Ce prix avait été institué au Cégep peu après le décès de Gabrielle Major, une étudiante de 19 ans qui brillait par son grand talent en écriture. Gabrielle a dû lutter contre une forme du cancer du cerveau et son départ avait attristé le petit monde du Cégep de Sorel-Tracy en 2020.
Ce concours, ne s’adressant, pour l’instant, qu’aux étudiants du cégep local, consiste à solliciter ces derniers afin qu’ils soumettent un court texte de n’importe quel genre (conte, nouvelle, poésie, critique, etc.) à partir d’un thème. Cette année, ce thème tournait autour de l’identité. Les textes sont ensuite jugés au cours de la session d’automne. L’étudiant choisi se voit remettre une bourse de 400 $ de la Fondation du Cégep de Sorel-Tracy.
Lors de la remise du prix, le 5 décembre, Talissa Gagnon, fort intimidée par cette marque d’appréciation, a remercié les organisateurs du concours. « Vous m’avez aidée à libérer ce que j’avais sur le cœur », a-t-elle exprimé.
Rencontrée après cette cérémonie, Talissa a expliqué comment elle en est venue à développer cette passion pour l’écriture. « J’écris depuis la fin de mes études primaires. J’ai vécu des moments difficiles à cette époque, je cherchais à me découvrir moi-même. J’ai découvert que j’avais une âme multidimensionnelle et je découvrais également une nouvelle facette de moi chaque jour », relate celle qui, elle ne s’en cache pas, aimerait embrasser une carrière d’écrivaine.
Ce qui lui a valu le prix, parmi les 25 candidatures qui ont été reçues par le jury, est une courte histoire intitulée La fille dans la glace. « C’est une petite histoire sur moi et ma famille. Je trouvais injuste le traitement que réservaient les médias aux Chinois pendant la pandémie. De plus, les personnes d’origine chinoise, une fois arrivées ici, doivent s’adapter et ce n’est pas facile. C’est un changement de milieu. Il faut réapprendre à se connaître », explique Talissa qui est chinoise par sa mère.
Un bel héritage de Gabrielle
C’est la maman de Gabrielle Major, Carole Tellier, qui a remis le prix à Talissa et elle a pris le temps de se souvenir de sa petite prodige. « Gabrielle écrivait avant même qu’elle sache réellement écrire », se souvient sa mère Carole Tellier qui fait allusion aux gribouillis que sa fille produisait déjà toute petite.
« Elle touchait à tout, tant le roman que la poésie. Elle aimait raconter des histoires et était très active auprès du journal étudiant », poursuit Mme Tellier.
Et rêvait-elle de devenir écrivaine ou journaliste? « Elle aurait aimé être enseignante de français », révèle sa maman, qui n’aurait jamais cru qu’un jour, il y aurait un prix au nom de sa fille, cette dernière étant si discrète.
Et pour en rajouter au chapitre des bonnes nouvelles, Jacques Gauthier, conseiller à la vie étudiante au Cégep, a annoncé que le prix Gabrielle-Major, qui a fait de modestes débuts il y a deux ans, rayonnera dans quatre à cinq cégeps dès l’année prochaine et, pourquoi pas éventuellement, dans l’ensemble du réseau collégial. En entendant cette nouvelle, la maman de Gabrielle, émue, a littéralement fondu en larmes.
Le texte La fille dans la glace de Talissa Gagnon sera publié dans le journal Les 2 Rives du mardi 19 décembre, dans la section Info Jeunesse.