Un réflexe tout à fait légitime est d’évoquer le passé. Le passé, on peut le magnifier à sa guise. Nostalgie et temps des fêtes, un cocktail classique. Oui, ça peut nous émouvoir en rappelant à notre mémoire des parents disparus et des absences difficiles à oublier.
Si la douleur est encore trop présente, je comprends qu’il vaut peut-être mieux parler de la température, un sujet inépuisable avec nos quatre saisons non genrées.
Côté température, en hiver, dans le temps, on pouvait jouer au hockey sur des patinoires extérieures dont la glace ne fondait pas tous les deux jours.
D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi on met encore autant d’énergie et d’argent à mettre en place toutes ces patinoires extérieures. Si l’on souhaite adapter notre gestion au changement climatique, la tendance est à la glace artificielle en plein air recouverte d’un dôme en bois, une patinoire réfrigérée couverte comme à Candiac. Fin de la parenthèse éditoriale.
Revenons dans le présent du passé simple, qui n’était pas si simple. Je vous laisse le soin d’expliquer aux plus jeunes comment la vie était dure dans le bon vieux temps. Un seul téléphone à cadran, deux chaînes de télé en noir et blanc, une laveuse à tordeur, pas de lave-vaisselle, pas de bien-être social, pas de garderie, tout le monde fumait, conduisait son auto sans ceinture de sécurité. Seule consolation, le Canadien gagnait la Coupe Stanley même si les joueurs gagnaient le salaire d’un ouvrier.
Crise climatique, crise du logement, crise dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la justice; crise des médias, mère à boutte, père en perte de repère; sans parler des guerres en direct à la télévision, atrocités suivies d’une pub de pick-up roulant en pleine nature. Avez-vous remarqué, on ne voit jamais de pub de chars pognés dans le trafic!
Les sujets déprimants ne manquent pas pour alimenter les conversations autour des rassemblements de fins d’année. Il y a de moins en moins d’occasions de se rassembler autour d’un repas, conséquence des horaires atypiques et autres plaies des temps modernes. Alors, pourquoi venir assombrir ces brefs instants de communion avec des sujets si lourds.
On ne réglera rien et on risque de partir des chicanes stériles. « Oui, mais c’est important de débattre » diront certains, « les Français, eux savent débattre. Ils sont capables de s’engueuler et de ne pas s’en tenir rigueur. »
Ouais, mais on n’est pas comme ça les Québécois. Notre devise est : « Je me souviens » alors on peut être rancunier pour une vacherie échappée lors d’une discussion animée autour d’un repas, arrosé ou pas.
Prenons une pause du temps présent. Si les sujets de conversation deviennent trop graves dans le temps des fêtes, partez donc une tite toune des Cowboys Fringants (ou de qui vous voulez) a cappella, chantez (pas la bouche pleine svp.) et vous aurez le cœur plus léger. Joyeuses fêtes, joyeux solstice, joyeux Noël, joyeux bordel!