la cause sera entendue par le Tribunal administratif du logement le 27 novembre prochain, il lui réclame plus de 60 000 $.

Lorsque joint par Les 2 Rives, Jason Petitclerc n’a pas caché son désarroi face au litige qui l’oppose à la propriétaire de son logement, Yvette Dubé, et à son fils, Éric Gagnon.

Lutteur bien connu de la région, Jason affirme habiter le logement au-dessus de la Bijouterie Gagnon située au 67, rue Augusta, depuis « environ sept ans », et ce, sans jamais avoir vécu de conflit avec quiconque.

La situation a toutefois basculé le 30 août lors d’une rencontre entre les deux hommes dans les marches de l’immeuble menant à l’appartement du locataire. M. Petitclerc prétend que le fils de la propriétaire était en colère concernant ses chats.

« Il chialait pour mes chats et me disait que son gars allait habiter dans mon logement et que j’avais cinq heures pour sortir mon stock », relate Jason Petitclerc, précisant qu’il avait passé la nuit précédente chez sa mère et qu’il avait manqué des appels du fils de sa propriétaire entretemps.

De son côté, Éric Gagnon raconte une histoire différente, prétendant plutôt que M. Petitclerc aurait abandonné ses chats dans le logement. Un autre locataire du bâtiment se serait aussi plaint d’odeur nauséabonde émanant de l’appartement. « Il avait abandonné quatre chats dans le logement pendant trois semaines. Il y avait des excréments et on n’était pas capable de le rejoindre. Mais la SPCA [NDLR : Service animalier Pierre-De Saurel et Régions] a été capable. Il est venu chercher ses chats et il a dit « moi, je ne reste plus ici » », explique-t-il à notre journaliste, admettant avoir lui-même contacté le Service animalier.

« Quand il est arrivé, il m’a dit qu’il n’habitait plus ici, mais chez sa blonde. Je lui ai dit de ramasser ses affaires. Le loyer n’était pas payé, c’était tout crotté et il y avait de la merde et de la pisse de chat partout à terre », ajoute le fils de la propriétaire.

Jason Petitclerc insiste : il n’a pas négligé ses chats et il a été pris au dépourvu, confiant même qu’une serrure de son logement avait été changée. « Je suis parti chez ma mère. […] Quand je suis retourné chez moi, 24 ou 36 heures plus tard, tout mon stock est dans la rue. Je me suis fait voler et briser beaucoup de trucs. Je ne pouvais même plus entrer chez moi, les deux serrures étaient changées », avance-t-il.

Éric Gagnon, qui ne cache pas avoir sorti des objets de l’appartement, affirme plutôt qu’une semaine s’était écoulée entre les deux événements. « Il n’était jamais revenu chercher ses affaires. […] Il m’avait dit « tu peux tout jeter ». Mais on n’a rien jeté. Après une semaine, on a laissé ça en bas à l’abri », justifie-t-il, ajoutant que Jason Petitclerc aurait même fait couper l’électricité de l’appartement depuis plusieurs jours.

À ce sujet, le locataire affirme plutôt que c’est Hydro-Québec qui a coupé le service à cause de problèmes de paiement. « Je dormais souvent chez ma copine, mais je n’étais plus avec elle depuis mi-août. […] Je voulais garder mon appartement », atteste-t-il.

Actuellement, le logement est vide et en rénovation. Pour sa part, Jason Petitclerc confie dormir la plupart des nuits dans sa voiture et devoir manger aux restaurants la plupart du temps parce qu’il n’a pas accès à des outils de cuisine.

Des milliers de dollars en réclamations

Dans des documents du Tribunal administratif du logement, dont le journal a obtenu copie, on apprend qu’une mise en demeure a été envoyée à la propriétaire de l’appartement, Yvette Dubé, le 26 septembre.

Jason Petitclerc réclame 22 500 $ en dommages et intérêts ainsi que 40 000 $ à titre de dommages moraux pour les troubles, inconvénients causés et pour dommages punitifs.

« En date du 30 août 2023, la partie défenderesse a sans droit, jeté tous les biens du demandeur sur la chaussée et changé les serrures, lui empêchant l’accès à son logement. Les agissements du défendeur ont causé des atteintes graves aux droits fondamentaux du demandeur, en vertu de la Charte des droits et libertés de la personne. Depuis ce jour, le demandeur se trouve en situation d’itinérance et doit dormir dans son véhicule », peut-on lire dans la section dans le document.

« On trouve ça vraiment spécial comme situation, mentionne Éric Gagnon lorsque questionné sur les démarches judiciaires. Ma mère à 82 ans, c’est sûr que ça l’a stresse », conclut-il.

La cause sera entendue le 27 novembre au palais de justice de Sorel-Tracy.

Dominic Gosselin, d’Action logement Pierre-De Saurel, oriente d’ailleurs Jason Petitclerc dans ses démarches. Rappelons que cet organisme a pour mission d’améliorer la qualité de vie des locataires de la MRC de Pierre-De Saurel.

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