21 février 2024 - 08:35
Le trappage, une nécessité pour les producteurs agricoles
Par: Stéphane Fortier

André Côté pose avec une de ses peaux de castor. Photo Stéphane Fortier | Les 2 Rives ©

Mario Bardier nous montre l’un des pièges utilisés pour la trappe. Photo Stéphane Fortier | Les 2 Rives ©

Personne n’est contre la pêche, la plupart des gens n’ont rien contre la chasse, mais le trappage, qui aboutit pourtant au même résultat, soit la mort d’un animal, est loin d’avoir la cote auprès de la population. Alors que pourtant, elle est nécessaire.

Quelques trappeurs dont André Côté, de Sorel-Tracy et Mario Bardier, de Sainte-Victoire-de-Sorel, sont des trappeurs accrédités par l’Association des trappeurs gestionnaires du Québec. Dans cette appellation, il y a le mot gestionnaire, c’est tout dire.

« Nous contribuons au contrôle des populations animales, des espèces trop nombreuses, qui peuvent être envahissantes et, par ricochet, nuisibles notamment envers les producteurs agricoles », mentionne André Côté qui est un enseignant de 76 ans retraité en biologie et écologie.

« Les agriculteurs qui voient certaines espèces à fourrure dévorer leur maïs, comme les ratons laveurs ou encore des castors qui vont boucher des tuyaux avec des bouts de branches, sont bien contents de nous voir arriver, poursuit-il. Il y a les écureuils gris aussi qui sont particulièrement présents dans les érablières. Ils adorent le sucre et rongent les tubulures. Les ratons laveurs font des ravages chez les producteurs de céréales (maïs et soya) et les castors peuvent boucher des tuyaux des producteurs avec des branches d’arbres quand ce n’est pas des barrages sur les cours d’eau », note M. Côté.

Mais plus important encore : les nuisances que peuvent engendrer ces bestioles, ce sont les maladies qu’ils peuvent propager. « Quand il y a une surpopulation, la maladie peut s’installer chez les animaux. La tularémie, par exemple, qui touche les mammifères, particulièrement les lièvres et les rongeurs. Elle peut causer beaucoup de souffrance chez ces animaux, mais peut aussi être transmise à l’humain et causer des problèmes cutanés, digestifs ou respiratoires. Les chiens qui touchent à ces animaux peuvent ramener cette bactérie à la maison », explique André Côté.

Éliminer la souffrance

Des collets et des cages sont notamment utilisés pour trapper, mais une chose a changé depuis quelques années. « L’animal souffre beaucoup moins avec les pièges d’aujourd’hui, la mort est plus rapide. Les ressorts sont plus puissants et entraînent une mort presque instantanée si le piège est bien tendu », explique Mario Bardier.

Ce dernier est aussi âgé de 76 ans et a été initié au trappage alors qu’il était enfant. Il a attrapé des animaux à fourrure de toute sorte depuis qu’il a débuté, mais il a particulièrement été appelé à trapper des castors au cours des dernières années.

« Les producteurs agricoles, pour solutionner leurs problèmes avec les castors, doivent passer par leur municipalité et c’est un inspecteur municipal qui me donne un mandat. C’est aussi la municipalité qui défraye les coûts de la trappe pour les producteurs agricoles », explique M. Bardier, qui est en lien avec une dizaine de municipalités. Ce dernier ne se contente pas d’attraper les castors, mais il s’occupe aussi de défaire les barrages nuisibles que les castors auront érigés.

Mario Bardier constate que les trappeurs se font de plus en plus rares par les temps qui courent. « Le prix des fourrures est moins attrayant, de nos jours. C’est beaucoup moins intéressant de faire de la trappe. C’est sûr que lorsque j’en fais, cela me rapporte de l’argent », nous dit celui qui n’a jamais pris plaisir à tuer des animaux. Heureusement qu’il y a la satisfaction d’avoir rendu service à un producteur agricole ou un particulier…

Comme André Côté, Mario Bardier est conscient que le trappage est mal considéré par le public, mais comme André Côté, également, il croit que le trappage est plus que nécessaire. « Il y a des gens qui s’opposent au trappage jusqu’à ce qu’ils se retrouvent eux-mêmes aux prises avec des animaux nuisibles. Là, ils sont contents de nous voir arriver », fait remarquer le trappeur qui a attrapé une quarantaine de castors cette année et qui demande 60 $ par bête attrapée.

Il est déjà arrivé à Mario Bardier d’attraper 700 à 800 bêtes à fourrure par année. Des ratons laveurs, des marmottes, des moufettes et même des renards et des coyotes, mais jamais, il ne l’a fait par plaisir, mais plutôt par souci de rendre service et pour contribuer au contrôle de la population animale.

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