Marjorie Guilbault enseigne dans des écoles primaires de la région depuis 21 ans. Comme ses collègues membres du Front commun, elle est présentement plongée dans un conflit de travail avec le gouvernement du Québec.

Alors que certains enseignants vivent des moments financiers plus difficiles que d’autres, notamment ceux syndiqués avec la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) qui sont en grève générale illimitée depuis le 23 novembre, Mme Guilbault ne voulait pas demeurer les bras croisés. « Je voyais se multiplier les publications d’enseignants qui se demandaient comment ils arriveraient financièrement. Des gens proposaient de créer des pages GoFundMe, mais on ne savait pas comment l’argent se rendrait aux bonnes personnes. Avec mon amie de la FAE [Geneviève Groleau], on a décidé de partir le groupe Facebook », explique l’enseignante.

Trois semaines après sa création, les initiatrices ont aidé plus de 800 familles d’enseignants. « On publie sur la page Facebook les demandes anonymes des gens qui nous écrivent. Lorsque des personnes voulant aider commentent, on les met en contact », explique la Soreloise.

Depuis le lancement de leur initiative – qui est applaudie par plusieurs personnes – les deux enseignantes ont multiplié les entrevues dans différents médias québécois. Le mot se passe, si bien qu’elles ont dû recruter des personnes pour les aider à gérer le groupe Facebook.

« Nous sommes environ 12 000 membres dans le groupe et à plus de 1000 demandes d’aide, révèle Marjorie Guilbault avec stupéfaction. Le premier 24 heures, on était déjà 2000. On ne pensait pas rejoindre autant de gens. Ç’a explosé! »

Histoire touchante

Alors que les demandes se multiplient rapidement sur la page Facebook, Marjorie Guilbault a été touchée par une histoire en particulier, celle d’enseignants immigrants arrivés au Québec en octobre depuis le Cameroun.

« Quelques jours après leur arrivée, la grève est survenue. Ils sont sans le sou, c’est vraiment triste. À un certain point, ils n’avaient plus aucun aliment chez eux. Par chance, une famille les a pris en charge et leur offre une épicerie par semaine », raconte-t-elle.

La Soreloise spécifie que l’aide peut prendre différentes formes, tant monétaire que sous forme de nourriture, d’essence ou de vêtements.

« Aussi, à l’approche du temps des Fêtes, l’achat de cadeaux de Noël représente une source de stress importante pour plusieurs enseignants », ajoute Mme Guilbault.

Élus, entreprises et syndicat en renfort

Lors du lancement du groupe Facebook, c’était essentiellement des enseignants qui aidaient. Récemment, alors que le groupe gagne en popularité, c’est la population en général qui apporte son aide. « Il y a tellement de gens qui nous aident, ça n’a aucun sens », lance avec émotion Marjorie Guilbault.

Par exemple, le Syndicat des Métallos a donné 100 cartes-cadeaux de 100 $, qui seront divisées équitablement entre la FAE et le Front commun.

D’autres gens ont payé la location de salles pour permettre aux organisatrices de distribuer des paniers de Noël, des denrées, des jouets et même des cartes-cadeaux. « On a reçu tout près de 40 000 $ juste en cartes-cadeaux qu’on a distribuées », divulgue la Soreloise.

Finalement, Marjorie Guilbault et Geneviève Groleau se sont rendues à l’Assemblée nationale, à Québec, pour rencontre certains élus, dont la députée libérale Marwah Rizqy et le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois. Ce dernier a d’ailleurs remis 5000 $ en aide alimentaire sous forme de cartes-cadeaux aux deux initiatrices. Rappelons qu’il redonne l’entièreté de sa hausse de salaire de 30 % à des projets de lutte contre l’insécurité alimentaire.

« On n’a pas rencontré la CAQ, ni le Parti Québécois. Mais je sais que le PQ était intéressé de nous rencontrer et je sais qu’ils sont avec nous », détaille Marjorie Guilbault, admettant avoir senti du désintéressement du côté de la CAQ.

La Soreloise, avec l’aide de son équipe, poursuivra le travail entamé avec son groupe Facebook aussi longtemps qu’il le faudra.