6 mars 2024 - 09:53
Maryève Dufault, un exemple de persévérance et de courage pour les femmes
Par: Stéphane Fortier

Maryève Dufault a connu une belle carrière de pilote de course et… ce n’est pas fini. Photo gracieuseté

Peu importe si une jeune femme désire faire de la course automobile ou non, la Soreloise Maryève Dufault demeurera toujours un exemple de détermination et de courage. Un exemple qui démontre que si une femme a la volonté de réussir dans un métier traditionnellement occupé par les hommes, elle peut parvenir à atteindre des sommets.

Maryève Dufault vit aujourd’hui en Caroline du Nord aux États-Unis avec sa petite famille. Encore fort jeune, elle a déjà une feuille de route impressionnante. « J’ai grandi à Sorel dans un atmosphère de compétition. Depuis que je suis toute jeune, j’ai couru sur tout ce qui a des roues, que ce soit du motocross, dès l’âge de 4 ou 5 ans, de la motoneige, des motos et des karts. Mon père et mon frère ont couru avec Gilles Villeneuve », raconte-t-elle.
Maryève aurait très bien pu faire carrière en modeling, mais son rêve était de courir sur les circuits automobiles. Elle s’est donc servie de ses talents de mannequin pour trouver les fonds nécessaires afin de réaliser son rêve. Elle a même été l’une des beautés de l’émission The Price is Right avec Bob Barker à la télévision américaine. Elle a aussi participé à GT Academy Playstation aux côtés des pilotes Danny Sullivan et Boris Said et en 2008, c’est elle qui assurait la doublure de Mircea Monroe en Pro Mazda, pour le film Fast Girl, de Daniel Zirilli.
« J’ai gagné le Hawaiian Tropic comme modèle et une bourse de 125 000 $ pendant que j’étais encore amateur en karting. Le modeling ne m’attirait pas vraiment, mais cela m’a aidée à aller chercher les fonds nécessaires pour faire de la course automobile. Grâce au mannequinat, je me procurais ce dont j’avais besoin pour faire de la course. C’est là que mon cœur était et a toujours été », mentionne Maryève.
« Beaucoup de jeunes qui ont décidé de faire de la course automobile ont eu l’aide financière de leurs parents. Moi, je ne voulais pas. Je désirais me débrouiller par moi-même et aller chercher des fonds pour défrayer les coûts de ma passion pour la course automobile en ayant une autre occupation », insiste-t-elle, précisant que ses parents et sa famille l’ont toujours appuyée dans ses ambitions.
Non seulement a-t-elle impressionné le monde de la course automobile par ses performances, mais aussi parce qu’elle touchait à tout, même la mécanique de ses voitures. « C’est sûr que j’ai été victime de préjugés. Les gars ne voulaient pas se faire battre par une fille et une mannequin, en plus. On m’a poussée souvent en dehors de la piste. Il fallait que j’aie la peau épaisse. J’ai vécu beaucoup de rejet de la part des pilotes. C’est un milieu très macho. Mais j’étais bien entourée avec des mentors comme Jerry Henderson qui a coaché le pilote de NASCAR, le grand Kevin Harwick. Il m’a beaucoup aidée, a cru en moi et m’a aidée à gagner des courses où souvent, j’étais considérée comme underdog. Et j’ai dû faire ma place pour me faire respecter. J’ai la tête dure », affirme-t-elle.
A-t-elle été tentée un jour de tout abandonner? « Pas à cause des pilotes. À cause de l’argent, peut-être, mais je trouvais toujours une solution », de répondre Maryève.

Palmarès impressionnant

C’est d’abord en karting que Maryève fait ses classes et ensuite en monoplace, notamment en Formule BMW, en Formule Renault et en Star Mazda avant de passer en stock-car, d’abord en circuit routier dans la série NASCAR canadienne en 2010. Elle a fait ses débuts dans la série ARCA en 2011, a participé à 14 courses, signant cinq top 15 et un top 10 en plus de participer au NAPA 200 à Montréal en série Nationwide. En février 2014, Maryeve épaté la communauté du sport automobile à l’ARCA Lucas Oil 200 à Daytona, en Floride, lorsqu’elle a pris la tête de la course contre la superstar du NASCAR, Chase Elliott, après une relance dans le feu de l’action.
Récemment, sur sa page Facebook, l’ancien pilote Bertrand Godin écrivait : « Maryève est devenue l’une des très rares pilotes québécoises de l’histoire ayant réussi à se dénicher un volant de cette qualité en stock-car aux États-Unis. Ce que j’admire énormément chez Maryève, c’est sa détermination à mettre en avant le sport et à promouvoir le talent des femmes de chez nous. Grâce à toi Maryève, de nombreuses jeunes femmes ont été inspirées par ton talent et ont, elles aussi, eu la volonté de poursuivre leurs rêves sur scène. Merci Maryève d’avoir pavé la voie pour les générations à venir. »
C’est d’ailleurs le message que Maryève veut d’ailleurs laisser aux jeunes femmes qui rêvent d’embrasser une carrière dans la course automobile. « Il faut être persévérant en course automobile et ne pas avoir peur de s’entraîner physiquement, car cela est très demandant et prend de la force dans les bras. Et il faut aussi bien s’entourer. J’ai vécu beaucoup d’obstacles. N’oubliez jamais que les voitures, elles, ne savent pas que c’est une femme qui est derrière le volant », fait remarquer Maryève.
Aujourd’hui, Maryève Dufault demeure toujours impliquée dans la course automobile. « Récemment, j’ai été à deux doigts de faire le Daytona, mais la commandite s’est trop faite attendre. Mais je n’ai pas renoncé à le faire, de même que Chicago », espère celle qui réside dans un état qui est un véritable fief pour le milieu de la course automobile.
« L’âge a peu d’importance. L’expérience est même un atout. Et il y a beaucoup de stratégie en course automobile, une stratégie que l’expérience permet de développer », dit-elle.
Maryève, en plus de poursuivre ses objectifs en course automobile, travaille pour protéger les enfants, un peu comme la DPJ le fait au Québec. « Je travaille à la Cour. Je représente les enfants victimes d’abus et de violence », révèle Maryève qui est en train d’écrire sa biographie.
« Je veux raconter mon histoire qui est particulière », de conclure la coureuse automobile.

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