Malgré la précipitation de neige qui sévissait à l’extérieur – une température aux antipodes du climat tropical de leur Cameroun natal – Jeanne Brenda Heles et Reine Balbine Dzitouo ont rencontré notre journaliste dans un café de Sorel-Tracy avec le sourire accroché aux lèvres.
Heureuses du chemin parcouru, elles se sont créé un nouveau domicile à plus de 9000 kilomètres de leur ville natale. « Je me suis bien adaptée à ma nouvelle réalité et ça va bien au travail », a lancé Reine. Des propos que son amie s’est empressée de corroborer.
Les deux femmes font partie des 16 participants qui ont décidé de travailler comme préposés aux bénéficiaires durant leurs études. Selon la conseillère aux relations médias du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME), Caroline Doucet, cette décision a été bénéfique pour elles. « Cet emploi leur aura permis de mieux connaitre leur futur environnement, de consolider certains apprentissages, d’acquérir rapidement le langage technique employé sur le terrain et également créer des relations avec les membres des équipes », soutient Mme Doucet.
« Ils recevront prochainement leur attestation de réussite du programme qui sera émise par le Cégep. L’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ) émettra une immatriculation qui leur permettra de travailler comme CEPI (candidat à l’exercice de la profession infirmière) au sein de notre organisation », ajoute Caroline Doucet, précisant que personne de la cohorte soreloise n’a abandonné le programme.
Redoubler d’efforts
Dans la dernière année, Reine et Jeanne ont dû redoubler d’efforts à l’école et au travail. « J’ai dû travailler l’aspect social au travail. C’est un challenge de s’adapter à une nouvelle culture, qui est bien différente de la nôtre. La langue peut aussi parfois poser problème et créer des ambiguïtés, bien qu’on parle français également », expose Reine Balbine Dzitouo.
Alors qu’elles recevront prochainement leur attestation de réussite du programme, les deux aspirantes infirmières se préparent maintenant à passer l’examen de l’OIIQ. La réussite de cet examen leur confèrera un permis plein droit d’exercice comme infirmier au Québec.
Bien qu’elles se disent prêtes et fébriles à l’aube de passer leur examen, les deux femmes soulignent l’énorme différence entre le métier d’infirmier au Québec et au Cameroun. « Ce sont deux mondes complètement différents, indique Reine. Mais avec la persévérance, on a réussi. »
« On apprécie le métier d’infirmier au Québec, ajoute Jeanne. Il y a plus de paperasse qu’au Cameroun, mais l’organisation est bien au Québec. Chaque corps de métier connait ses tâches. »
Adopter le fleurdelisé
Malgré la solitude qui les habite parfois, les deux femmes sont déterminées à s’établir de façon permanente à Sorel-Tracy. Elles espèrent se créer un réseau de contacts pour développer leur vie sociale.
« J’ai parfois l’impression que les gens sont beaucoup ancrés dans leur routine ici. On vit un peu de solitude, mais on se tient entre infirmiers étrangers », confie Jeanne Brenda Heles.
« Je me vois ici très longtemps, assure Reine Balbine Dzitouo. La liberté est incroyable ici. Il nous manque seulement la chaleur de notre pays et l’aspect social. »
Alors que leur intégration se poursuit, elles ont tenu à souligner l’aide « indispensable » de leurs enseignants, des professionnels de l’Orienthèque et de certains collègues, notamment Amélie Gravel et Laurence Éthier. « Ce sont deux femmes qui nous ont grandement aidées », conclut Reine avec reconnaissance.