29 novembre 2023 - 02:10
L’Ardoise, bien plus que de l’alphabétisation pour les participants
Par: Stéphane Fortier

Jocelyn Duchesne, Claude Cournoyer, Judith Morisson, Maryse Archambault en compagnie de la directrice générale de L’Ardoise, Martine Simard. Photo Stéphane Fortier | Les 2 Rives ©

L’organisme L’Ardoise est reconnu depuis longtemps comme étant un groupe populaire en alphabétisation, mais lorsque l’on s’arrête pour jaser avec quelques participants, on réalise tout le bagage que leur passage au sein de l’organisme peut leur avoir rapporté.

Quatre d’entre eux ont été rencontrés et tous présentent une réalité différente. La justification de leur présence à L’Ardoise variait.
Il faut d’abord préciser qu’il est faux de dire que chaque participant arrivant à L’Ardoise sest complètement analphabète. Beaucoup ont une connaissance de base, tant dans l’écriture que dans la lecture, mais éprouvaient, auparavant, beaucoup de difficultés dans la pratique, ce qui les empêchait de fonctionner aussi bien dans la société que ce qu’ils auraient souhaité.
« J’en suis à ma deuxième année à L’Ardoise et, quand j’ai commencé, la lecture pour moi était ardue. Je lisais, mais je finissais par inventer des mots quand j’étais incapable de les lire. Aujourd’hui, j’essaie de moins inventer et j’ai fait beaucoup de progrès depuis que je viens ici. Avant, j’étais capable d’écrire mon nom et c’est à peu près tout », nous dit Jocelyn Duchesne, qui a peu l’occasion de lire à la maison avec un enfant autiste. Mais Jocelyn aime beaucoup venir à L’Ardoise parce que non seulement il apprend à mieux lire et écrire, mais il y rencontre des gens. « Et je m’intéresse maintenant plus à ce qui se passe dans mon milieu », dit-il.
Claude Cournoyer, de son côté, avoue que de venir à L’Ardoise a demandé un gros cheminement. « Je travaillais en boulangerie et j’ai fait un burn out. À partir de ce moment, j’ai commencé à me renfermer. Ma sœur avait été à L’Ardoise et m’en a parlé. Elle m’a dit que cela me ferait du bien de voir du monde », de dire celui qui n’a pas dépassé la cinquième année à l’école.
« Avant L’Ardoise, je ne lisais plus. Je me suis remis à la lecture en venant ici. Non seulement ça, mais cela m’a permis de mieux m’exprimer et de m’exprimer tout court, élargir mon vocabulaire, ma pensée critique », confesse Claude Cournoyer qui, comme travailleur, se sentait gêné d’aller dans une classe d’alphabétisation.
« Je participais à un projet au Centre Desranleau et je me demandais à quel endroit je pouvais apprendre à lire et écrire, nous dit Maryse Archambault qui vient à L’Ardoise depuis 10 ans et qui est devenue beaucoup plus autonome. De ce côté, c’était pas si mal, mais à l’école, j’ai toujours éprouvé de la difficulté avec le calcul, les mathématiques. Je veux continuer à améliorer mon français ici et mes maths. Ça m’aide à faire mon budget. On n’est jamais assez avancé, nous dit Maryse Archambault qui vient à L’Ardoise depuis 10 ans et qui est devenue beaucoup plus autonome. À L’Ardoise, on va t’aider à mieux comprendre les formulaires du gouvernement et comment bien les remplir. »
Judith Morisson, elle, fréquente L’Ardoise depuis une douzaine d’années. « Je voulais sortir de chez moi. J’écrivais au son avant de venir ici et j’avais de la difficulté à lire. J’ai décroché de l’école très jeune, avant même d’atteindre le secondaire trois. Mais pour mieux me débrouiller dans la vie, je voulais mieux lire et écrire le français », raconte Judith.
Son cheminement à L’Ardoise l’a amenée à s’impliquer sur divers comités, notamment avec le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation (RGPAQ). Elle a aussi reçu une bourse de la Fondation Léa-Roback qui a pour objectif de promouvoir l’éducation comme moyen d’épanouissement et d’émancipation pour tous et de soutenir financièrement les femmes qui désirent poursuivre un projet d’études. Aujourd’hui, elle est fière de pouvoir dire qu’elle peut écrire des textes de trois pages.
Rappelons que L’Ardoise se veut un moyen de transformation sociale. et on y réussit par le biais d’activités et de projets basés sur la réalité et les besoins des personnes peu alphabétisées. À L’Ardoise, les ateliers se donnent en groupe, mais il est possible d’obtenir de l’aide individuelle. Pour en savoir plus, on se rend au https://lardoisegpa.org.

 

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