28 novembre 2023 - 08:09
Des centaines d’employés de l’État dans les rues de Sorel-Tracy la semaine dernière
Par: Alexandre Brouillard

Plusieurs grévistes, dont les enseignants et professionnels du Centre de services scolaire de Sorel-Tracy, étaient réunis au carré Royal, le 21 novembre. Photo Steve Gauthier | Les 2 Rives ©

Plusieurs personnes du Front commun s’étaient réunies devant l’hôpital Hôtel-Dieu, le 21 novembre. Photo Steve Gauthier | Les 2 Rives ©

Plusieurs manifestants s’étaient réunis sur le boulevard de Tracy, le 21 novembre. Photo Steve Gauthier | Les 2 Rives ©

Des syndiqués du Front commun étaient devant le Cégep de Sorel-Tracy, le 21 novembre. Photo Steve Gauthier | Les 2 Rives ©

Des centaines de manifestants ont marché du Centre de services scolaire de Sorel-Tracy jusqu’à l’hôpital sur l’avenue de l’Hôtel-Dieu, le 23 novembre. Photo Les 2 Rives ©

Les syndiqués étaient nombreux, bruyants et visibles, le 23 novembre. Photo Les 2 Rives ©

Les syndiqués du Front commun et de la FIQ se sont réunis le long de l’avenue de l’Hôtel-Dieu, le 23 novembre. Photo Les 2 Rives ©

Des centaines d’employés de l’état des secteurs de l’éducation, de la santé et des services sociaux ont débrayé, la semaine dernière, à différents endroits dans la Ville de Sorel-Tracy. Le Front commun a débrayé du 21 au 23 novembre, tandis que les infirmières et les professionnelles de la santé de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ-SPSME) ont manifesté les 23 et 24 novembre.

Le mardi 21 novembre, plusieurs membres du Front commun manifestaient leur mécontentement à différents endroits, notamment devant l’hôpital Hôtel-Dieu de Sorel, le Cégep de Sorel-Tracy, le Centre de formation professionnelle et d’éducation des adultes Sorel-Tracy et dans le carré Royal.

Plusieurs syndicats étaient représentés : la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

Localement, concernant l’éducation, on retrouvait le Syndicat de l’enseignement du Bas-Richelieu, le Syndicat des employés de soutien de la Commission scolaire de Sorel-Tracy et la Fédération des professionnels de l’éducation du Québec. Du côté du Cégep de Sorel-Tracy, on retrouvait les syndicats des enseignantes et enseignants, des professionnelles et professionnels ainsi que des employées et employés du Cégep de Sorel-Tracy.

Les employés syndiqués du Front commun exigent notamment l’amélioration de leurs conditions de travail ainsi que de meilleurs salaires suivant minimalement l’inflation.

Une visite remarquée

Le 21 novembre, le 1er vice-président de la CSN, François Enault, était de passage à Sorel-Tracy, une ville qui lui tient à cœur. « Je suis à Sorel-Tracy ce matin parce que j’ai commencé ici comme négociateur en 1995. Je négociais notamment à Fer et Titane [Rio Tinto] et à Sorel Forge », a-t-il expliqué.

« La situation actuelle, c’est du jamais-vu. En un an, on a réglé une clause. Ça n’a pas de bon sens. On est en négociation aujourd’hui, demain et après-demain. J’espère qu’il va y avoir du mouvement. Le gouvernement doit notamment retirer sa demande de recul concernant le régime de retraite. […] On est 420 000 aujourd’hui dans les rues au Québec, mais jeudi, on sera plus de 600 000. Ce sera la plus grosse grève de l’histoire du Canada », a martelé M. Enault.

Plusieurs employés de la santé étaient massés devant l’Hôtel-Dieu, dont la vice-présidente générale de la CSN en Montérégie-Est, Micheline Charron.

« Ils n’ont pas de mandat pour négocier du côté du boss! Sonia LeBel peut bien dire ce qu’elle veut dans les médias, mais c’est mensonger. Quand on veut parler de nos priorités, ils disent ne pas avoir de mandat. […] Est-ce normal de donner 7 milliards à une compagnie de batterie et de faire venir les Kings de Los Angeles à Québec pour 5 millions? C’est grave! Et après, ils nous disent qu’ils n’ont pas d’argent pour nous. On est prêt à se battre », a souligné Mme Charron avec détermination.

Un sit-in d’infirmières a aussi eu lieu à l’urgence de l’Hôtel-Dieu, le 21 novembre, de 7 h 45 à 8 h 45.

Plusieurs manifestants sur le boulevard de Tracy

Les employés de soutien du Centre de services scolaire (CSS) de Sorel-Tracy, affiliés à la CSN, ont pris d’assaut les terrains jouxtant le Centre de formation professionnelle et d’éducation des adultes Pierre-De Saurel, le 21 novembre, pour faire connaître leurs demandes au gouvernement Legault. Il s’agissait de leur deuxième séquence de grève de deux jours en novembre.

« Nous sommes environ 400 à manifester aujourd’hui, a dit Maggie Bussière, présidente du syndicat des employés de soutien du CSS de Sorel-Tracy. Nous voulons de bonnes conditions de pratique, de même que des mesures pour contrer la violence dans nos écoles », a-t-elle souligné.

Elle voudrait bien aussi que les emplois précaires acquièrent une plus grande stabilité. « De plus, on voudrait que les heures d’aide que les éducatrices effectuent dans les classes soient incluses dans leurs heures de service », a ajouté Mme Bussière.

À cause des moins bonnes conditions, il est plus difficile, selon elle, de garder les employés à leurs postes. « Il est parfois tentant pour eux de changer de centre de services scolaire où les conditions sont meilleures qu’ici. Et, il y a un rattrapage à faire en matière de salaire en lien avec l’inflation », a-t-elle expliqué.

Du côté du Cégep de Sorel-Tracy, le personnel de soutien, les professionnels et les enseignants étaient tous en grève. « Le gros enjeu, c’est les salaires, a lancé Isabelle Beaulieu, présidente du syndicat des employés de soutien du Cégep, affilié à la CSN. Nous sommes toujours laissés de côté. Le salaire minimum a augmenté de 7 % et notre salaire de seulement 2 %. Pourquoi ne pas indexer nos salaires au taux de l’inflation? », s’est-elle demandé.

« Nous avons 12 % des employés de soutien qui doivent utiliser les banques alimentaires. Les salaires gravitent entre 20 $ l’heure et 36 $ l’heure, dépendant de la classe d’emploi, mais ceux qui ont plus de 12 ans d’ancienneté et qui font 36 $, sont très rares », a rappelé Mme Beaulieu.

Cette dernière tenait à rappeler combien les employés de soutien, œuvrant dans les bureaux ou non, sont importants. « Sans eux, pas de bulletins, pas d’achat, pas de livraison. Notre monde fait tout. C’est très demandant », a plaidé Isabelle Beaulieu.

Et les négociations? « Ça n’avance pas. Nous avions prévu seulement trois jours de grève cette semaine, mais il se peut que nous en déclenchions d’autres dans les prochaines semaines », a prédit la présidente du syndicat.

Du 21 au 23 novembre, 60 employés de soutien, 20 professionnels et 150 enseignants étaient en grève.

Le Front commun envahit le carré Royal

Plusieurs enseignants et professionnels du système de l’éducation ont envahi le carré Royal, le 21 novembre. « On souhaite que les trois jours de grève fassent bouger le gouvernement parce que malgré ses beaux discours, on sait qu’il ne se passe pas beaucoup de choses à la table de négociation. On aimerait que ça avance. Ici, à Sorel-Tracy, nos membres ont voté à 97 % pour une grève générale illimitée. Ce n’est pas notre souhait d’aller là, mais s’il le faut, on le fera », a lancé la présidente du Syndicat de l’enseignement du Bas-Richelieu, Lisette Trépanier.

« On se serait attendu à une meilleure offre salariale! On a des professionnels qualifiés, dévoués et compétents dans les écoles. On n’a même pas un salaire en fonction de l’inflation et du coût de la vie. L’offre de 10,3 %, on veut qu’elle soit augmentée », a divulgué Caroline Lambin-Himbeault, déléguée du Syndicat des professionnels de l’éducation Richelieu-Yamaska.

Le mercredi 22 novembre, les employés membres du Front commun se sont réunis à l’intersection des boulevards Fiset et Poliquin en avant-midi. Le jeudi 23 novembre, ils étaient présents devant le Centre de services scolaire de Sorel-Tracy et ils se sont déplacés vers l’hôpital où un rassemblement monstre s’est tenu. Une chaîne humaine a même été faite autour de l’hôpital avec les syndiquées de la FIQ.

Débrayage de la FIQ

Les 23 et 24 novembre, c’était au tour des syndiqués de la FIQ de brandir les pancartes pour manifester leur mécontentement devant l’hôpital Hôtel-Dieu de Sorel-Tracy.

Pas moins de 600 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes ont défilé. « Il faut négocier, mais là, on se retrouve devant un comité patronal qui n’a même pas le mandat de le faire, a déploré Brigitte Petrie, présidente de la FIQ de la Montérégie-Est. On parle, on parle, mais rien n’avance. Que le gouvernement arrête de dire aux médias qu’ils attendent une offre de notre part. Qu’ils commencent d’abord à se rapprocher de nos demandes », a lancé Mme Petrie.

Mis à part le rattrapage salarial, indexé au taux d’inflation, la FIQ demande de revenir au temps supplémentaire à taux double, pratique qui a été efficace pendant la pandémie. « On tient le système de santé à bout de bras. Si tout notre monde arrêtait de faire du temps supplémentaire demain, les hôpitaux fermeraient », a assuré Brigitte Petrie.

Il y a aussi les disparités entre les infirmières œuvrant ailleurs que dans les hôpitaux comme les CLSC et les cliniques. « Les infirmières auxiliaires doivent faire leurs 40 heures avant d’avoir droit au temps supplémentaire. On essaie de corriger des lacunes et être plus attractifs pour la relève », a plaidé la présidente.

Ni le Front commun ni la FIQ ont annoncé d’autres journées de grève avant d’aller sous presse le lundi 27 novembre.

Avec la collaboration de Stéphane Fortier.

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