23 janvier 2024 - 08:11
De l’aide psychologique offerte au personnel et aux élèves
Annie Larochelle 1974-2024 : décès d’une enseignante aimée de tous
Par: Jean-Philippe Morin

Annie Larochelle était une enseignante appréciée de tous. Photo gracieuseté

Annie Larochelle avait participé au Relais pour la vie et s’était fait raser les cheveux pour la cause en 2011. Photo gracieuseté

Annie Larochelle avait participé au Relais pour la vie et s’était fait raser les cheveux pour la cause en 2011. Photo gracieuseté

De nombreux messages d’amour ont été écrits par des élèves sur sa porte de classe. Photo gracieuseté

L’école secondaire Fernand-Lefebvre (ESFL) a perdu une professeure aimée de tous, le dimanche 14 janvier dernier. Annie Larochelle, qui y enseignait depuis une vingtaine d’années, s’est éteinte à l’âge de 49 ans.

La surprise a été totale le lendemain matin à l’école puisqu’elle était en pleine forme quelques jours auparavant. Celle qui enseignait le Monde contemporain à l’ESFL aurait contracté la bactérie mangeuse de chair à la suite d’un banal accident à la maison, puis son état s’est dégradé à vitesse grand V.

Après l’annonce de son décès sur les réseaux sociaux, plusieurs personnes l’ayant côtoyée ont tenu à lui rendre hommage, dont le conseiller à la vie étudiante, Yannick Laferté. « Certains élèves, une fois qu’ils ont quitté, reviennent faire leur tour de temps en temps… Lorsqu’ils viennent me voir, ils me demandent toujours si certains enseignants, un ou deux à la fois, sont là, car ils tiennent mordicus à aller les saluer… Annie était systématiquement demandée à chaque fois… Tu auras laissé ta marque dans bien des petits cœurs… », a-t-il écrit.

La porte de sa classe était d’ailleurs remplie de messages d’amour envers cette professeure partie trop tôt.

Selon l’enseignant et responsable de dossiers au Syndicat de l’enseignement du Bas-Richelieu (SEBR), Claude Dansereau, l’ambiance était lourde le lundi 15 janvier à l’école. « Tout le personnel et les élèves ont été chamboulés par la nouvelle… tout le monde était sidéré. […] Le Centre de services scolaire a agi rapidement pour aider les élèves et le personnel. Les collègues gardent le fort et on se supporte. C’est ce qu’elle aurait fait. Ça aurait été le message d’Annie », a-t-il témoigné.

La directrice des Services du secrétariat général et des communications du Centre de services scolaire (CSS) de Sorel-Tracy, Laurence Cournoyer, souligne que Mme Larochelle était une enseignante « très appréciée de ses collègues et des élèves ». « On le voit par l’élan de commentaires sur Facebook, mais aussi en vrai lundi matin et toute la semaine », témoigne-t-elle.

Mme Cournoyer note que même si l’ambiance était difficile la semaine dernière, on a senti un soutien mutuel entre tous à l’école Fernand-Lefebvre. « Les gens étaient tristes, mais avaient besoin de soutien l’un envers l’autre et on l’a vraiment vu. On sentait que tout le monde était ensemble dans cette épreuve », ajoute-t-elle.

De l’aide apportée aux élèves et au personnel

Un comité postvention a été mis en place par le CSS de Sorel-Tracy dès le lundi matin afin de supporter le personnel et les élèves fortement ébranlés par le drame. Ce comité est mis en place systématiquement après une tragédie.

« On s’est assurés qu’à l’arrivée des élèves, des ressources étaient présentes pour eux en cas de besoin. Dès lundi matin, il y avait des services de psychologues, de psychoéducateurs et de l’organisme La Traversée. Des gestionnaires et membres du personnel étaient également présents et à l’affût des besoins des élèves », explique Laurence Cournoyer, au sujet de l’aide apportée aux élèves.

Du soutien a aussi été apporté au personnel, poursuit-elle. « Le programme d’aide aux employés était sur place avec un intervenant en gestion de crise, en plus d’un psychologue de l’externe. Des rencontres de groupes ont été effectuées entre gestionnaires, enseignants et psychologues de l’externe. Une ligne directe de crise a été rendue disponible. Finalement, les gestionnaires ont ciblé des membres du personnel qui auraient pu être plus vulnérables face à cette situation afin que les organismes externes fassent un suivi individuel avec eux », énumère Mme Cournoyer.

La famille accueillera parents et amis au salon S. Jacques & Fils (75, rue Élizabeth à Sorel-Tracy) le samedi 3 février, dès 10 h. Une liturgie de la parole aura au salon le même jour, à 15 h.

La bactérie mangeuse de chair : un streptocoque qui attaque sans prévenir

Le nombre d’infections à la bactérie mangeuse de chair a augmenté à vitesse grand V au Québec au cours des derniers mois. Alors que plusieurs points d’ombre persistent à son sujet, une chose est certaine : il ne faut pas perdre une seconde lorsque des signes précurseurs apparaissent.

Selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), le nombre d’infections invasives à streptocoque du groupe A (IISGA) a augmenté de 55 % au Québec par rapport à la moyenne prépandémique. Plus précisément, du 28 août 2022 au 11 février 2023, 347 cas d’IISGA ont été notés comparativement à une moyenne de 223 pour la même période entre 2015 et 2019.

Marie-Ève Lagacé, médecin à l’urgence de l’Hôtel-Dieu de Sorel depuis une dizaine d’années, corrobore les chiffres du ministère. « On en voit de plus en plus », mentionne-t-elle. Depuis le début de sa carrière, elle a vu environ cinq cas à l’urgence de l’Hôtel-Dieu.

Le plus troublant derrière tous ces chiffres : les raisons de cette augmentation ne sont pas connues. « Le streptocoque du groupe A, c’est une bactérie qu’on retrouve fréquemment. C’est notamment elle qui cause les amygdalites. […] On ne sait pas pourquoi, mais de temps en temps, elle devient super invasive et produit des toxines », détaille la médecin, précisant que la bactérie entraine la mort de 30 % à 60 % des cas.

Bien souvent, la bactérie se loge dans une plaie. Puis, lorsqu’elle devient agressive, elle attaque la plaie en profondeur, pour ensuite s’en prendre aux muscles et pénètre dans le sang. « À ce moment, ça crée une infection super grave qui évolue rapidement », prévient la Dre Lagacé.

Néanmoins, selon le gouvernement du Canada, les streptocoques du groupe A sont des bactéries qui entrainent la plupart du temps des maladies bénignes.

Marie-Ève Lagacé invite donc les gens à demeurer attentifs face aux symptômes. Une rougeur accompagnée de fièvre qui progresse rapidement et qui génère en une douleur disproportionnée ne doit pas être prise à la légère.

Les bonnes pratiques d’hygiène demeurent le seul moyen de limiter la transmission de ces infections. Mme Lagacé invite les gens à nettoyer rapidement leur plaie avec de l’eau pendant de longues minutes. Elle déconseille l’alcool à friction et le peroxyde qui tuent les bonnes cellules et ralentissent la guérison.

Avec la collaboration d’Alexandre Brouillard

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